Ce matin, Sa Majesté Normale était fort contrariée. Sa séance de flagellation par Son Altesse Normale ne lui avait pas procuré le plaisir attendu. Elle se mit au travail en bougonnant.
Entourée de son cercle intime des trente plus proches conseillers, Sa Majesté Normale était sur le point de prendre une décision. On le sentait à son air encore plus lunaire que d'habitude. Vous imaginez la fébrilité qui régnait dans l'entourage devant cette situation inhabituelle. On attendait une sorte d'oracle.
On se murmurait des pronostics, on s'échangeait des supputations, on glissait dans la conversation, mine rien, des hypothèses. Mais on prenait garde de ne point trop le faire sentir à Sa Majesté Normale de peur qu'un souffle n'interrompe ce processus rare et fragile, quasi-miraculeux : Sa Majesté Normale décide.
L'effervescence est montée toute la matinée. Au déjeuner, pris dans l'intimité de ses cinquante serviteurs et de son Altesse Normale la Première Concubine, Sa Majesté Normale demeura étrangement silencieuse, ne distillant aucun de Ses bons mots et de Ses traits d'humour qu'on se répète à la Cour Normale comme autant de paroles historiques. Sa Majesté Normale méditait.
Au Palais, ce n'était plus un secret pour personne, même le commis aux cuisines en était conscient, Sa Majesté Normale murissait une décision. Ainsi finit le déjeuner : dans un silence que l'attente tendait.
Le travail repris l'après-midi. L'annonce était imminente.
Puis, soudain, la catastrophe survint. Le Premier Ministre, le marquis Jean-Marc des Seychelles, en visite au Palais, entra dans le bureau Normal avec sa mine des mauvais jours :
«PM : _ Sire, je viens d'apprendre une bien fâcheuse nouvelle.
SMN : _ L'impératrice Angela refuse de payer ?
PM : _ Pire, Sire. Son Altesse Normale la Première Concubine ...
SMN : _ Dites, enfin ! Ne me faites pas languir !
PM : _ Voilà : Son Altesse Normale la Première Concubine a posté un tweet assassin pour la Mère Normale des Enfants Normaux.»
Que s'était-il passé ? Son Altesse Normale la Première Concubine se rongeait les sangs de n'avoir pas procuré à Sa Majesté Normale le plaisir attendu. Croyant bien faire, Elle se dit qu'un petit coup de fouet, par Twitter interposé, serait de nature à réveiller les vigueurs endormies de Sa Majesté Normale. «Et comme ça, il saura qui c'est le chef !» lança-t-elle à ses dames d'atour. Elle ne mesura pas bien les conséquences.
Effondrée à l'annonce de ce cataclysme, Sa Majesté Normale, après un moment d'hébétude, passa des heures au téléphone avec Laurent, Martine, Ségolène, Jean-François pour essayer de limiter les dégâts.
Ce soir, harassée, Sa Majesté Normale se retira de sombre humeur dans Ses appartements et lâcha : «Cette affaire arrive à un bien mauvais moment. J'allais vous annoncer ma décision concernant concernant la couleur du papier de la chambre Présidentielle Normale».
mardi, juin 12, 2012
Chroniques de la Cour Normale : rien ne sert de pleurer sur le tweet renversé
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