lundi, août 13, 2007
OGM : l'urgence
Je n'ai pas grand'chose à ajouter à cet éditorial du Figaro, vous connaissez ma détestation des délinquants destructeurs (et, par la même occasion, disséminateurs !) d'OGMs. C'est la même engeance que les réchauffistes.
On ne se plaindra pas de la domination des Américains (et des Brésiliens, et des Indiens) dans l'industrie des OGMs puisque c'est nous qui la leur offrons sur un plateau (je plaisante : on s'en plaindra. Nos gauchistes sont si subtils qu'ils favorisent une domination américaine pour mieux s'en plaindre après. «Les cons ! », comme aurait dit Daladier.). Notez qu'il y a eu des manifestations de paysans indiens pour obtenir des le droit de cultiver des OGMs, sûrement des valets des multinationales yankees.
OGM : l'urgence
Si le Grenelle de l'environnement, prévu à l'automne par Nicolas Sarkozy, doit avoir une utilité, c'est celle-ci : en finir avec la confusion qui entoure les cultures d'OGM. Entre pro et anti, la tension monte. On l'a constaté ce week-end, avec les deux manifestations antagonistes organisées dans l'Ariège.
La faute en revient aux pouvoirs publics qui, bien peu courageux, ont laissé se pourrir le débat comme laissé le champ libre à José Bové et ses acolytes. Or le sujet vaut mieux que cela. Il engage l'avenir de l'agriculture française, déjà visée par la future et profonde réforme de la PAC. Notre nouveau gouvernement doit vite parler d'une seule voix : le secrétaire d'État à l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, s'avoue très réticent, alors que le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, paraît plutôt favorable. On veut croire que ce ne sont pas que des positions opportunistes.
Certes, la France n'est pas seule embarrassée : si le Royaume-Uni s'est prononcé contre les OGM et l'Espagne pour, l'Allemagne est divisée.
Nul ne connaît les vraies raisons du suicide, il y a huit jours, d'un paysan du Lot. Il cultivait du maïs génétiquement modifié, en cachette. Mais cet acte désespéré aura peut-être changé la donne. Si le « gang des faucheurs », adepte de la désobéissance civile, continue le combat, c'est la première fois qu'une partie du monde agricole se fait clairement entendre pour que cesse le jeu stupide du chat et de la souris. Le gouvernement est donc au pied du mur. S'il n'agit pas, le face-à-face s'envenimera.
En défendant les biotechnologies, la FNSEA est accusée de servir les intérêts des riches agriculteurs et des laboratoires, notamment d'outre-Atlantique. C'est oublier que ce sont précisément les anti-OGM qui sont responsables de la domination américaine.
Leur entêtement et leur agressivité ont découragé nos industriels. Limagrain songe à délocaliser ses activités à l'étranger. Quant à la recherche publique, elle a baissé les bras. L'Inra a quasiment battu en retraite. Résultat : les États-Unis investissent aujourd'hui six fois plus que les Européens dans ce domaine. À n'en pas douter, ils seront bientôt imités par d'autres pays en pleine expansion, comme l'Inde.
Les anti-OGM ont également vicié le débat public. On ne le répète pas assez, aucune preuve n'existe sur la nocivité des organismes génétiquement modifiés. Pire, est occulté leur possible apport au développement durable. Dans la fabrication des engrais par exemple : ils pourraient remplacer des produits dérivés du pétrole, denrée de plus en plus cher et, un jour, de plus en plus rare.
L'époque est aux « passions démocratiques », comme disait Tocqueville. Il suffit que quelques-uns donnent le ton pour que l'opinion, depuis longtemps méfiante à l'endroit de ses représentants élus, les suive. Il est urgent que les politiques reprennent la main, ne se dérobent plus.
Sur les OGM comme sur d'autres sujets, ce serait un grand progrès.
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Tiens, un bon billet de Franck !
RépondreSupprimerEnfin, assez bon.
La partialité n'a pas disparu d'un coup.
Dans la genèse de la lourde atmosphère actuelle, pourquoi ne pas rappeler l'exigence exorbitante du gouvernement américain, d'interdire "au nom de la libre concurrence" à l'Union européenne l'inscription obligatoire sur les emballages alimentaires de la présence d'OGM dans les produits ?
N'y avait-il pas là de quoi favoriser toutes les peurs, les frilosités, les accusations contre le grand capital soucieux de ses seuls profits au détriment de l'espèce humaine et de la vie en général ?
"les accusations contre le grand capital soucieux de ses seuls profits au détriment de l'espèce humaine et de la vie en général ?" Vous avez oublié le couteau entre les dents.
RépondreSupprimerIl faudra que vous me donniez un jour votre définition de la partialité.
J'ai oublié un point pourtant fondamental dans le débat : c'est qu'il y a déjà des millions d'hectares d'OGMs cultivés depuis des années sur le continent américain et, par conséquent, des millions de tonnes consommées.
Les OGMs et leurs effets sont donc loin d'être des inconnus statistiques. Quand les anti-OGMs nous disent qu'il faut encore plus étudier (tout en détruisant les champs d'étude), encore plus réfléchir, c'est un écran de fumée.
Lisez Il faut désobéïr à José Bové de Sophie Lepault, par exemple.
La seule question qui n'est pas rétrograde à mes yeux est non pas "Faut-il commercialiser les OGMs ?", ma réponse est positive, mais "Faut-il commercialiser les OGMs dans des conditions identiques aux autres produits alimentaires ?".
Si la réponse est positive, l'opposition américaine à l'étiquetage spécifique est logique.
Si l'on décide qu'il faut des conditions spécifiques, l'étiquetage se discute.
Mais donnons au moins au consommateur la liberté d'acheter des OGMs.
***Vous avez oublié le couteau entre les dents.***
RépondreSupprimerje pensais bien que vous l'ajouteriez de vous-même à la liste des fantasmes favorisés par les soi-disant adversaires qui sont le fond de commerce de leurs prétendus antagonistes.
***"Faut-il commercialiser les OGMs dans des conditions identiques aux autres produits alimentaires ?".
Si la réponse est positive, l'opposition américaine à l'étiquetage spécifique est logique.
Si l'on décide qu'il faut des conditions spécifiques, l'étiquetage se discute.***
et le diktat avant discussion, c'est indiscutable ?
Les erreurs des réchauffistes me sautent aux yeux et me paraissent grossières parce qu'elles se produisent dans des domaines connexes à mes centres d'intérêt.
RépondreSupprimerM'intéressant peu à la biologie, je détecte moins d'erreurs manifestes chez les anti-OGMs, mis à part l'ignorance volontaire des millions d'ha d'OGMs déjà signalée.
Mais il est bien possible que des contre-vérités grossières fassent leur nid dans leurs discours : après tout, les anti-OGMs sont la plupart du temps des réchauffistes, c'est-à-dire des gens qui ont compris que des aberrations logiques peuvent être d'un excellent rendement politico-médiatique, pourvu q'elles touchent la corde très sensibles des peurs primitives.
Au fait, et si on me donnait des OGMs à manger ? Je ne refuserais pas, si ça bon goût.
D'ailleurs, selon toute probabilité, je porte du coton OGM et j'ai déjà mangé des OGMS sans le savoir.
Des OGM de Cannabis sativa indica et C. sativa ruderalis aux fortes teneurs en THC feraient changer d'avis bon nombre d'anti-OGM...
RépondreSupprimerBlague à part, ce qui me sidère dans le cas très particulier des OGM de céréales, c'est la capacité des Gentils à décider qu'il est préférable de débloquer des fonds pour rendre la mort des affamés plus douce, plutôt que d'en débloquer pour la recherche sur une technique qui peut faire diminuer la faim dans le monde.
En même temps, notre pays est tellement habitué à ce genre de raisonnement...
Tiens, on retrouve un peu ça dans vos billets sur Gaza ("La poudre qui parle !") : au lieu de pacifier la région en y installant des usines, puis des commerces, puis des maisons, puis etc., comme avaient commencé à le faire plusieurs groupes américains dont IBM et HP (l'alter-axe du mal), on préfère laisser les ONG gérer la faim de la rue et subventionner la pseudo-administration.
Mais ce serait trop de responsabilité et de courage.
Renseignements pris, mon analyse est cohérente : c'est bien parce qu'ils considèrent que les OGMs sont des aliments comme les autres que les Américains refusent l'étiquetage spécifique.
RépondreSupprimerIls considèrent donc l'étiquetage spécifique demandé par les Européens comme une forme de protectionnisme, un peu comme nous le ferions si ils exigeaient un étiquetage spécifique des camemberts.
Il ne s'agit donc nullement d'un "diktat" (mot à connotation agressive, mais c'est bien connu, les Américains sont tous des cow-boys), mais d'un conflit entre des lois nationales contradictoires.