vendredi, août 26, 2011

Hommage à Steve Jobs

A notre époque où on se demande quel est le talent de bien des patrons de grosses boites françaises, à part se faire des copains utiles et se servir sans scrupules dans la caisse, en gros et en menus avantages, cela fait bien de rendre hommage à Steve Jobs.

Par un rapprochement étrange, mais pas si saugrenu qu'il parait au premier abord, je pense aux adieux du cardinal Lustiger à L'Académie Française. Ou, rapprochement peut-etre plus opportun, à la lettre de Ronald Reagan annonçant au public américain que, atteint de la maladie d'Alzheimer, il entrait dans la nuit (1).

Sur le même thème : Pourquoi le départ de Jobs est terrible. Nous vivons dans un monde vieux et Jobs y apportait de l'originalité. Je suis suis frappé, a contrario, du conformisme et de l'absence d'imagination des dirigeants français, privés ou publics. Ils sont tétanisés à l'idée d'innover, c'est se distinguer et donc prendre le risque d'échouer seul. Ils préfèrent de très loin se fondre dans le troupeau et échouer tous ensemble.

Apple : la vie sans Steve Jobs

L'éditorial de Gaëtan de Capèle.

Il est rare que le départ d'un dirigeant d'entreprise suscite beaucoup d'émoi. Les cimetières étant peuplés de gens irremplaçables, un successeur prend en général aussitôt sa place et la vie continue. Mais tous ne s'appellent pas Steve Jobs. Le charismatique patron ­d'Apple occupe un statut définitivement à part dans le monde des affaires, dont témoigne l'écho planétaire de sa démission.

Au départ, il y a bien sûr cette incroyable success story dont raffolent les Américains, le parcours totalement hors normes de cet orphelin élevé dans un milieu modeste, déjà millionnaire à 23 ans. Ensuite, il y a ce personnage devenu mythique, savamment fabriqué année après année, avec autant de minutie que les produits d'Apple. Patron, certes, mais aussi mi-gourou, mi-rock star, dont chacune des apparitions, travaillée jusque dans les moindres détails, constitue un événement mondial, attendu et suivi en direct par des millions de fans. Et puis il y a cette lutte acharnée contre la maladie, en pleine gloire et au sommet de sa réussite, qui force le respect et achève de bâtir sa légende.

Mais Steve Jobs est bien davantage que tout cela. C'est avant tout un entrepreneur de génie qui, depuis trente ans, révolutionne l'univers de la technologie grand public. La musique avec les iPod, l'informatique avec les ordinateurs iMac puis les tablettes iPad, la téléphonie mobile avec les iPhone, le téléchargement de musique et de films avec iTunes. Avec ses incessantes innovations, comme l'écran tactile, Apple bouleverse en permanence l'univers du numérique. Le groupe américain crée de nouveaux marchés, bouscule l'ordre établi, chamboule les hiérarchies installées. Promus par une politique marketing à nulle autre pareille, ses produits ont envahi les foyers et modifié en profondeur les rapports des consommateurs avec les appareils high-tech, devenus des biens de consommation courante, comme des vêtements à la mode. Degré de sophistication suprême, Apple a créé de toutes pièces un véritable écosystème, dans lequel on communique, on joue ou on achète.

Tout cet édifice, dont l'hégémonie devient par certains côtés un peu effrayante, est l'œuvre de Steve Jobs. Depuis un certain temps déjà, il s'est employé à enraciner une culture d'entreprise, à mettre en place une organisation solide et à installer des hommes de confiance. Son ultime consécration serait que le succès d'Apple lui survive.


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(1) : rien que cette lettre, superbe de simplicité, aurait du suffire à faire changer d'avis les imbéciles qui prenaient Reagan pour un idiot mais c'est à cela qu'on reconnait les cons : ils ne changent pas d'vis

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