Nous vivons une campagne présidentielles extraordinaire : le libéralisme économique et le conservatisme moral, qui sont à mes yeux les remèdes de nos maux, ont complètement été éliminés du paysage politique.
Tous les candidats, sans aucune exception, se réclament de l'étatisme en économie (ce même étatisme qui échoue tant et plus depuis quarante ans) et d'un certain progressisme (il y a plus de nuances) dans les moeurs, ce même progressisme qui ronge comme l'acide notre société, la divisant en passions communautaires et individualistes ennemies, matrice de la guerre de tous contre tous.
Qu'on nous propose comme solutions les causes mêmes de nos malheurs, c'est fort de café ! Bien sûr, on peut se contenter de reprendre la citation de Bossuet qu'affectionne Zemmour (j'ai des raisons de croire qu'il l'a découverte sur ce blog ou un blog ami) : «Dieu rit des hommes qui se plaignent de maux dont ils chérissent les causes».
Mais il faut s'efforcer d'analyser.
La mission de l'Etat a été pervertie : de simple acteur de travaux mis en commun, les missions régaliennes, police, justice, défense, diplomatie, il est devenu la Providence, soulageant les hommes de leurs trop pesantes responsabilités.
Or, il y a plus qu'une coïncidence entre les deux guerres mondiales et la naissance de ce mythe de l'Etat-providence. Les Etats, en Allemagne, aux USA, en URSS et en France, se sont révélés de formidables machines pour mobiliser totalement des pays dans un but unique : faire la guerre et, si possible, la gagner. Or, cette efficacité aimantée par un objectif clair n'était pas transposable au temps, beaucoup plus complexe, de la paix. Mais on ne l'a pas compris.
Mais alors, me direz-vous, pourquoi les Etats n'ont-ils pas, après leur crue, regagné leur cours naturel ? On a bien du s'apercevoir de cette inefficacité étatique en temps de paix ? Bien sûr. Effectivement, les Etats se sont dégonflés. Puis ils ont repris leur croissance.
C'est là qu'à mes yeux intervient le noyautage gauchiste. Il me semble qu'il n'a nulle part mieux réussi qu'en France. En pervertissant des institutions essentielles de la vie libre et démocratique, il a mis notre pays devant le fait accompli étatiste : aujourd'hui, on ne sait plus poser le débat public qu'en termes étatistes. Réussite stupéfiante qui rappelle la maxime de Goebbels : «Le but n'est pas de convaincre les gens de nos idées, mais de changer le vocabulaire de telle manière qu'on ne puisse plus exprimer que nos idées». Par exemple, les termes vedettes de cette campagne présidentielle «justice sociale» et «justice fiscale» sont totalement vides de sens. Ils ne résistent pas à dix minutes de discussion (faites le test autour de vous : demandez à un gauchiste de vous expliquer ce qu'est la justice sociale, il ne faut pas longtemps avant qu'il soit à bout d'arguments), et pourtant, on n'entend plus qu'eux.
Ce noyautage socialiste est passé par trois organes, chacun d'eux voyant sa mission transformée dans la tête de ses praticiens de manière à lui ôter toute force en tant que pilier de la société :
> l'école : d'«instruire», sa mission est devenue «réduire les inégalités». La racine des maux de l'école est là. Le reste est important mais pas essentiel.
> la justice : de «protéger la société», sa mission est devenue «protéger les droits des justiciables» ce qui, en pratique, devient «protéger les criminels».
> la presse : d'«informer», sa mission est devenue «faire de la pédagogie», c'est-à-dire «endoctriner».
Ainsi, le socialisme a pu, petit à petit, conquérir l'espace public.
D'hommes libres vivant dans une société reposant sur quelques solides piliers, nous sommes devenus des grands enfants, disposant de quelques licences et d'argent de poche, mais tout de même sous tutelle étatique.
Si les agents du Komintern nous voient là où ils sont (ça m'étonnerait qu'ils soient au paradis), ils peuvent être satisfaits de leur travail de sape.
Il n'y a pas de contre-noyautage de droite possible, car le noyautage suppose une mentalité, des valeurs, un comportement et une vision du monde qu'on ne trouve qu'à gauche. En revanche, il y a une solution simple : réduire l'étendue de ce qui peut être noyauté, autrement dit, privatiser. Car on ne peut vraiment noyauter que des mammouths. Dès qu'on se retrouve dans la diversité d'une économie libre, le noyautage devient beaucoup plus difficile.
C'est pourquoi je crois que la banqueroute étatique qui se profile, parmi tous les malheurs qu'elle nous promet, recèle aussi quelques espoirs.
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