mardi, août 21, 2007

Les idées justes, la morale et la politique

Puisque la rentrée approche, je me permets ce message très général pour fournir un cadre intellectuel pour les mois qui viennent.

La France souffre de beaucoup de choses, mais je pense que le manque d'idées justes et de morale des politiciens est une cause majeure de souffrance.

Je m'explique :

> les idées justes : chacun, moi le premier, est convaincu que ses idées sont justes. Néanmoins, les idées viennent tôt ou tard à être mises à l'épreuve de la réalité. A ce moment-là, soit elles se révèlent justes et on s'en félicite, soit elles se révèlent fausses.

Dans ce dernier cas, soit on change d'idées, soit on nie la réalité. Suivant les modalités de ce déni, on appelle cela de l'idéologie ou de la bêtise, mais, au fond, c'est la même chose.

Or, ce qui est frappant dans la politique française des deux dernières décennies, c'est la persistance d'idées fausses malgré les démentis de la réalité ; que ça soit sur le rôle de l'Etat, la fiscalité ou les prestations sociales, conceptions cruellement invalidées par un chomâge élevé, une croissance faible et des systèmes sociaux en péril, ou encore, sur la politique étrangère, errements qui se traduisent par une perte d'influence continue, ou encore s'agissant de l'éducation, l'incapacité de beaucoup de jeunes à tenir un raisonnement structuré et à l'exprimer de manière intelligible en témoigne.

Il existe de meilleures conceptions, la réussite de pays comparables en fait foi.

Alors pourquoi nos politiciens restent-ils accrochés à des idées nocives ?

Je pense qu'il y a là une méfiance de la réflexion, un fond d'anti-intellectualisme, associé un manque de pragmatisme. Plutôt que de débattre des idées puis de les décliner en action, on divise l'espace intellectuel en deux : d'un coté, ceux qui discutent sans fin du sexe des anges, à grands coups de pour ou contre le libéralisme ; de l'autre, ceux qui prennent des mesures techniques sans vision d'ensemble.

On reste alors par défaut dans le cadre intellectuel légué par les derniers dirigeants à avoir pensé, structure reposant sur l'étatisme et l'assistanat.

Pourquoi cette sclérose intellectuelle ? Les hommes, même très diplômés, ne sont que des hommes, et l'endogamie tue la pensée. Quand on pense tous la même chose, c'est qu'on ne pense pas beaucoup (ça n'est pas de moi).

La faute aux institutions ? Au conservatisme traditionnel de la société française ? Sans doute un peu de tout cela.

> la morale : si la politique n'emploie pas toujours, loin de la, des moyens moraux, les buts doivent cependant obéir à une certaine morale. Or, ce n'est pas que la morale de nos politiciens soit mauvaise, c'est qu'ils n'en ont pas.

J'entends morale politique, je ne me permettrais de juger de leur morale personnelle, même si le lien est possible.

Je prends un exemple net : la fiscalité. Le système français, qui consiste à frapper les contribuables de taux d'imposition grotesques à force d'être élevés puis à multiplier les niches fiscales, est structurellement immoral. On donne un avantage à ceux qui dépensent du temps, de l'énergie et de l'argent dans une activité stérile pour la société, à savoir, comment utiliser au mieux les ficelles de la fiscalité.

La morale démocratique voudrait que la fiscalité soit compréhensible par tous, de même que les lois, du moins, avec un minimum d'explications.

Les lois aussi souffrent du manque de conception morale de nos politiciens : n'ont-ils jamais entendu que la beauté et l'intelligence étaient atteintes non pas quand il n'y avait plus rien à ajouter mais quand il n'y avait plus rien à retrancher ? L'empilement continue de lois plus ou moins appliquées ridiculise la Loi.

Vous comprenez bien, de la manière dont je l'énonce, que la morale en politique n'est que l'étage supérieur de conceptions intellectuelles justes.

Bien sûr, on trouve les tares que je critique chez nos politiciens dans d'autres pays, mais je pense qu'elles sont particulièrement prononcées chez nous.

Ajout du 22/08 : parmi les idées justes qui manquent à nos politiciens, j'en ai oublié une, fondamentale : l'organisation de leur travail. Tous les témoignages qu'on peut lire montrent que, dans leur grande majorité, ils travaillent énormément mais comme courent des poulets sans tête. Ils travaillent à sauts et à gambades. La cause de cet état de fait est bien connu : le cumul des mandats.

Un des traits les plus frappants de Margaret Thatcher est à la fois une grande capacité de travail et une ténacité à toute épreuve. Cela lui permettait de maîtriser chaque dossier important au moins aussi bien que chacun de ses conseillers spécialisés.

Mais comment un politicien français qui cumule deux, voire trois mandats, sans compter les présidences de commissions Tartempion et de comités Théodule pourrait-il maîtriser ses dossiers ?

J'avais cité le cas exemplaire de JF Coppé quand il était ministre : premier adjoint de Meaux (maire réel), président de la communauté d'agglomérations, député, ministre, porte-parole du gouvernement.

Derrière cela, il ya certainement l'amour du pouvoir et des honneurs, mais en aucun cas celui du travail bien fait.

Enfin, il me faut ajouter un mot personnel. Mes critiques sont violentes. Comme la critique est aisée et l'art difficile, pourquoi ne fais-je pas de politique ? Parce que c'est salissant, je ne crois pas que ça soit un milieu honnête ; parce que je ne pense pas avoir le talent "serre-louches" qu'il y faut ; et enfin, parce que je suis convaincu qu'il se passe des choses bien plus intéressantes en dehors de l'Etat que dedans.

1 commentaire:

  1. "pourquoi ne fais-je pas de politique ? Parce que c'est salissant, je ne crois pas que ça soit un milieu honnête ; parce que je ne pense pas avoir le talent "serre-louches" qu'il y faut ; et enfin, parce que je suis convaincu qu'il se passe des choses bien plus intéressantes en dehors de l'Etat que dedans."

    Alors il nous reste à nous résigner, laissons les commandes à des gens malhonnetes, avide de pouvoir (et d'argent), demagogue et laissons leur la bride sur le cou ....

    Je ne retrouve pas là l'admiration que vous avez pour les grands hommes et leur courage a avoir raison contre le ventre mou de la nation ...

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