Jacques Rueff, qui eut d'heureuses formules et qu'on devrait lire ou relire (sur ma table de nuit depuis des lustres), comparait les plans de relance, la baisse des taux d'intérêt et les injections de liquidités pendant une crise de dette à «des plans d'irrigation pendant le déluge».
On ne saurait décrire de manière plus concise et plus imagée la faute logique des gouvernements : pendant la crise, la mauvaise gestion étatique et les décisions aberrantes continuent.
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Bonjour Franck,
RépondreSupprimerJe lis et relis aussi les écrits de RUEff, notamment le Péché monétaire de l'Occident.
Il est assez dingue, passez moi l'expression, de voir combien à 40-50 ans d'intervalle, on arrive finalement à quelque chose de similaire.
La crise actuelle ressemble très fortement à une crise de crédit causée par une abondance de liquidités, et par les plans de relances, on en rajoute.
D'où d'ailleurs une prévision au doigt mouillé qui est déflation 2009-2010 et inflation forte après.
Cordialement,
"Une crise économique suit le scénario suivant. Elle est amorcée par une expansion du crédit causée par une création étatique de monnaie, ou encore par un choc exogène qui produit le même résultat — par exemple, l’augmentation du numéraire par la découverte de nouveaux gisements de métal précieux. L’expansion originale de la masse monétaire sera d’ailleurs répercutée et exagérée par le système de réserves fractionnaires des banques, rendu possible par le fait que l’État garantit la solvabilité des banques. Quelle qu’en soit la cause, l’expansion du crédit entraîne une réduction des taux d’intérêt. Des investissement auparavant non profitables deviennent artificiellement rentables et sont entrepris. La demande accrue des entreprises cause une inflation des prix des biens de capital (machines, équipements, immeubles) en premier lieu et, ensuite, des salaires. L’accroissement de la demande qui s’ensuit provoque une inflation des prix des biens de consommation. Pour répondre à l’accroissement de la demande, les entreprises surenchérissent sur les taux d’intérêt, ce qui, avec l’augmentation des coûts des autres facteurs, les inciterait normalement à retourner à leur niveau initial de production et d’investissement. À la phase d’expansion du cycle économique succède une récession. Tous les prix et les taux d’intérêt ayant été pareillement multipliés, le système reviendrait à son point de départ.
RépondreSupprimerCette autocorrection ne fonctionnera pas si, et seulement si, des infusions continues de crédit par l’État maintiennent les taux d’intérêt et l’inflation. Les taux d’intérêt étant artificiellement bas, les ressources sont détournées vers la production des biens de capital et des biens de consommation plus intensifs en capital. Comme tous les prix n’augmentent pas également ni au même rythme, l’inflation entraîne de mauvais investissements, une mauvaise répartition de l’épargne. Le mécanisme si crucial de production et de transmission d’information par les prix a été faussé. Les entreprises investissent davantage que ce que les consommateurs sont prêts à épargner et la répartition de ces investissements dans les divers secteurs ne correspond pas à la combinaison des biens demandés par le marché. Même si l’expansion du crédit continue, ce boom artificiel doit cesser un jour ou l’autre puisqu’il n’est qu’un phénomène de papier qui ne correspond à aucune augmentation réelle de la demande, et que les investissements injustifiés doivent être liquidés. Vient alors la récession ou la dépression, qui sera d’autant plus forte que l’expansion artificielle aura été longue."
In Pierre Lemieux, L'anarcho-capitalisme, Que Sais-Je publié en 1988.
Toute ressemblance avec des événements récents n'est malheureusement pas une coïncidence.