Quelle est l'autorité en politique d'un ingénieur, d'un médecin, d'un magistrat, d'un linguiste, d'un historien, d'un pharmacien, d'un journaliste, d'un généticien ?
Nulle. Ou à peu près. En tout cas, ils n'ont pas plus d'autorité qu'un paysan creusois. L'histoire le prouve d'abondance : les intellectuels parisiens ont dit beaucoup plus de conneries politiques que les paysans creusois.
C'est simple à expliquer : l'intelligence d'un intellectuel est validée par les autres intellectuels. Donc, pourvu que tout le monde soit d'accord, on peut soutenir de grossières conneries. Il y a même un mécanisme grégaire qui provoque l'émulation dans la connerie.
A l'inverse le paysan creusois peut soutenir les plus belles théories horticoles du monde, si ça ne veut pas pousser, ça ne pousse pas.
Hélas, il y a une révérence imméritée pour les intellectuels en politique : c'est le mythe de l'ouvre-boite qui ouvre toutes les boites. Si Einstein est si fort en physique, il ne doit pas être con en politique. Si Axel Kahn est si doué en génétique, il doit parler d'or en politique.
Mythe ayant reçu des démentis cinglants : je ne n'aurais pas assez d'une semaine pour dresser la liste des cadors dans leur domaine qui ont soutenu des horreurs risibles en politique.
A qui ferais-je confiance ? Au retraité, au dilettante, au rentier, à celui qui a le temps de se renseigner sans s'abrutir. La politique doit être une occupation, non une profession. Mais une occupation sérieuse, où on prend le temps de remettre cent fois l'ouvrage sur le métier.
Parmi les professions intellectuelles, je ferais deux exceptions, qui peut-être (et encore) errent moins que les autres en politique : ingénieur et médecin (je dis bien médecin, pas chercheur en médecine).
Pourquoi ? Parce que je suis ingénieur et qu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même !
Plus sérieusement, ce sont des professions, au moins dans certains cas, où la réalité empêche la fascination pour les constructions intellectuelles trop parfaites, limite l'engouement pour ses propres idées, où il y a nécessité d'un certain pragmatisme.
L'avion qui tombe, pour l'ingénieur, ou le malade qui meurt sur la table d'opération, pour le médecin, sont des rappels à la modestie dans son analyse.
Je n'ai pas d'exemple d'ingénieur en politique. En revanche, j'ai un exemple de médecin : Clemenceau.
lundi, mai 07, 2012
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