samedi, septembre 22, 2012

A propos de la corrida

Le conseil constitutionnel ne sanctionne pas la corrida.

Je ne suis pas un aficionado, mais l'argument de la cruauté, utilisé par les opposants, me fait bien rire dans une société qui rembourse sans sourciller 200 000 avortements par an, ou, si vous préférez un parallèle plus léger, qui tolère que l'abattage rituel soit en pleine expansion.

A moins d'être végétarien, l'homme tue pour se nourrir. Et il finit lui-même par mourir.

Que la mise à mort rituelle de quelques taureaux vienne rappeler le pathétique de la condition humaine, naturelle et sauvage, me paraît sain. En tout cas, plus sain que se voiler la face sur la nature humaine.

Il y a autour de l'interdiction de la corrida la même hystérie qu'autour du mariage homosexuel, de l'interdiction de la chasse ou de l'euthanasie parce qu'il s'agit du même mécanisme de défense.

Des gens qui ne supportent pas de regarder l'homme en face (un couple homosexuel ne peut pas avoir d'enfant, l'homme tue, la vieillesse est un naufrage) exigent de la société qu'elle les aide à fuir leur condition et, autant qu'elle le peut, fasse advenir un homme nouveau.

Notre société n'a jamais été si déshumanisée, mais on voudrait accélérer le mouvement, couper encore plus les racines et les traditions de manière à ce que nous ne soyons plus, définitivement, que des producteurs-consommateurs numérotés, étiquetés, aseptisés et collés devant la télé. Nous fuyant nous-mêmes dans le divertissement.

C'est cette quête vaine de la fuite de soi-même qui nourrit l'hystérie des anti-corrida : ils ne supportent pas la mort de quelques taureaux parce qu'elle est publique et leur rappelle qu'eux-mêmes vont mourir. En revanche, la mort de quelques millions de bovins par an pour l'industrie alimentaire ne les dérange pas puisque, étant cachée, elle ne vient pas leur rappeler leur propre mort.

Sachant que la quête de l'homme nouveau finit au goulag ou dans des cités-dortoirs ressemblant à des élevages de poulets en batterie, vous me permettrez de préférer l'homme ancien, cruel (mais qui est capable de ritualiser ses cruautés), qui souffre et qui meurt.

Et si, pour rappeler cet homme ancien, la mise à mort de quelques taureaux est nécessaire, ces braves bêtes ne seront pas mortes pour rien.




Et pour nos amis des bêtes, un taureau gracié (c'est exceptionnel, quand il s'est montré particulièrement brave. Une fois soigné, il passera le reste de sa vie à brouter et à baiser comme un fou) :

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