Ce livre raconte l'histoire des Corps Francs allemands entre 1918 et 1923.
On comprend que ce sujet ait attiré Dominique Venner, jeune parachutiste en Algérie, membre de l'OAS, emprisonné à la Santé. Le plus célèbre personnage des Corps Francs, Ernst Von Salomon les a appelés Les réprouvés.
Octobre-novembre 1918 : le Reich Allemand se dissout dans la défaite, la famine et la misère. On meurt de faim en Allemagne à cette époque.
Dans ce chaos où l'ordre se volatilise, les communistes prennent le pouvoir localement, à Kiel, à Berlin. Une république soviétique indépendante est proclamée en Bavière. Elle durera six mois, avec tous les attributs de la république soviétique : exécutions sommaires, tueries de masse et terreur.
L'armée qui, quelques jours plus tôt, était le symbole de l'ordre allemand disparaît : les soldats lâchent leur fusil et rentrent chez eux, aussi simplement que je l'écris.
Des officiers, des soldats endurcis par la guerre («La guerre, notre mère» écrit Ernst Jünger) et des étudiants prêts psychologiquement à partir à la guerre, qui n'envisagent pas d'autre vie que dans l'aventure et dans l'ordre, se regroupent volontairement. Ils trouvent dans un premier temps un modus vivendi avec la république de Weimar, qui a besoin d'eux, avant qu'ils ne divorcent.
Les combats entre Corps Francs et milices communistes sont réglés à coups de mitrailleuses et de canons, parfois aussi de chars d'assaut, il y a même un cas de bombardement aérien, dans les rues de Berlin et de Munich. Les morts se comptent par milliers.
Les Corps Francs combattent en Baltique, repoussant les Soviétiques et retrouvant la mission des chevaliers teutoniques, faire barrage aux hordes de l'est.
Ces Corps Francs font le ménage sans pitié. Ernst Von Salomon participe à l'assassinat du ministre Rathenau. On a attribué, avec un simplisme digne d'Anne Hidalgo, cet attentat à l'antisémistisme, c'est un peu plus fin : Rathenau représentait le cosmopolitisme et la dégradation de l'homo sapiens en homo economicus.
Beaucoup de nazis font leurs classes dans les Corps Francs (Hess, Himmler, Hitler lui-même) mais l'idéologie des Corps Francs, conservateurs et aristocratiques, colle mal avec celle du nazisme, révolutionnaire et plébéien. D'ailleurs, le nazisme vient plutôt du sud de l'Allemagne, Bavière et Tyrol, tandis que les Corps Francs sont d'esprit prussien.
C'est pourquoi des membres des Corps Francs, dont Salomon, deviennent anti-nazis tandis que d'autres font carrière dans le régime hitlérien.
On peut comprendre, sans approuver, que devant la perspective, réelle ou exagérée, du retour de telles violences, beaucoup préfèrent le nazisme.
Ces nuances sont importantes, surtout pour des lecteurs de 2012 assommés par un récit manichéen (et stupide) de l'histoire. Cet épisode est généralement ignoré des Français.
En nos temps où les politiciens oeuvrent avec constance, incompétence et lâcheté à détruire tout ce qui fait l'ordre de nos sociétés, il n'est pas inutile de rappeler le potentiel de violence que recèle le désordre.
samedi, octobre 06, 2012
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