mercredi, octobre 28, 2009

Ecole : pour une fois, la vérité sortirait de la bouche du Figaro ?

Je me permets de copier cet article en entier (aïe, aïe, c'est illégal) tant il est significatif (le bleu est de moi) :

L'école n'est plus le creuset des valeurs françaises

Natacha Polony

26/10/2009 | Mise à jour : 22:49

Malgré la place accordée aux symboles de la république dans les programmes scolaires, certains élèves préfèrent afficher le détachement.

Ils ont passé douze ou treize ans sur les bancs de l'école et, malgré leur carte d'identité française, préfèrent se dire sénégalais ou algérien que français. Le creuset républicain pensé par Condorcet et conçu par Jules Ferry ne remplit plus son rôle, et l'on n'en finit pas de se demander pourquoi.

Les récents programmes, pourtant, ceux du primaire comme ceux du collège, ont pris en compte ce rôle intégrateur de l'école et l'importance dans la formation des citoyens d'une instruction civique et d'une culture historique commune. La Marseillaise, qu'Éric Besson voudrait entendre chantée une fois par an dans les écoles, est déjà présente dans les programmes, notamment de CP et CE1 où les élèves «apprennent à reconnaître et à respecter les emblèmes et les symboles de la République (La Marseillaise, drapeau tricolore, buste de Marianne et devise “Liberté, Égalité, Fraternité”)». Des valeurs qui sont ensuite approfondies, particulièrement en 4e et 3e. Les programmes d'histoire, quant à eux, déclinent la construction, l'invention de la France depuis la Gaule romaine jusqu'au XXe siècle, en passant par la monarchie centralisatrice et la Révolution, les plus petits ayant désormais des dates-clés à mémoriser.

«Les programmes sont finalement très riches, analyse Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie et auteur de Tableau noir, la défaite de l'école (Denoël). Mais il y a les programmes et ceux qui les appliquent. J'entendais l'autre jour une collègue dire : “La Marseillaise, je m'en fous, et le drapeau français, je le brûlerais.” Ils ne savent pas ce que signifie être un représentant de l'État. Les élèves, pourtant, adorent apprendre La Marseillaise. Ils se croient au Stade de France. Certains mettent même la main sur le cœur, comme les footballeurs.» Claire Mazeron, également professeur d'histoire-géographie, et vice-présidente du Snalc, déplore pour sa part «l'instrumentalisation de l'histoire de France qui peut inciter certains collègues à la présenter systématiquement comme une longue succession d'oppressions contre les étrangers». Géographe de formation, elle souligne à quel point cette discipline, fondamentale pour l'apprentissage de ce qu'est la France, ses paysages et ses produits, est le parent pauvre du système ; et la géographie française noyée dans les chapitres sur la mondialisation, les grands ensembles planétaires… «Mes élèves ne savent pas situer Saint-Denis par rapport à Paris, confirme Iannis Roder. Ils n'ont jamais vu la campagne.Comment voulez-vous qu'ils aiment un pays qu'ils ne connaissent pas ?»

Cours de civisme

Et telle est bien la nature d'une confusion qui incite à multiplier les cours de civisme, quand le problème est visiblement ailleurs. Pour Alain Finkielkraut, «cette insistance mise sur l'hymne national a quelque chose de dérisoire et relève d'un alignement sur un modèle qui n'est pas le nôtre, car la France, contrairement aux États-Unis, ne s'est pas cons­truite autour de cet hymne.» D'autant que la connaissance des règles et des rites ne signifie pas qu'on se les approprie. «Les élèves, souligne Claire Mazeron, intègrent très vite qu'il y a un gouffre entre ce qu'on leur enseigne, les droits et les devoirs, et la réalité du collège où ils n'ont que des droits.»

«Plutôt que par des symboles, plaide Alain Finkielkraut, l'amour de la France s'acquiert par la familiarité avec la langue portée par la littérature française. L'amour de la France n'est pas un but, il est une conséquence possible de la connaissance de la civilisation française.» Et cette civilisation française se nourrit de la précision des mots et de la fréquentation des œuvres.


11 commentaires:

  1. Un exemple filmé sur les dégâts causés:
    http://soseducation-leblog.com/2009/10/27/beatrice-29-ans-professeur-de-physique-chimie-dans-un-lycee-de-zep-a-marseille/

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  2. Le témoignage de la vidéo est conforme à ce que disent - en coulisses - la plupart des profs. Tant mieux si ça commence à filtrer un peu et à devenir "grand public"...

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  3. Je ne voudrais pas vous décevoir mais, de même qu'il y a loin de la coupe aux lèvres, il y a loin de la connaissance à l'action.

    Remettre l'école d'aplomb suppose de remettre en cause tant de pétitions de principe soit marxistes soit maternalistes que les Français et spécialement les profs continueront à chérir les causes dont ils déplorent les effets.

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  4. Je partage votre point de vue. Le mal est très profond et la guérison, si elle est possible, sera très longue. Il sera peut être plus facile de reconstruire une autre structure en parallèle.

    Merci pour avoir mis la vidéo.

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  5. Peut être que c'est l'hypothèse même qui n'est pas bonne : l'école creuset de la Nation ?

    Fantasme ? Peut être vrai à une époque (laquelle ?) mais aujourd'hui irréelle et pas forcémment et uniquement à cause de l'école

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  6. «Il sera peut être plus facile de reconstruire une autre structure en parallèle.»

    C'est déjà en cours : la fuite vers le privé et, même, le hors contrat.

    «l'école creuset de la Nation ? »

    L'identité nationalke est faite d'un tas de choses. Limiter cette responsabilité à l'école, c'est une démission dans tous les autres domaines.

    Par exemple dans les hopitaux ou dans la rue.

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  7. «l'école creuset de la Nation ? »

    Je crois qu'une école aussi massifiée ne peut effectivement plus l'être.

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  8. Massifié, ça ne veut rien dire : le problème de l'école n'est pas le nombre, mais la philosophie éducative.

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  9. Comment voulez-vous qu'ils aiment un pays qu'ils ne connaissent pas ?

    Il me semble que "Comment voulez-vous qu'ils connaissent un pays qu'ils n'aiment pas?" serait plus approprié en l'occurence.

    Le plus important ici, est qu'on soit tombé dans l'affectif, comme en témoigne ce passage. Or, il n'est à mon sens nullement question d'affect, mais bien de logique.

    La notion d'intégration (au sens de vouloir s'intégrer) peut certes se concevoir affectivement, et elle fonctionne si c'est le cas, mais de la même manière qu'on ne peut (et doit) pas attendre de l'état qu'il s'occupe de nos valeurs, il ne peut lui être demandé de transmettre de l'affect.
    L'intégration est avant tout un calcul, une économie de sa présence dans un espace social, économique et légal.
    Pour ceux qui veulent que l'intégration fonctionne, il faut que celle-ci sont décidée et non désirée, qu'elle représente un avantage certain. Or nous faisons tout pour que cette décision ne soit pas nécessaire, puisque nous donnons sans contrepartie les mêmes droits et avanatages (et bientôt plus) sans qu'il soit nécessaire d'avoir fait ce choix. Le vrai échec est là.
    Quant à la transmission dévoyée par nos éternels militants de gauche qui ne peuvent se considérer autrement que comme hominus politicus turbulentus (les latinistes dont notre hôte sauront me corriger), elle relève finalement du même constat. La totale immunité économique et sociale dont ils disposent ne peut que les inciter à pousser aussi loin que possible leur avantage, sachant qu'ils ne rique rien et continueront à bénéficier d'une tranquilité de vie inconnue de ceux qui affrontent quotidiennement la réalité.

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  10. "la faillite de l'école française"

    Ce titre me paraît maladroit : la faillite de l'école républicaine" serait plus approprié. Si le privé est plébiscité, c'est justement parce que c'est le contraire de ce lycée qui s'y passe.

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