dimanche, juillet 06, 2008

Combattant du Vercors (G. Joseph)

Ce livre est sorti en 1973, c'est-à-dire dans les mêmes années que Le Franc-Tireur, excellent film avec Philippe Léotard sur le même thème (on ne le trouve pas en DVD, hélas, si quelqu'un l'a en VHS et peut me le convertir en DVD, une transaction est possible).

Que raconte Joseph, ancien du Vercors ?

> que l'esprit combatif du Vercors n'était pas terrible, les jeunes plutôt fuyant le STO qu'étant vraiment motivés par la résistance.

> que la valeur stratégique du Vercors était nulle et ses chefs profondément incompétents (à part Jean Prévost et Costa de Beauregard qui trouvent grâce à ses yeux). Il note avec justesse que Pierre Dalloz a eu l'idée de la «forteresse du Vercors» comme un pur fantasme, sans aucun sens ni militaire et ni pratique.

Beaucoup des chefs militaires du Vercors venaient de l'armée d'armistice et ne comprenaient rien à la résistance et à la guerilla.

Pour Joseph, l'idée d'une forteresse du Vercors est aussi appropriée et du même tonneau, par les mêmes incompétents criminels, que la ligne Maginot.

Les chefs militaires du Vercors ont essayé de reconstituer une armée traditionnelle, avec uniformes, défilés, discipline et positions à défendre jusqu'à la mort au lieu de profiter des possibilités de la guerilla.

Joseph note que pendant les trois semaines qu'a duré la «république du Vercors», il y a eu un camp de concentration (il portait vraiment ce nom) pour incarcérer les suspects et les étrangers du plateau. On a même envisagé d'y enfermer sous l'accusation de défaitisme les opposants qui criaient à l'incompétence, au massacre annoncé.

Les nombreuses proclamations de Huet, chef militaire du Vercors, se terminaient par «Vive l'armée !».

On ne peut guère être plus loin de l'esprit de la résistance.

L'efficacité militaire du Vercors fut plus que nulle, négative. On y gaspilla des ressources humaines et matérielles précieuses.

Les chefs du Vercors se justifièrent sur le dos des Alliés (comme c'est commode) mais le Vercors ne manqua pas d'armes légères et aurait été dans l'incapacité d'utiliser des armes lourdes.

Le commandement tout à ces rodomontades ne s'est pas consacré à l'humble tâche d'organiser des caches et des convois de mules, qui auraient permis de disperser et d'utiliser au mieux l'armement disponible, lequel fut trouvé en parfait état de marche par les Allemands dans de jolis entrepots singeant une armée régulière.

Le bilan humain de cette accumulation d'idioties est navrant : 640 maquisards et 200 civils tués contre environ 150 Allemands.

A contrario, et pour bien comprendre le potentiel qui a été gaspillé, la compagnie de Joseph, dirigée par Costa de Beauregard, tua, après la dispersion du Vercors, avec quelques fusils et une mitrailleuse plus de cent Allemands sans une seule perte au cours d'embuscades et d'escarmouches.

Le «truc» était simple : marcher, pour tendre des embuscades loin du camp afin de ne pas le compromettre, rester en pays connu, ménager des itinéraires de fuite, tendre une embuscade, ne jamais se battre plus d'une minute ou deux, fuir, recommencer ailleurs. C'est à dire que cette cinquantaine d'hommes bien utilisée a fait presque autant de morts ennemis que les 2000 hommes du Vercors mal utilisés, et sans perte.

Mais, hélas, la guerilla ne faisait pas fantasmer les officiers de 1944 qui étaient aussi ceux qui avaient perdu la guerre de 1940. Par contre, une belle bataille rangée avec plein de morts ...

Un passage comique est celui où Joseph expose les critiques des officiers français contre les Américains, qui parait-il, ne sauraient pas faire la guerre. Quelle guerre ? Celle que nous avons perdu et qu'ils gagnent ?

Seules éveillent le respect de Joseph les victimes.

6 commentaires:

  1. Ce genre d'erreur à était fait, toute comparaison gardé, à Falloudjah lors de la 2e bataille lorsque la guérilla s'est regroupé dans une zone urbaine offrant une cible ''facile'' à une armée réguliére disposant d'une puissance de feu bien supérieure.

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  2. Je ne connais pas la bataille du Vercors; mais tout de méme...100 Allemands tués sans aucune perte ?

    Vous ne trouvez pas ca un peu gros?

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  3. «Vous ne trouvez pas ca un peu gros ?»

    C'est peut-être un peu gros effectivement, l'ordre de grandeur est cependant plausible pour un groupe qui se tenait rigoureusement aux principes de la guerilla, qui était bien commandé et qui opérait dans une région favorable aux embuscades.

    Ca ne fait qu'une vingtaine d'embuscades avec cinq victimes.

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  4. Ca serait sympa de citer au moins les sources photo - www.photos-dauphine.com

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  5. Désolé : c'est une photo trouvée avec Google. Même pas sûr que je sois allé jusqu'au site.

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  6. Bonjour

    J'ai moi même lu et relu le livre de Gilbert Joseph
    Il est très contesté par les anciens du Vercors qui le haïssent pour ce récit qui est néanmoins le reflet de la réalité...
    Mon grand père, ancien du Vercors, a vu de ses yeux les officier de sa compagnie se "faire la malle" le 23/07/44 en laissant tous les hommes ahuris dans une situation désespérée, abandonnés...
    Donc j'arrive à concevoir que ce que dit Mr Joseph est probablement vrai.
    Cependant, ce n'est qu'une analyse bien postérieure aux faits car Gilbert Joseph était très jeune en 44.
    Il est donc un peu facile de refaire l'Histoire avec des "si"...
    Le Vercors, l'Oisans et le Grésivaudan, en fixant les forces allemandes, a permis aux américains de progresser très rapidement vers la vallée du Rhône alors qu'un plan US avait prévu de détruire les villes du sud de la France avec le tapis de bombe habituellement utilisé par l'USAF (voir Caen, Le Havre et beaucoup de villes normandes)
    Les alliés n'ont effectivement jamais eu l'intention de mener jusqu'au bout le plan Montagnard et ont aidé le Vercors au même titre que les autres maquis, ni plus, ni moins...
    H.C.D.

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