mercredi, septembre 29, 2010

Conférence Charles Gave : l'Etat est mort, vive l'état

Comme d'habitude, très clair, très pédagogue; à base de graphique clairs.

Le raisonnement s'articule de la façon suivante :

> ce sont les entrepreneurs qui créent la croissance et les emplois. Tendanciellement, le taux de profits doit être supérieur aux revenus de la rente pour que l'économie soit créative, ce qui n'est pas le cas en France sur ces trente dernières années. C'est pourquoi Charles Gave conclut que le fait que les jeunes Français veuillent à 75 % devenir fonctionnaires est une preuve d'intelligence : en France, le risque ne paye pas.

> l'Etat tue la croissance : plus la part de l'Etat dans l'économie croit, plus la croissance baisse, plus le chômage augmente (non, l'Etat ne «crée» pas d'emplois).

> les taux d'intérêts sont corrélés à la croissance. Donc plus l'Etat tue la croissance, plus il se finance à des taux bas, c'est pourquoi la charge de la dette est restée relativement stable malgré l'explosion de l'endettement. C'est un cercle très vicieux. Charles Gave considère que la génération soixante huitarde, qui a liquidé le patrimoine dont elle a hérité, qui a endetté ses enfants sans leur consentement et qui a mis en place ce système vicieux, est la plus bête de l'histoire de France. Je suis du même avis : jamais dans notre histoire, même après la peste noire, même après la guerre de trente ans, même après les guerres napoléoniennes, aucune génération ne fut structurellement plus pauvre que la précédente comme l'est celle des enfants de 68.

> Ce cercle vicieux est brisé quand la croissance est négative : puisque le taux d'intérêt nominal ne peut pas être négatif et que les revenus de l'Etat sont corrélés à la croissance, les revenus de l'Etat baissent et ne permettent plus d'assurer le service de la dette, même si les taux d'intérêts sont très bas. C'est le stade où le parasite étatique, après avoir tué son hôte, commence à mourir.

> le différentiel de taux français par rapport à l'Allemagne monte lentement, il est à peu près où était la Grèce il y a trois à quatre ans. C'est pourquoi Charles Gave prévoit une situation à la grecque en France entre 2012 et 2017. Inutile que je vous rappelle longuement le scénario-catastrophe : une mauvaise nouvelle (dégradation de note, rumeur malencontreuse ...), panique sur les marchés financiers, l'Etat français ne peut plus honorer ses échéances (1). Ensuite, on enchaine avec les mesures habituelles : baisse du salaire des fonctionnaires, privatisation de l'instruction, suppression des aides sociales etc...

> le seul moteur politique qui permettrait d'éviter cette catastrophe est la trouille qu'ont nos politiciens d'une hégémonie allemande (hégémonie préparée par trente ans de politique désastreuse). Ce moteur risque de ne pas être assez puissant.

> Cette catastrophe à court terme est une bénédiction à moyen terme. Comme le prouvent tous les exemples (USA et GB 1980, Suède, Canada, Australie, 1990), le recul de l'Etat, même forcé, finit par provoquer un regain de prospérité. A cela s'ajoute le fait que le recul de l'Etat est un bien non seulement économique mais aussi social et politique. Charles Gave, volontiers provocateur, n'hésite pas à affirmer qu'il se sent plus en sécurité juridique et fiscale à Hong-Kong qu'en France.

En résumé, on va en baver, mais les libéraux n'ont jamais eu autant le vent en poupe : ils sont les seuls qui ont une analyse et des solutions cohérentes.

Blog : l'Etat est mort, vive l'état


Addendum du 30/09 : Charles Gave a brièvement parlé de politique. Il est persuadé qu'un gouvernement sera obligé de prendre des mesures drastiques, genre diminution des salaires des fonctionnaires de 25 %. Il préfère dans ce cas un gouvernement socialiste dont la main tremblera moins que celle de la droite frileuse.

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(1) : la France est le troisième marché de dettes au monde après les USA et le Japon. On a les podiums qu'on peut. Quand nous ferons défaut, personne n'aura la taille de venir à notre secours.

5 commentaires:

  1. Bonjour Franck,
    je ne suis pas sur que la génération 68 soit la plus bête de l'histoire de France, mais elle est de loin la plus égocentrique ; même les branleurs ont su y tirer leur épingle du jeu et sommer, au nom de la solidarité, les générations futures de leur fournir les moyens d'une vie douillette pendant un période de paix et de prospérité que le pays n'avait jamais connu auparavant.


    Maintenant que cette période est révolue, ils poussent des incantations animistes pour que leurs enfants ne profitent pas du même mode de vie qu'eux.

    De leur coté, pour plus de sureté, ils se sont assurés de verrouiller toute possibilité de construction de nouveaux logements. la gestion de la pénurie leur permet de vivre sur une rente de situation pendant cette période de crise.

    Plutôt malin, pour des idiots...

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  2. Je m'en sors par une pirouette : l'égocentrisme est une forme de connerie. Il est vrai que pour des gens qui n'ont aucun sentiment de l'honneur, ça ne compte pas.

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  3. Pour des gens qui ne connaissent pas le sentiment de l'honneur, l'honneur même est une connerie.

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  4. Remarque très juste : dans les commentaires des journaux gauchistes, on trouve souvent que l'honneur (en général, de la France) est un attrape-couillon et que les gens intelligents (c'est-à-dire, en toute modestie, les gauchistes) ne se laissent pas prendre à ces puérilités d'un autre âge.

    Vous savez ce que je pense de cette «intelligence» à courte vue :

    http://fboizard.blogspot.com/2010/08/de-lutilite-de-notions-ringardes.html

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  5. Les libéraux sont les seuls... (??)

    Les libéraux sont les premiers a profiter de la destruction des nations et donc de l'honneur.

    Tu tournes en rond Boizard...

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