mardi, mars 24, 2009

La folie injectrice (32) ne désarme pas : l'affaire Heuliez.

Pendant que la pulsion spoliatrice gagne en force, la folie injectrice continue.

Heuliez est un sous-traitant automobile au bord de la cessation de paiement.

C'est bien dommage pour lui et ses employés, mais tout le monde sait que l'industrie automobile est en sur-capacité. Avant la crise, des chiffres circulaient de 10 usines en trop en Europe. Evidemment, la résolution d'une sur-capacité passe par une diminution des capacités, c'est-à-dire par la faillite des plus faibles.

Essayer de faire vivre des sociétés agonisantes dans un secteur surcapacitaire, c'est de l'acharnement thérapeuthique couteux et sans intérêt (1). Ca ne fait que retarder l'assainissement, donc la sortie de crise. C'est pourquoi, tout à fait logiquement, la commission consultée sur l'opportunité d'une aide étatique à Heuliez a rendu un avis négatif.

Le gouvernement, par incompétence, par démagogie, passe outre : nous sommes dans un cas très net où, pour des bénéfices immédiats, d'ailleurs assez illusoires, ler gouvernement retarde la sortie de crise et hypothèque l'avenir.

Et ne parlons pas de justice : que doivent penser les concurrents d'Heuliez en meilleure situation, mieux gérés ou plus chanceux, et qui pensaient profiter de sa défaillance ?

Ah , oui, j'oubliais le prétexte officiel de ce sauvetage est qu'Heuliez développe une voiture électrique. Je m'urine dessus de rire : si la voiture électrique est rentable, point besoin des subsides étatiques. Si elle ne l'est pas, les subventions ne seront que de l'argent bien mal dépensé. Je vais vous révéler un secret de Polichinelle : la voiture électrique n'a aucun intérêt commercial, les consommateurs n'en veulent pas (2). C'est juste une pompe à finances pour soutirer des subventions et des aides.

Le plus comique, c'est que le PDG de General Motors l'avait dit il y a deux ans en des termes très crus. Maintenant qu'il a besoin de subventions, il dit exactement le contraire, mais je ne pense qu'il ait changé d'avis dans sa tête.

Une affaire Heuliez, ça n'est pas grave, mais des dizaines, des centaines, comme c'est bien parti, et c'est toute la sortie de crise qui est retardée (3). Super ! Avoir des politiciens si mauvais, c'est à se taper la tête contre les murs.

(1) : de plus, ça favorise la corruption et les magouilles. Rappelons nous la fameuse affaire Air Lib : ça aurait couté moins cher de faire à chaque employé un chèque de deux ans de salaire que de soutenir vainement cette compagnie pendant deux ans, et il n'y aurait pas eu de détournements de fonds. Avons nous la mémoire si courte ? Quand j'entends qu'il faut nationaliser les banques, je pense au Crédit Lyonnais. Suis je le seul à me souvenir au delà de la semaine dernière ?

(2) : les voitures électriques ne sont absolument pas mûres pour atteindre le confort des voitures à combustion interne.

Même à prix égal, ce qui est loin d'être le cas, la clientèle prête à accepter les inconvénients d'une voiture électrique pour pouvoir afficher une bonne conscience écolo est très restreinte.

Les voitures électriques concerneront un jour le grand public, mais ce jour n'est pas encore arrivé et, à mon avis, il est beaucoup plus éloigné qu'on le croit généralement (si je pariais, je dirais une trentaine d'années : à moins d'une percée technique par définition surprenante, le problème de la recharge et du stockage de l'électricité se résoudra très lentement). De plus, la clé me semble être également commerciale : je ne suis pas sûr que la propriété privée soit la meilleure formule pour les voitures électriques, peut-être qu'un système de location en libre service serait plus adapté.

D'ici là, le moteur à pétrole a encore de très beaux jours devant lui, quitte à ce qu'il soit de plus en plus un générateur électrique transportable, comme dans les voitures hybrides.

(3) : rappelons que c'est exactement ce qui s'est passé durant le New Deal : la pire rechute de la crise de 1929 aux USA se situe en 1937, c'est-à-dire cinq ans après l'élection de Roosevelt. Contrairement à ce qu'on entend partout, on ne tire aucune leçon du passé, on refait les mêmes erreurs.

15 commentaires:

  1. Autant sur le principe tu as raison. Autant là je crois tu es à côté. Puisque, justement, cette boite, ce n'est pas un simple constructeur auto, mais un constructeur auto électrique qui manque de capitaux avant de se lancer.

    Les banques ou d'autres n'ont pas suivi or, il faut savoir prendre un risque sur ce genre de projet pour l'avenir du secteur.

    RépondreSupprimer
  2. justement, vu ce que je pense des voitures électriques, je trouve cela plutôt comme compréhensible, et assez justifié, qu'il manque de capitaux.

    RépondreSupprimer
  3. st, si tu lis ce commentaire tu verras avec le commentaire de seb quel est le problème que nous avons à propos d'expliquer pour que les gens comprennent.

    seb est d'accord sur le principe de l'argumentation de fb mais l'idée de la voiture électrique le séduit donc allons-y à fond la caisse.

    de même il y a plein d'idées séduisantes, comme l'éducation, la recherche, la santé.

    allons-y à fond la caisse.
    Il faut juste des capitaux,

    RépondreSupprimer
  4. Il y a une sacrée différence entre lever des fonds sur le marché des capitaux et capter de l'argent volé aux contribuables : en langage judiciaire, cela s'appelle du recel.

    RépondreSupprimer
  5. "allons-y à fond la caisse.
    Il faut juste des capitaux"

    ***

    "Il faut plus de moyens"

    RépondreSupprimer
  6. Pour que la voiture électrique puisse un jour se développer correctement il faudrait peut-être arrêter d'avoir un raisonnement comme le votre "ça ne sert à rien d'en fabriquer ce n'est pas rentable" car à moins d'en vendre quelques-unes, la seule source d'argent qui permettra de faire les recherches nécessaires à l'amélioration de la rentabilité de ces voitures, c'est vos impôts !

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour

    @Kreyket
    Je crains qu'il y ait un biais dans votre raisonnement.
    Si je vous suis, comme ce n'est pas rentable de fabriquer une voiture électrique, alors, il faut que nos impôts financent les premières réalisations afin d'améliorer la rentabilité ?
    Donc, de manière plus générale, si quelque chose n'est pas rentable, mais, c'est sans doute l'implicite de votre raisonnement, que cette chose est souhaitable, alors nous pouvons collectivement consentir à faire un effort par nos impôts.

    C'est dans cet implicite qu'est votre biais, à mon sens. En quoi est-il souhaitable que nos impôts financent la voiture électrique de M. Heuliez ?
    Pourquoi cette voiture et pas un autre ?
    Pourquoi cette technologie et pas une autre ?

    Sans rien avoir contre ou pour la construction d'une voiture électrique - j'ai juste des doutes similaire à notre hôte quant à sa faisabilité technique (1) - , ce processus qui consiste à arroser d'argent public un industriel au prétexte qu'il peut apporter ce qui est vu comme un progrès par certains hommes politiques me dérange énormément.
    Nous avons eu par le passé ce genre de chose à une toute autre échelle - je pense au plan fraissinet sur les canaux - , sans pour autant que cela apporte collectivement quelque chose.

    En ce sens, il ne s'agit pas de dire : il ne faut pas faire de recherche sur tel ou tel domaine.
    Mais, d'une part de voir, en terme de recherche, les performances de notre système comparé aux autres - il y a sans doute des marges de progrès - . D'autre part, d'arrêter de penser que seuls les impôts peuvent financer ce genre d'innovation. Quitte à réciter Bastiat, si ces impôts ne prenaient pas autant et si leurs structures n'étaient pas à plein d'endroits si archaïques, sans doute trouverait-on quelques investisseurs capables de prendre un risque de créer une voiture électrique - ou toute autre chose -.

    Cordialement

    (1) les voitures électriques souffrent en terme de physique de deux problèmes par rapport aux thermiques.
    Les batteries ne peuvent pas à l'heure actuelle stocker suffisamment d'énergie dans une masse et un volume aussi réduit qu'un réservoir de 70 litres.
    De même, il est pour l'instant impossible de transporter autant d'énergie pour recharger une batterie que ce que peut le faire un tuyau de pompe à essence - d'où les 5 minutes pour faire le plein et la nuit pour recharger ces batteries -.
    Ce sont là les deux problèmes majeurs. Aussi, sans connaître le dossier Heuliez, il me semble que soit cette entreprise a résolu l'un ou l'autre de ces problèmes et alors je crois que je vais acheter des actions Heuliez. Soit ce n'est pas le cas et on nous refait le coup des voitures en flotte captive EDF qui ne font que donner bonne conscience à beaucoup de frais.

    RépondreSupprimer
  8. Cessons de tourner autour du pot : il n'y a qu'un système qui permet l'innovation durable, c'est l'économie libre, car un processus d'essais et d'erreurs y est possible, alors qu'il n'est pas possible dans un système étatique (l'Etat choisit une solution et une seule et s'y accroche le plus longtemps possible, bien après que son échec soit avéré, voir Concorde ou le Minitel).

    Quant à la voiture électrique, elle sera mûre quand des gens seront prêts à l'acheter, et non pas quand des technocrates auront décidé, sous la pressions de couillonnades écolos, qu'elle est mûre.

    RépondreSupprimer
  9. Un lien qui vers un blog où l'auteur, un avocat, corrobore vos propos:
    http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2009/03/25/heuliez-dix-millions-pourquoi.html#comments

    Merci pour vos posts toujours intéressants.

    RépondreSupprimer
  10. Ce que je disais, mal car sous le coup de la fatigue, c'est que pour qu'une technologie se développe il faut que certains mettent des sous dedans. A partir de là nous avons 2 possibilités : une entreprise privée le fait grâce à ses fonds personnels ou l'état subventionne ces recherches (si on considère bien sur que cette technologie sera bénéfique ou nécessaire, comme c'est le cas avec la voiture électrique car le pétrole n'est pas vraiment ce que l'on pourrait appeler une ressource inépuisable). Dans le cas où une entreprise fait elle-même les recherches, il lui faut des fonds, or en général lorsqu'un secteur rapporte de l'argent on laisse ce même argent dans ce secteur pour le faire fructifier, il faut donc que cette entreprise sorte des modèles moins rentables sur certains points, points qui seront améliorés avec l'argent récolté par la vente de ces premiers modèles. Dans le cas contraire, si aucune entreprise ne peut le faire, ou si celles qui peuvent ferment, c'est alors l'état qui prend le relai et qui subventionne les recherches avec l'argent public (on considère bien sur toujours que la technologie recherchée est nécessaire). Pour résumer, il faudra de toutes façons payer pour la voiture électrique car le pétrole n'en a plus pour très longtemps (les estimations vont de 15 à 50 ans pour les plus optimistes, je pense que dans 20-25 ans c'est fini et que 20 ans ce n'est pas de trop pour développer une nouvelle technologie, surtout que plus nous avancerons dans le temps plus le pétrole sera rare et donc onéreux)

    RépondreSupprimer
  11. (Excusez moi pour le double-post)

    Ma précédente conclusion rend donc cette affirmation "Quant à la voiture électrique, elle sera mûre quand des gens seront prêts à l'acheter, et non pas quand des technocrates auront décidé, sous la pressions de couillonnades écolos, qu'elle est mûre." caduque, mais de toutes façons ça ne tiens pas debout, que je sois là ou pas. La voiture électrique sera mûre quand les recherches auront aboutit, point barre, qu'importe d'où vient l'argent. Et puis la voiture électrique n'est pas plébiscitée que par des écolos, certaines personnes qui vivent dans le monde réel ont conscience de l'imminence de la fin de l'ère Pétrole et veulent protéger leurs arrières, même économiquement. Car quand le pétrole sera devenu trop cher, la voiture électrique deviendra de plus en plus rentable, même sans nouvelle technologie, ce qui est inévitable. Développer une voiture électrique ne peut donc être qu'un choix économique, un choix économique tout à fait cohérent qui plus est.

    RépondreSupprimer
  12. (argh triple post, très étourdi moi aujourd'hui)
    Juste pour corriger ma dernière phrase :
    Développer une voiture électrique peut donc n'être qu'un choix économique, un choix économique tout à fait cohérent qui plus est.

    RépondreSupprimer
  13. @Kreyket :

    L'Etat n'a pas à vous faire plaisir avec le pognon des autres. Vous voulez une voiture électrique fabriquée par Heuliez ? Pas de problème, filez-lui vos économies. Mieux, faites-vous embaucher.

    RépondreSupprimer
  14. Le problème de la voiture électrique est le même que celui de l'aviation.

    Il faut un stockage d'énergie important et rapidement mobilisable, sous un faible volume et un faible poids. Il faut un moteur puissant sous un faible volume et un faible poids. Quand ces conditions ont été réunies l'avion a décollé. Pas avant, sinon Leonardo en aurait fait voler un il y a longtemps. Le déverrouillage technique est venu des progrès en métallurgie, en mécanique, en chimie, en raffinage (d'un produit qui salissait et dont on ne savait que faire)... Il n'est pas venu d'un "programme de recherche et de développement sur l'avion."
    Les verrous sur la la voiture électrique viendront peut être de technologies parallèles, inattendues aujourd'hui.
    Le stockage et la mobilisation de l'énergie électrique dépassent largement l'enjeu de la voiture électrique. Actuellement le verrou est plutôt de ce côté.
    Heuliez qui est un assembleur n'est pas compétent dans ce domaine.

    RépondreSupprimer
  15. @Théo : houla ! pas d'agressivité s'il vous plait, je suis resté correct. Je ne faisais que donner mon avis et je n'ai jamais dit que l'état devait financer la voiture électrique "pour me faire plaisir". Je dis juste qu'étant donné l'avenir limité du pétrole il parait cohérent de chercher des alternatives, dont la voiture électrique est un bon exemple. Pour ce qui est de donner mes économies à Heuliez, fiez vous au post de Larry. C'est vrai que pour l'aviation, presque personne ayant cherché à créer un avion directement sans les technologies n'y est arrivé, malgré tout, c'est le genre de défi qu'il nous faudra réussir un jour ou l'autre, à moins que la réponse vienne d'ailleurs ce qui n'est pas improbable. Heuliez n'est certes qu'un assembleur, mais c'est tout de même un maillon de la chaine "voiture électrique" et il n'est pas stupide de penser que si l'entreprise allait mieux elle pourrait apporter une aide financière pour la recherche dans ce domaine (si les voitures qu'ils construisent sont plus rentables et performantes, ils auront plus de clients et de bénéfices, c'est dans leur intérêt).

    RépondreSupprimer