Vous vous en doutez, j'approuve l'article ci-dessous d'Ivan Rioufol, décrivant la déroute de la fausse droite, qui en est réduite à prendre comme référence, pour ou contre, les idées et les catégories de la gauche.
Je crois qu'en préliminaire, un commentaire est nécessaire : les idées, cela compte. Cette déclaration qui vous paraîtra un truisme n'en est hélas pas un.
La droite française a pour tradition de négliger le combat des idées (Maurras fut une exception : le maurrassisme, quoiqu'on en pense, fut un des très rares corpus intellectuels de droite à avoir un impact politique), certes, mais depuis la dernière guerre mondiale, elle ne néglige plus le combat des idées, elle l'abandonne, purement et simplement. Elle laisse la gauche occuper seule le terrain des idées et des mots.
Les quelques intellectuels de droite ont été marginalisés par les politiciens de droite eux-mêmes. On pense à ce mot de De Gaulle : «ils sous-estiment tellement le pouvoir de l'intelligence qu'ils négligent de s'en servir».
Or, cette victoire de la gauche, avec l'aide du temps, a modelé le vocabulaire, ce qui fait qu'il devient difficile d'exprimer autre chose que des idées de gauche.
Ainsi, «solidarité» signifie désormais «subvention étatique». Plus important, des hommes prétendus de droite ont sempiternellement à la bouche les termes de «justice sociale» et de «redistribution», qui expriment des idées de gauche. Pour un véritable homme de droite, le social est en dehors du champ de la justice et les revenus ne sont pas distribués mais gagnés.
Quand une NKM nous dit qu'elle ne partage pas les idées de la gauche, mais ses valeurs, là encore, elle pense comme une Degôche, en jugeant la politique au trébuchet de la morale de gauche. Je suis de droite : je ne partage ni les idées ni les valeurs de la gauche. Point barre. Je suis d'ailleurs curieux qu'on m'explique précisément, au-delà des vagues formules du prêchi-prêcha bien-pensant, en quoi prôner la préférence national est indigne d'un parti politique.
Après des années de soumission au magistère intellectuel de la gauche, nos petits opportunistes politiques de droite, qui ne sont pas des intellectuels, ne savent pas échapper à la camisole du vocabulaire qu'ils ont accepté et assimilé. C'est pourquoi ils sont si démunis aujourd'hui, ils ignorent même le vocabulaire élémentaire de la droite : je ne me suis pas amusé à compter l'occurrence des «liberté» et «responsabilité», mais je devine qu'elle est faible.
Ceci étant dit, je vous laisse à l'article de Rioufol :
L'UMP a-t-elle vraiment reçu le message des cantonales?
Par Ivan Rioufol le 28 mars 2011 13h43
"Le message a été reçu", a déclaré ce lundi Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, au lendemain du second tour des cantonales. Comme prévu, les abstentions (55,03%) et le FN en sont les vrais vainqueurs, même si le parti de Marine Le Pen ne décroche que deux cantons, ce qui met un bémol à la "vague bleue marine" qui se heurte encore à des digues. Le PS, qui arrive en tête (35,43%) devant l'UMP (20,00%), se garde avec raison de tout triomphalisme. Car si le FN affiche 11,57% au plan national, ce chiffre ne veut rien dire puisque ce mouvement ne se présentait que dans 403 cantons. Il y a fait des scores dépassant les 20% pour atteindre les 40% et plus (1). Le cordon sanitaire a été rompu, et le front républicain enfoncé. La somme des abstentions et des votes FN rappelle, une fois de plus, l'état d'insurrection civique qui s'est installé dans un électorat ne se reconnaissant plus ni dans la droite ni dans la gauche, soudées dans une même préservation du politiquement correct qui interdit pourtant d'aborder l'ensemble des préoccupations des gens.
A dire vrai, je doute que le message des urnes ait été vraiment reçu à droite, même si Copé a reconnu "l'inquiétude des Français" en citant les délocalisations et les questions migratoires. Tandis qu'il s'exprimait sur RTL, le porte-parole du gouvernement, François Baroin, assurait sur France-Info qu'il fallait "certainement mettre un terme à tous ces débats, comme celui sur la laïcité et l'islam", appelant l'UMP à revenir à des valeurs "profondément républicaines" et à "se concentrer sur l'emploi, les déficits". Une position semblable à celle défendue par Dominique de Villepin qui, sur Canal +, invitait l'UMP à ne pas "braconner" sur les terres du FN. "On revient surtout aux préoccupations des Français : le logement, l'emploi, le pouvoir d'achat ...". Le PS ne dit pas autre chose, quand il assure que la crise est uniquement économique et sociale. Or, ce diagnostic est, à l'évidence, très largement incomplet. L'UMP est-elle décidée à abandonner les réalités au FN ?
C'est cette pensée conformiste et la lâcheté politique qu'elle dissimule qui feront perdre l'UMP en 2012. Car le sentiment d'injustice et d'abandon des Français n'est pas causé uniquement par la perte de leur pouvoir d'achat. Les sondages montrent que l'immigration de peuplement et le communautarisme musulman qui en découle (il se revendique désormais comme tel en exigeant lui-même l'abandon du débat sur l'islam) sont des sujets aussi préoccupants que la paupérisation des classes moyennes. Celles-ci ne comprennent pas qu'un pays sur-endetté, ne pouvant plus offrir ni travail, ni logements, ni protections sociales suffisants à ses propres citoyens, persiste à accueillir légalement tant de monde, sans souci d'intégration contrairement à ce qu'a soutenu Eric Besson, ce matin sur Europe 1 : "Ceux qui croient à l'intégration doivent défendre l'immigration légale et combattre l'immigration illégale",a-t-il dit. Or, les immigrés légaux sont autant dans les ghettos que les clandestins.
L'UMP sera balayée si elle persiste à ne rien comprendre au peuple. Elle aura tout fait pour.
(1) Précision (lundi, 16h): selon le ministère de l'Intérieur, le FN obtient un taux moyen de 35,51% das les cantons où il était présent.
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