mercredi, octobre 31, 2007

Banqueroute de l'Etat français : le choix dans la date

«La France est une URSS qui n'a ni vraiment réussi, ni vraiment échoué.»

Sauf que plus le temps passe sans véritable réforme, et par véritable réforme j'entends sans ambigüité un système de retraite par fonds de pension, un tiers de fonctionnaires en moins, un tiers d'impôts en moins et un tiers de dépenses publiques en moins, plus la réussite s'éloigne et plus l'échec se rapproche.

Nous sommes dans la situation de ce type qui se jette du 100ème étage et qui, arrivé au 50 ème, déclare que toutes ses histoires de chute libre et de dangerosité de sauter sans parachute sont grandement surévaluées. Puis, au 20ème étage il ajoute : «Vous voyez. Jusqu'ici, tout va bien. Les "chutelibristes" sont des oiseaux de mauvais augure, une autre physique est possible.»

La banqeroute (qui n'a rien d'inéluctable, je vous le rappelle) approche mais son heure est incertaine, alors examinons quelques dates :

2007 : année où le système de retraite par répartition devient insoutenable sans ajustements d'après des études de 1995.

2011 : année où l'agence de notation Standard & Poors prévoit de baisser la note de la dette de l'Etat français si rien ne change.

2012 : année où la France fait faillite d'après le livre de P. Jaffré.

2013 : année où j'ai longtemps cru, au pifomètre, que le France ferait faillite.

2017 : année où je pense désormais, toujours au pifomètre, que la France fait faillite. Ma confiance dans la capacité des technocrates à tirer toutes les ficelles pour retarder la catastrophe, sans toutefois réformer, s'est accrue. Cela veut dire que l'Etat sera toujours aussi inefficace mais rendra de moins en moins de services.

2020 : année où JP Chevallier prévoit la faillite de la France (système d'assurances sociales + Etat)

Comme vous voyez, le spectre est large, du fait des décisions pouvant être prises d'ici là, accélérant ou ralentissant la chute. L'inertie et la mansuétude de nos partenaires de la zone Euro nous protègent jusqu'à maintenant, cela peut changer.

Mais le déroulement de la banqueroute ne change pas : l'Etat français peine à trouver des créanciers, les taux d'intérêts augmentent, l'Etat est incapable de faire face, le FMI (et les pays de l'Euroland ?) intervient et exige des mesures drastiques, des émeutes commencent, à partir de là, c'est le saut dans l'inconnu.

Scénario rose, à l'anglaise, à la suédoise ou à la canadienne : le pays fouetté dans son orgueil, accomplit enfin les réformes tant retardées.

Scénario noir : le pays se cherche des boucs-émissaires, les spéculateurs, les riches, la mondialisation.Toutes les spoliations, toutes les persécutions, toutes les dérives, y compris l'autarcie et la dictature, deviennent possibles.

En faveur du scénario rose : la population vieillit et la révolution n'est pas un truc de vieux.

En faveur du scénario noir : la mentalité de défiance qui est celle des Français des années 2000. La tradition des boucs-émissaires. Le populisme, l'absence de pragmatisme et de courage des politiciens. Une forte population immigrée qui fournira des boucs-émissaires sur mesure.

Comme je l'ai dit, une fois qu'on a ruiné les institutions qui tiennent un pays en place, c'est le saut dans l'inconnu, nous l'avons vu en 1789 et en 1940. Nombreux sont ceux qui ont essayé de dominer la révolution, Mirabeau,La Fayette, Danton, Robespierre, Seyes, il a fallu attendre Bonaparte.

Même si Churchill, tout à sa francophilie, a écrit que la France avait le don de secréter un sauveur quand on la croyait perdue, ça me semble un pari très risqué à prendre. On ne trouve pas les Henri IV, les Clémenceau et les De Gaulle sous le sabot d'un cheval.

A titre individuel, la solution à ces situations tumultueuses est bien entendu l'émigration, grand classique de l'histoire de France, encore faut-il en avoir les moyens et la volonté.

Hors de l'émigration, le plus sûr est de faire profil bas et de suivre discrètement le troupeau, genre pétainiste en 40, gaulliste en 44.

Bien sûr, il s'agit là de constats qui font l'impasse sur votre caractère et sur vos convictions.

Dans ces périodes de chaos, on est d'autant plus responsable de ce que l'on fait et de ce que l'on ne fait pas.

6 commentaires:

  1. Lu le papier de Chevallier.

    Si on raisonne comme lui en comptabilité d'engagement, on est en "faillite", encore que ça se discute puisque tout le raisonnement repose sur la prise en compte de "provisions" sur des dettes futures. On n'est donc pas dans la notion de passif exigible excédant l'actif disponible.

    Mais ça, c'est la comptabilité des entreprises.

    Si on raisonne en comptabilité de caisse, on est "simplement" déficitaire, ce qui en soi ne devient alarmant qu'à partir du moment le flux de dettes en % dépasse durablement le taux de croissance du PIB, avec un stock de dettes qui devient incompressible. Or, c'est bien le cas.

    On est donc clairement dans une situation alarmante.

    Mais il existe des solutions.

    Le problème est qu'elles sont douloureuses.

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  2. Bien entendu, à partir de maintenant, Franck, il est obligatoire de contrepéter dans chaque titre de billet.

    Personne n'a dit que le libéralisme était une partie de plaisir.

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  3. Du point de vue humour, les libéraux sont vraiment pénibles : depuis que JF Revel est mort, dans les libéraux connus, il n'y a plus que des gens tristes à mourir : Guy Millière, Pascal Salin, Vincent Bénard, ...

    Certes, Alain Madelin,maintenat retraité du libéralisme est aussi capable d'humour.

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  4. Rhâââ, Franck, le lolisme forcené, on a vu ce que ça a donné après vingt ans d' "humour" Canal Plus, de "jeux de mots" de Libé, d'émission "drôles" à la télé...

    Un nihilisme qui tourne en rond, fait passer la forme avant le fond et dissuade toute tentative de réflexion.

    Donc, si les libéraux sont sérieux, ça ne me gêne pas plus que ça. Le prétendu humour qui est aussi courant que l'eau du même nom chez tant de gauchistes et d'étatistes sert simplement à masquer leur absence d'idées et à empêcher tout débat.

    Maintenant, si vous avez décidé d'être le Monsieur Plus du libéralisme, et de faire régner la désopilance la plus débridée aux côtés de l'analyse la plus pertinente, je n'ai qu'à m'en féliciter...

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  5. Comme le disait fort justement St-Ex, l'ironie est du cancre. L'humour C+ et Libé ne dépasse la blague de potache. Quand j'étais jeune et con, ça passait ; maintenant que je suis vieux et con, ça me lasse.

    Fernand Reynaud, Raymond Devos ou même Pierre Desproges, qui passeraient aujourd'hui pour des ringards avaient aux un véritable humour.

    Si j'ai pris l'exemple de JF Revel, c'est que l'humour ne servait pas à dissimuler l'absence de pensée, mais au contraire en était le piment.

    Quand il écrit qu'un congrès du PS ressemble à une bagarre d'ivrognes dans un bordel mexicain, c'est après avoir décrit et analysé implacablement l'absence de pensée et le clientélisme.

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  6. En tous cas, ça me console de ne jamais être allé au Mexique contempler une bagarre d'ivrognes dans un bordel.

    Sans Revel, j'aurais pu craindre d'avoir manqué quelque chose dans ma vie.

    N'oubliez pas pour autant votre devoir contrepéteur, cela dit.

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