Prendre l'argent aux riches, c'est justice.
C'est ce qu'on lit et ce qu'on entend ces jours-ci.
Après la folie injectrice, il est bien naturel que nous passions à l'obsession spoliatrice, version moderne de la fable où la cigale, après avoir distribué des avantages exquis tout l'été aux copains, aux clients et aux gueulards, utilise le fisc pour braquer la fourmi.
J'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi c'est juste de prendre plus d'argent, en proportion de leurs revenus, aux riches qu'aux autres.
Ils ne l'ont pas volé cet argent, que je sache. Pourquoi devraient ils moins en jouir que les autres ?
Quand je pose cette question, on commence par me répondre : «Comme ils sont plus riches, il est normal qu'ils fassent plus d'efforts de solidarité». Vous savez ce que je pense de la «solidarité» étatique, un voile pudique dissimulant une lutte sans merci pour participer au recel du vol fiscal. Cette réponse me fait donc bien rire.
J'insiste. Cela finit généralement par : «ils n'ont pas besoin de tout ça».
Nous voilà alors au fond du problème. Ceux qui ont moins estiment, c'est assez naturel, que ceux qui ont beaucoup plus qu'eux versent dans le superflu. Pourquoi une Aston Martin quand une Clio suffit ?
Certes, mais c'est affaire d'opinion personnelle. Et si moi je retire un vif plaisir de conduire mon Aston Martin bleu ciel à sièges rose bonbon que j'ai gagnée à la sueur de mon front, quelle est la légitimité de m'en empêcher ? Tout simplement aucune.
Toute atteinte à la propriété privé me préoccupe, même si je suis loin d'avoir les moyens de l'Aston Martin de mes rêves.
Je n'oublie pas, contrairement à d'autres, que le propriété est le garant matériel de la liberté. C'est parce que je fais ce que je veux de ce que je possède et dont je suis responsable, que je suis libre.
Voltaire l'avait bien compris, lui qui avait méthodiquement entrepris de faire fortune : sans argent, pas de domaine de Fernet-Voltaire hors d'atteinte de la colère des puissants.
C'est pourquoi les attaques contre la propriété sont toujours des formes dissimulées d'offensives contre la liberté.
C'est vrai qu'il y en a pour qui restreindre la liberté d'autrui n'est pas gênant, voire est souhaitable. Je ne suis pas de ceux-là.
De nos jours, il suffit d'avoir un bon plan de communication pour justifier et faire accepter (avec les meilleures intentions du monde, bien entendu !) n'importe quelle atteinte aux droits élémentaires.
Voilà pour l'aspect philosophique.
Quant à l'aspect pratique, est-ce seulement nécessaire d'en parler ? La France est ce pays qui importe des pauvres et exporte des riches. Et nous nous croyons intelligents !
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Quant à l'éditorial du Figaro de ce matin, je l'approuve :
Frondeuse France
L'éditorial de Yves Thréard du 19 mars.
Donc la grève et des manifestations. Comme le 29 janvier. Et en attendant les prochaines. Aux incertitudes que provoque la crise économique s'oppose une évidence : la grogne sociale est partie pour durer. A-t-elle d'ailleurs jamais cessé ?
Depuis 1974 et le premier choc pétrolier, la France n'en finit pas d'exprimer ses mécontentements en ordre rangé sur les pavés de la République. Contrairement à d'autres pays, elle n'a jamais connu le plein-emploi, pas plus que de fortes périodes de croissance. Elle n'a jamais accepté de se réformer en profondeur. Elle ne s'est jamais affranchie de la surenchère exercée par des syndicats pourtant numériquement faibles. Elle préfère défiler dans la rue quand le temps se gâte plutôt que de trouver des solutions négociées. Contrairement à d'autres, enfin, elle est l'otage de ses fonctionnaires et agents assimilés, toujours en première ligne.
Depuis Pompidou, les présidents passent, les ciels cléments sont de courte durée, mais les récriminations permanentes. Giscard d'Estaing, Mitterrand, Chirac sont, chacun, arrivés porteurs d'espoirs avant de se transformer en gestionnaires obligés du fameux modèle social français issu de la guerre. Cédant sous la pression des résistances, de la «gréviculture» ou des hoquets de la conjoncture internationale.
Et maintenant, avec Sarkozy ? On est tenté de répondre que rien, ou presque, n'a changé sous les crânes de la contestation. Même en accédant à toutes les revendications, diffuses et confuses, présentées par les syndicats, la colère resterait jusqu'au-boutiste. Pareille faveur, qui se traduirait immanquablement par une augmentation des salaires et des dépenses publiques, déboucherait sur une dangereuse faillite qui, elle-même, engendrerait une violente explosion sociale.
La tempête économique est une dramatique réalité - il ne s'agit pas de la nier -, mais elle ne suffit pas à expliquer la singulière réaction française, mélange d'inquiétudes fondées et de révoltes spontanées. Depuis près de quarante ans, cet état d'esprit frondeur est comme inscrit dans notre ADN. Une profession crie son indignation, un avantage catégoriel est menacé, une réforme dérange des habitudes, il se trouve toujours, dans les sondages, une majorité de l'opinion pour applaudir l'étendard de la protestation sur son passage. Ainsi, 78 % des Français estiment justifiée la mobilisation d'aujourd'hui.
Contre quoi ? La mauvaise politique économique du gouvernement ? Sauf à raser gratis, comme on l'a déjà dit, celui-ci a une faible marge de manœuvre. Mais nul ne l'admettra. La solution est aussi mondiale.
Contre qui ? On retrouve, bien sûr, Nicolas Sarkozy, sa personnalité autant que sa politique. Dans la crise, l'antisarkozysme est devenu, pour beaucoup, un nouvel humanisme, posture morale suspectant tout ce qui touche à l'argent, aux entreprises, aux patrons, au pouvoir. En fait, les manifestants rêvent d'un ordre nouveau, mais qui n'entamerait pas leurs propres avantages et droits acquis. Paradoxe ancien, bien français, qui dépasse, de loin, la seule défiance à Nicolas Sarkozy.
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Il faut envoyer les Koulaks au goulag, voilà à mon avis la bonne politique à mener. Les Koulaks cachent toujours forcément de l'argent quelque part...
RépondreSupprimerAllez, déclarons la chasse au Koulak ouverte !
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerMon Aston Martin bleu ciel à sièges rose bonbon."
RépondreSupprimerPfff... franchement, que dirait le commissaire départemental du Parti préposé au bon goût et à la colorimétrie ? Vous faites vraiment aucun effort pour rendre le libéralisme attractif, Franck...
Bon OK. Les sièges rose bonbon, c'est peut-être trop, mais je me verrai assez bien dans une Aston cabriolet bleu ciel avec des sièges havane.
RépondreSupprimerje renvoie dos à dos, tout le monde, gouvernement, manifestants, partis, journalistes......tous.
RépondreSupprimerL'énigme restera comment avons nous construit ce pays avec autant de cons ?
«L'énigme restera comment avons nous construit ce pays avec autant de cons ?»
RépondreSupprimerLa réponse est assez simple :
> ceux qui font la richesse actuelle du pays, professions libérales, entrepreneurs grands et petits, n'étaient pas dans les défilés.
> d'autre part, cela prend du temps de dilapider la richesse accumulée par le passé.
Ceux qui ont construit le pays avaient une culture très différente de ceux que vous appelez les cons.
Je lis sur certains forums qu'il faudrait ôter le nationalité française aux exilés fiscaux sous prétexte qu'ils fuiraient leurs obligations de «solidarité».
C'est confondre l'identité nationale avec un choix politique très étroit et qui n'a pas soixante-dix ans. C'est aussi absurde que de réduire la Russie à l'URSS.
Je considère que la «solidarité», c'est tout bonnement du vol, je ne suis pas plus mauvais Français pour autant.
La culture de l'assistanat est quelque chose d'extrêmement récent, qui n'a pas plus de deux générations.
"Ils ne l'ont pas volé cet argent, que je sache."
RépondreSupprimerMais si, mais si, je vous assure Frank. Ca commence par la publicité : truffée de vilans messages subliminaux pour vous inciter très fortement à choisir le produit que l'entreprise la plus puissante sur tel marché a décidé de vous vendre.
Ensuite au supermarché, des agents de sécurité viennent vous chercher et vous amènent, un gros flingue pointé sur la tempe, au fameux rayon où se trouve le fameux produit que vous devez acheter.
Mais comme vous avez eu quelques réticences, on vous en fait acheter 10 exemplaires en guise de punition.
Mais comme vous n'avez pas été sage, votre affaire est transmise au commissaire du peuple préposés aux récalcitrants qui veulent pas engraisser les riches : toute ne série d'impôts vous tombent sur le coin de la figure.
La prochaine fois que ça vous arrive, vous ne pourrez pas dire que vous n'étiez pas au courant.
Bonjour,
RépondreSupprimerNous verrons prochainement si nous avons élus - ce que je crains - des socialistes de droite, ou bien si pour la première fois depuis longtemps, des hommes politiques français vont comprendre que nous avons besoin de ces riches, de ces personnes qui entreprennent, ont du succès et créent alors la richesse dont nous avons besoin.
Mais j'ai un gros, gros doute.