lundi, août 15, 2011

Alias Caracalla (D. Cordier)

Daniel Cordier fut à vingt-deux ans le secrétaire de Jean Moulin. Il est son défenseur.

Ce livre étrange est, à travers son récit de résistant, l'éducation sentimentale de Daniel Cordier.

La NRH se demande si Moulin et Cordier, à voile et à vapeur, furent amants. La question me semble sans importance et, pour tout dire, mesquine. Il est clair que Daniel Cordier a été amoureux de Moulin et que cet ainé a façonné sa vie : maurrassien et inculte en art avant sa rencontre avec Moulin, Cordier est socialiste et galeriste d'art moderne après-guerre.

Ce récit d'un style net devient charmeur car il nous introduit sans fioritures dans l'intimité sentimental d'un résistant. Cette proximité doit beaucoup à l'évocation de lieux aujourd'hui encore familiers : la cabine téléphonique où Cordier faisait le guet pour prévenir Moulin de l'éventuelle arrivée des Allemands, lors de la première réunion du Conseil National de la Résistance, rue du four à Paris, existe toujours, elle a juste été modernisée.

La fidélité adamantine de Cordier à la France Libre est rafraichissante : les Français Libres se reconnaissent compagnons entre eux, chevaliers gardiens du Saint Graal, au-delà de toutes les querelles et toutes les divisions. Il faut dire que ceux que Cordier croisent sont entrés en Résistance entre mi-juin 40 et mi-juillet, ils se sentent donc le droit de regarder avec quelque détachement les résistants de 1943 (ne parlons pas des résistants de septembre 44). De ceux-là, seule une poignée survivra à la guerre, et ils ne furent pas les plus bruyants de l'après-guerre.

Moulin nous apparaît comme un personnage attachant. En revanche, les chefs de réseaux sont dépeints sous des couleurs exécrables, notamment Frenay. Cordier va jusqu'à dire que certains se sont réjouis de l'arrestation de Moulin. Hélas, je ne suis pas sûr que ce jugement soit excessif.

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