«La culture du résultat a d'abord pris naissance dans une réflexion sur le secteur public. Dans le privé, le profit est par essence la résultante d'une bonne gestion. On en a fait un objectif prédéterminé.
Un jour, une ancienne députée de la majorité passée au business me dit :« un Espagnol qui ne sait pas l'anglais et qui siège à notre conseil d'administration nous fait perdre beaucoup de temps : il nous oblige à délibérer en français.» Que les dirigeants des grandes entreprises aient abandonné la langue nationale est un facteur parmi beaucoup d'autres de démotivation des salariés.
Jean de Kervasdoué qui passe pour le meilleur spécialiste de la Sécurité sociale soutient que les difficultés de l'économie de la santé ont commencé avec la brusque diminution, à partir des années 1970, du personnel religieux. Il dit avoir calculé que pour remplacer le travail d'une bonne sœur, il fallait cinq infirmières du « civil ». Selon le PDG d'un grand groupe, un encadrement motivé « multiplie par dix » (« une image », précise-t-il) le rythme de développement d'une succursale.
Retenons cette idée : l'idéologie dominante, dérivée d'une approche purement quantitativiste de l'activité économique et de son résultat, est un frein considérable au progrès économique, donc à l'amélioration du pouvoir d'achat.
Depuis que l'Etat a abandonné le principe d'équilibre budgétaire, il n'a plus d'argent pour les écoles. Depuis que les banques sont arrosées de liquidités, le système bancaire vit sous la menace d'une perte de liquidité.»
Un commentaire : l'approche quantitativiste est confortable pour les technocrates, du privé ou du public, qui nous dirigent et ne savent pas grand'chose d'autre que manier des dossiers et qui croient avoir pris une décision quand ils ont présenté trois malheureuses planches PowerPoint au cours d'une réunion de leurs sembblables.
Cela leur évite d'être confrontés aux les humains, irrationnels, colériques, capricieux, emmerdants. L'entreprise et l'administration sans employés, ça serait tellement mieux.
jeudi, décembre 10, 2009
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Bonjour Franck,
RépondreSupprimerQuelle est l'origine du post ? Les Echos ?
Dans tous les cas, il est très vrai !
Il est d'ailleurs en lien avec votre post précédent sur le livre de Jacques Heers.
Cela pourrait s'appeler la folie du chiffre - cf. le livre de T. Porter Trust in numbers - . Il me semble qu'il s'agit là d'une tendance naturelle exacerbée par les facilités de l'informatique actuelle : arriver à se raccrocher à un nombre, une représentation soi disant neutre mais dont on a oublié la signification physique, au sens de la réalité qu'elle est ce censée représenter.
Un vieux prof de physique de prépa n'arrêtait pas de nous seriner "n'oubliez jamais ce qu'il y a derrière votre mesure". C'est tellement vrai, surtout à un moment où tout le monde veut des indicateurs sur tout et sur rien, sans s'intéresser plus avant sur ce qui se cache derrière, sur la manière dont la mesure est faite et sur ce qui pourra en être fait.
Bien cordialement,
A propos d'éviter "d'être confrontés aux les humains", aux réalités sonnantes et trébuchantes, je vous conseille la dernière émission de Reichman TV (invité M. Pineda) et la dernière intervention de M. Herlin sur son site (en particulier le début de son texte où sont évoqués les regrets de M. Georges Papaconstantinou!) à propos de "la dégradation de la dette publique de la Grèce"
RépondreSupprimerÉdifiant, non?!