mardi, décembre 02, 2008

La folie injectrice (4) : la bagnole, c'est sacré

Les gouvernements des deux cotés de l'Atlantique s'apprêtent à aider financièrement les fabricants d'automobiles.

Or, il y a unanimité pour admettre que leurs difficultés sont structurelles, une offre trop abondante, et que la crise n'est qu'un révélateur.

Les gouvernements, en contrepartie de leur aide, demanderont des choses. C'est normal, qui paye commande.

Le gouvernement français a déjà annoncé qu'il attend des «efforts en termes d'emplois», c'est-à-dire, en clair, qu'il interdit les fermetures d'usines.

Autrement dit, les aides gouvernementales sont conditionnées au fait de ne pas régler les problèmes.

Loin d'être une anomalie, ça devient un comportement répétitif.

Déjà, les aides aux banques étaient assorties d'une exigence de facilité d'accès au crédit, ce qui était également une manière d'exiger des banques qu'elles ne règlent pas leurs problèmes en contrepartie des aides étatiques.

Et c'est normal : les Etats sont à l'origine, à travers la réglementation et la fiscalité, de la crise actuelle.

Les actions des Etats qui ont mené à ce désastre étaient guidées par la conception erronée qui fait de la consommation un bien et de l'épargne un mal.

Les banques et les industriels sont obligés de se remettre en cause, mais pas encore les gouvernements (ça viendra).

La remise en cause gouvernementale n'ayant pas eu lieu, il est parfaitement logique, quoique dommageable, que les gouvernants continuent sur la lancée intellectuelle qui a abouti à la crise et persistent à considérer comme un bien (les dettes risquées, les emplois inutiles, etc ...)ce qui est en réalité la cause du cataclysme. A leur manière, les gouvernements vivent toujours dans le monde d'avant la crise.

Cette crise est celle du «capitalisme sans capital». Tant que les hommes de l'Etat ne l'auront pas compris, tant qu'ils ne favoriseront pas l'accumulation de capital et l'efficacité économique plutôt que l'endettement, toutes leurs mesures n'aboutiront qu'à prolonger la crise.

Il pourra y avoir des rémissions, mais elles seront toujours suivies d'une rechute.

Vous voulez un signe sûr que l'on approche de la sortie de la crise ? C'est simple : quand un politicien revendiquera l'expression «rigueur budgétaire», en fera un étendard et s'en glorifiera, alors, le bout du tunnel ne sera pas loin.

14 commentaires:

  1. François Bayrou avait fait de la rigueur budgétaire un de ses grands thèmes de campagne.
    L'actuel gouvernement a également promis un déficit zéro à la fin de son mandat.
    Quelqu'un y croit ?

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  2. Les politiques sont soumis à la pression de la réalité. A partir de là, deux stratégies :

    > la fuite, c'est la solution de «la gauche de la gauche» : tout casser pour créer un «nouveau monde», pour ne pas avoir à se coltiner avec le monde tel qu'il est.

    > la prise à bras le corps des problèmes, style Reagan-Thatcher.

    Le pire n'est jamais sûr.

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  3. "capital sans capital" ? Voila une expression qui ressemble à celle de "capital fictif" propre à Karl Marx !!.
    Franck vous virez marxiste ? :-)
    Je blague bien sûr, Marx n'ayant pas, lui non plus, dit que des bêtises notamment sur ce sujet.

    La chute peut être violente y compris une sorte de Mai 68 gris.....
    Bref nous ne sommes pas sortis de l'auberge

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  4. Le «capitalisme sans capital» : c'est le fondement de cette crise.

    On a trop privilégié la dette parce que le capital est imposé excessivement.

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  5. "Cette crise est celle du «capitalisme sans capital». Tant que les hommes de l'Etat ne l'auront pas compris, tant qu'ils ne favoriseront pas l'accumulation de capital et l'efficacité économique plutôt que l'endettement, toutes leurs mesures n'aboutiront qu'à prolonger la crise."

    L'endettement n'est pas contradictoire avec la réussite économique. Le problème est de maitriser le risque associé a toute dette (donc aussi celui de l'investissement associé) ce que les banques ont visiblement mal fait et qui est à la source de la crise actuelle.
    Si les risques (solvabilité des emprunteurs ou pertinence de leurs investissements) avaient été mieux perçus il y aurait eu moins de croissance économique aux US (moins de crédits accordés) mais pas cette crise.

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  6. Bien sûr que l'endettement n'est pas un mal en soi.

    Le problème se produit quand le rapport dette/fonds propres atteint des sommets.

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  7. Il y a des jours où je me dis que Reagan avait décidément bien raison lorsqu'il disait que l'état n'est pas la solution à nos problèmes, mais qu'il est le problème...

    Désolé de ne pas plus argumenter, mais je désespère du politique...

    cordialement

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  8. La situation évolue de manière assez logique.

    Nous vivons une crise de l'endettement. La solution passe donc par le désendettement (jusque là, pas besoin d'être Einstein pour le comprendre).

    Mais le désendettement, c'est pénible, il faut de l'austérité, de la rigueur, des efforts.

    Donc la tentation est forte d'essayer de refiler sa dette à quelqu'un d'autre plutôt que de la résorber.

    Or, voilà que les Etats se sont obligeamment proposés pour reprendre les dettes, prolongeant d'autant la crise.

    La crise sera finie quand les Etats seront désendettés.

    Maintenant, une question : qu'est-ce qui distinguent les intelligents des imbéciles ?

    Tout le monde comment des erreurs.

    Mais les intelligents savent ne pas aller jusqu'au bout de leurs erreurs.

    N. Sarkozy continue trente ans de politique néfaste de soutien à la consommation par les déficits étatiques, il s'enfonce dans l'erreur jusqu'au coude, jusqu'à l'épaule, le torse entier y passe, il en jouit, il y patauge : c'est un imbécile.

    A. Merkel a compris que ce n'est pas en continuant à faire ce qui a provoqué le problème qu'on le résout : c'est une intelligente.

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  9. Tiens, un petit argument anti-libéral: et le MITI, alors? On a beaucoup vanté, par le passé, l'action intelligemment dirigiste du ministère de l'économie japonais. Certaines velléités étatistes actuelles, en France et aux Etats-Unis, rappellent pas mal l'action du MITI.

    Pourquoi, par exemple, une incitation, venue de l'Etat, à développer massivement la voiture électrique aux Etats-Unis ne serait-elle pas une bonne idée? La dépendance à l'égard du pétrole est bien un problème stratégique.

    Après tout, je ne vois personne (sauf les écologistes, et encore) regretter le programme d'électricité nucléaire français.

    A ma connaissance, aucun libéral n'a pris la plume pour dire: il est vraiment dommage que le gouvernement gaulliste ait doté le pays d'une couverture à 85% de ses besoins en électricité par le nucléaire.

    Aujourd'hui, il paraît inimaginable que l'écrasante majorité des voitures roulent un jour à l'hydrogène, et non à l'essence. Mais en 1960, il paraissait tout aussi inimaginable qu'un jour, en France, l'écrasante majorité de l'électricité viendrait du nucléaire.

    Relancer la consommation par encore plus de dette, empêcher des licenciements dans des industries inefficaces, c'est une chose.

    Mais lancer à travers tous les Etats-Unis un programme dirigiste de reconstruction de ponts, comme cela a été suggéré avant même la cristallisation de la crise financière, c'est autre chose. L'effondrement d'un pont, il y a peu, a montré à quel point les infrastructures routières américaines étaient anciennes et mal entretenues.

    S'il y a un cas où l'étatisme se justifie, c'est bien celui-là, non?

    Le libéralisme ne consiste pas à dire: l'Etat, c'est mal. Il consiste à débattre de l'endroit où doit passer la frontière entre les interventions de l'Etat et les domaines où il s'interdit d'intervenir, afin de maximiser son utilité et de minimiser son pouvoir de nuisance.

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  10. «La dépendance à l'égard du pétrole est bien un problème stratégique.»

    Je suis d'accord avec vous : à problème politique, réponse politique.

    «A ma connaissance, aucun libéral n'a pris la plume pour dire: il est vraiment dommage que le gouvernement gaulliste ait doté le pays d'une couverture à 85% de ses besoins en électricité par le nucléaire.»

    Là encore, à problème politique, réponse politique. Ce n'est que très récemment que ça s'est révélé, et incidemment, une bonne idée économique.

    Malheureusement, les hommes de l'Etat ont tendance à voir des problèmes politiques partout (Danone stratégique !) et donc à intervenir partout.

    Si on fait les comptes du dirigisme, il y a tout de même plus d'échecs que de réussites. C'est bien pour cela que c'est passé de mode.

    «Relancer la consommation par encore plus de dette, empêcher des licenciements dans des industries inefficaces, c'est une chose.»

    C'est une chose : une MAUVAISE chose.

    «Mais lancer à travers tous les Etats-Unis un programme dirigiste de reconstruction de ponts, comme cela a été suggéré avant même la cristallisation de la crise financière, c'est autre chose. L'effondrement d'un pont, il y a peu, a montré à quel point les infrastructures routières américaines étaient anciennes et mal entretenues.»

    Pourquoi pas ? Mais les techniques modernes de péage sans arrêt permettent aussi d'envisager de telles structures financées par le privé.

    «Le libéralisme ne consiste pas à dire: l'Etat, c'est mal. Il consiste à débattre de l'endroit où doit passer la frontière entre les interventions de l'Etat et les domaines où il s'interdit d'intervenir, afin de maximiser son utilité et de minimiser son pouvoir de nuisance.»

    Ma position sure la question est très claire : l'Etat français est deux fois trop gros (je me suis expliqué par ailleurs sur comment j'arrivais à ce chiffre).

    Diminuez les dépenses publiques de moitié et concentrant l'Etat sur les missions régaliennes et je serai le premier défenseur de ce nouvel Etat.

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  11. "c'est un imbécile."

    Je préfère un mot plus court pour caractériser le personnage.

    Plus prosaïquement, le *** suscité ne sera jamais De Gaulle. On peut reprocher plein de choses à De Gaulle. S'il était encore en vie et au pouvoir, il ne penserait pas à sa réélection en 2012, mais à ce que pourrait être le pays en 2025 ou même 2050. Il avait une vision de l'avenir et quelques bonnes intuitions, notamment sur le nucléaire.

    Bien sûr le premier navigue à vue et comme il est inculte et entouré d'une pléthore d'abrutis pour le conseiller, il cumule les âneries. Mais il s'en fout puisque ce n'est pas lui qui les réparera mais vous et moi.

    Je l'ai déjà dit ailleurs, la relance de la consommation n'améliorera aucunement la situation sauf pour les Asiatiques auxquels les Français achèteront encore plus de télés et d'ordinateurs et qui creuseront encore plus la balance commerciale.

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  12. Qui a dit :

    «J’ai décidé de remettre nos affaires en ordre réellement et profondément. [...] Notre pays va se trouver à l’épreuve [mais] le rétablissement visé est tel qu’il peut nous payer de tout [...] Sans cet effort et ces sacrifices, nous resterions un pays à la traîne, oscillant perpétuellement entre le drame et la médiocrité.»

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  13. Trop facile : il suffit de faire une recherche google et on tombe... sur un billet de la lime, il y a un an exactement. On fait les fonds de tiroir ? ;)

    Plus sérieusement, pour la question des autoroutes ce sont des biens dont l'utilité marginale est nulle dès la seconde unité (je ne manie pas bien les concepts économiques, mais il me semble que c'est la notion juste) en gros, la première autoroute Marseille/Aix est très utile, la seconde, complètement inutile. D'où l'impossibilité de créer les conditions de la concurrence.
    De plus, le coût est si élevé (expropriations surtout) que seul l'État peut s'en charger (avec les prérogatives extraordinaire qui sont les siennes).

    Pour le parc nucléaire, je trouve que votre réponse, M. Boizard, est un peu facile. Si vous aviez été là à l'époque, auriez vous applaudi, ou bien proposé la mise en concurrence des fournisseurs d'énergie ?

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  14. «je trouve que votre réponse, M. Boizard, est un peu facile. Si vous aviez été là à l'époque, auriez vous applaudi, ou bien proposé la mise en concurrence des fournisseurs d'énergie ?»

    Je pense que, fidèle à ma pente, j'aurais préconisé la mise en concurrence.

    D'ailleurs, tout le monde sait que le parc français n'est pas économiquement optimal : trop de nucléaire peu souple, et pas assez de centrales au gaz pour absorber les pics de demande.

    Notre coup de pot (c'en est vraiment un car cet effet n'avait pas été prévu), c'est que nos voisins ont besoin d'importer de l'électricité, ce qui fait que nous arrivons à nous débarrasser avantageusement des surproductions dues au manque de souplesse du nucléaire.

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