Il faut remettre Mobius, le denier film d'Eric Rochant, dans son contexte.
Lorsque Les Patriotes, autre film d'espions de Rochant, a été présenté à Cannes en 1994, les commentaires de sortie de projection étaient plutôt positifs. Puis, en quelques heures, s'est installée, parmi l'intelligentsia germanopratine (qui n'est pas du tout moutonnière et pleine d'esprits libres) déplacée sur la Riviera (que c'est pénible de défendre l'ouvrier, la veuve et l'orphelin. On se sacrifie en vivant dans des conditions atroces), l'idée que ce film était «pro-sioniste» (quelle horreur !). Et là, les critiques qui disaient plutôt du bien la soirée précédente sont venus expliquer, avec un air dégouté de gouine à qui on dit qu'elle sent la bite, combien ce film était mauvais (mais on fait de la critique cinématographique, hein. Pas de la propagande politique, hein).
Depuis, Rochant est un cinéaste «inégal» (comprendre : «des fois, il fait des films de gauche, c'est du très bon cinéma ; des fois, il fait des films de droite, c'est du très mauvais cinéma. Mais on fait de la critique cinématographique, hein. Pas de la propagande politique, hein»).
Vous voyez le genre, qui donne envie de fusiller dans le dos tout ce petit monde téléramesque, avec du gros sel, histoire que l'agonie soit bien longue et douloureuse.
Bref, Mobius ne présente pas les Russes comme des mangeurs d'enfants musulmans. Le qualificatif «pro-poutinien», presque aussi infamant -et aussi fantasmé- que «pro-sioniste», est sous-entendu. Pour l'Immonde, L'Aberration et le Nouveau Délateur, c'est un mauvais film (mais on fait de la critique cinématographique, hein. Pas de la propagande politique, hein).
Pour notre part, essayons de revenir au cinéma.
Mobius a deux défauts : une intrigue un peu trop complexe (le cinéma français souffre beaucoup du manque de scénarios nets, professionnels, bien travaillés, du début à la fin. Pourtant, avec le tombereau de subventions qu'ils reçoivent, les producteurs doivent pouvoir se payer ça, non ?) et une caméra crispée, la mise en scène manque de fluidité.
Paraît que Rochant s'inspirait de Notorious. C'est raté, il n'est pas Hitchcock (le scénario de Notorious était bien plus simple).
Pour le reste, c'est un bon film d'espionnage, les acteurs, premiers rôles et seconds rôles, sont très bien. Il y a des passages excellents, notamment chez les méchants. Je vous conseille d'aller le voir.
dimanche, mars 03, 2013
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