The economist s'en étonne. Il n'est pas le seul.
De toutes les élections européennes récentes, la présidentielle française est la seule à avoir passé sous silence le problème de l'endettement public et de la réduction des déficits. Seul Bayrou en parle, mais comme une tactique marketing, dès qu'il s'agit d'être un peu précis, plus personne.
Dans les semaines suivant la présidentielle, peut-être dans les jours ou les heures, il ne va être question que de cela. En effet, la France est désormais le seul pays européen en déficit chronique à ne pas avoir entamé le début du commencement de l'esquisse d'une réforme structurelle. Donc, tout bon investisseur va fuir la dette française. Le scénario est écrit, après la Grèce, le Portugal, l'Espagne, on connaît par coeur.
Or, le taux d'épargne privé record depuis 1983, tant des particuliers que des entreprises, prouve, non plus par des sondages mais par des actes pécuniaires, ce qui est beaucouplus significatif, que les Français ne sont pas dupes de ce silence et pratiquent une équivalence ricardienne d'anthologie (1).
Donc les Français ont compris que l'ère de la consommation financée par les déficits publics est finie et ces déficits les inquiétent au point qu'ils épargnent comme des écureuils en automne.
J'en tire la conclusion qu'il y avait (maintenant, il est trop tard) un créneau pour le candidat "thatcherien" (modéré, à la française), partant en campagne très tôt de manière à acclimater ses thèmes. Marine Le Pen, François Bayrou et, très loin derrière, Nicolas Sarkozy étaient les candidats "naturels" pour ce type de programme.
Qui plus est (cette analyse n'engage que moi), je pense que ce créneau est gagnant : celui qui montre une voie crédible pour se sortir de la m..de à de sérieuses chances de l'emporter. Car la crédibilité des candidats actuels, telle que mesurée par les sondages, n'est vraiment pas terrible. Un programme cohérent et réaliste, même difficile, appuyé sur la pédagogie (donc une campagne longue), avait ses chances. Les temps ont changé depuis les 3 % de Madelin (je pense que les scores de Mélenchon sont en trompe-l'oeil ; ils sont acquis sur une population bobo petit-fonctionnaire dont on exagère l'importance).
Pourquoi personne ne l'a saisi ? C'est à mes yeux un mystère : j'envisage la politique moderne comme du marketing, j'ai du mal à comprendre qu'un créneau ne soit pas occupé.
La seule explication que je trouve est désespérante : tous les candidats méprisent les Français, ils sont tous d'accord pour les croire incapabes d'entendre le discours de l'effort.
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(1) : Ricardo, à l'opposé du keynésianisme, prétendait que les acteurs économique anticipaient les hausses d'impots par de l'épargne équivalente, d'où l'inefficacité de la "relance" par la dépense publique.
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