Certains, à la suite du Canard Enchainé, se scandalisent que l'adjoint de Christine Boutin loue un appartement de 190 m² du parc privé de la ville de Paris 6 € par m² au lieu de 20 € en moyenne dans le secteur.
Cela s'explique très bien : il le loue depuis 1981.
Ainsi est fait le système français qui aide le logement et non le locataire et contraint les hausses de loyers, là encore, soit-disant pour aider les locataires.
En fait, le résultat de ces interventions contre nature est d'élever les barrières à l'entrée de la location : logement locatif rare, loyer initial élevé et conditions d'attribution drastiques. En effet, bénéficier d'une location constitue une telle rente de situation sur le long terme qu'il faut bien le faire payer d'une manière ou d'une autre.
Cette situation favorise outrageusement les locataires en place (dont je suis) et défavorise les gens en attente de logement. Alors que, évidemment, l'idéal serait la neutralité, une situation qui ne désavantage personne, autrement dit, un marché libre.
Pourquoi maintient-on un système dont tous ceux qui s'y intéressent savent qu'il est gravement pervers et engendre un des plus gros problèmes sociaux actuels (1) ?
La raison fondamentale est la suivante : la manipulation des listes d'attente des HLMs et les coups de pouce pour l'attribution d'un logement sont l'un des pouvoirs les plus forts des élus locaux, un moyen communément admis de renvoyer l'ascenseur, une occasion d'attirer dans son orbite un électeur.
Si l'aide au logement disparaissait au profit de l'aide au locataire, c'est toute la méthode de construction d'un réseau d'influence politique local qu'il faudrait revoir. Et cela, aucun parti, de droite comme de gauche, n'en veut.
Il continuera donc à y avoir pénurie de logements locatifs, malgré ou, plutôt, à cause, de tous les plans gouvernementaux.
Nous sommes encore dans un de ces problèmes typiquement français : l'analyse est connue, les solutions imaginées, mais rien ne sera fait, pour des raisons politiciennes extérieures au sujet.
(1) : seuls les imbéciles croient aux faux arguments qui disent que le blocage des loyers est une mesure sociale. Au-delà des intentions qu'on peut toujours afficher bonnes, ses effets réels sont anti-sociaux.
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Tu as totalement raison. J'ai mis en ligne un large extrait du chapitre de mon livre qui parle des vices structurels du système HLM
RépondreSupprimerLes vices du système HLM (extrait)
(désolé pour la pub, mais elle est en plein dans le sujet).
Pour mettre en apétit, les têtes de sous-chapitre:
"Une répartition pas très sociale ?"
"La gestion de la file d'attente : confrontation entre des intérêts particuliers au détriment de la mission sociale des organismes HLM"
"Logement social et clientélisme"
"Des OPAC bien opaques ?"
"L'impact politique des HLM : des banlieues rouges à la loi SRU"
et la courte conclusion:
"A ce stade, nous pouvons affirmer que si l'écosystème du logement social n'assure pas correctement sa mission sociale, c'est parce qu'aucune des parties prenantes de cet écosystème n'y a intérêt – à l'exception des familles pauvres, qui comptent peu électoralement, puisqu'elles tendent à déserter les urnes, voire n'y ont pas accès en raison de leur nationalité."
Dans la même veine, le lobbying sur le livret A de tous les réseaux sous jacents. Notez-bien que ce n'est même plus les Caisses d'épargne qui défendent ce système qui sert avant tout à financer le déficit de l'Etat.
RépondreSupprimerCe mécanisme des HLM est d'une telle perversité qu'il est trés difficile à démonter..... Bon papier
Comme d'habitude, les réactions des lecteurs du journal Le Monde sont un grand moment de cocasserie.
RépondreSupprimerL'un écrit par exemple : «Il ne faut pas le [le conseiller de Christine Boutin incriminé] laisser démissionner, il faut le virer.» Vous voyez d'ici le ton très «Bon appétit messieurs. O ministres intègres, conseillers vertueux ...»
Mais pas un seul ne semble poussé à une réflexion plus approfondie sur le sujet par le fait que ce «scandale» est on ne peut plus légal
La situation est contraire à l'éthique. évidemment elle n'est pas illégale et beaucoup auraient agit de la même manière : entre nous, si on me proposait un logement pour trois ou quatre fois moins que le prix réel... je signerais tout de suite. D'ailleurs, tout le monde traiterait de crétin tout autre qui passerait à côté de l'opportunité et qui après quelques année réclamerait une augmentation de son loyer! J'imagine que le prix du loyer de l'appartement en 1981 était plus proche du loyer moyen de l'époque, inflation de l'immobilier oblige (pas de quoi fouetter un chat). Cependant, quand on tient des propos sur le manque de rotation des locataires dans les HLM, ça fait plus que désordre et c'est même limite comique!
RépondreSupprimerÇa ne fait pas rire tout le monde!
Le trait de génie du démissionnaire est de demander une enquête à la chambre régionale des comptes, sur les conditions d'attribution et de fixation des loyers dans l'ensemble des parcs privés des collectivités territoriales d'Ile-de-France. Ça va en faire moins rire encore, peut être même chez ceux qui ont lancé l'opprobre.