vendredi, mars 21, 2014

1914-2014 : les mêmes somnambules ?

Comme le rappelle opportunément Dominique Jamet, les premiers coups de feu de la guerre de 14 ont été tirés le 16 mars 1914, lorsque Mme Caillaux a abattu dans son bureau Gaston Calmette, le directeur du Figaro, qui menait une campagne infamante contre son mari de ministre.



En effet, Joseph Caillaux était le seul homme politique français susceptible de s'opposer au revanchard Poincaré et d'éviter la guerre en 1914 comme il l'avait évitée en 1911.

Contrairement à la légende noire des européistes, ce ne sont pas les nationalismes qui ont provoqué cette catastrophe. Les peuples n'y sont pour rien, ni de près ni de loin, ils n'ont pas été consultés, directement ou indirectement, on n'a pas eu le temps de prendre leur pouls.

Tout s'est joué dans les chancelleries, autour d'une poignée d'hommes qui n'ont pas vraiment eu envie de sauver la paix : Poincaré, Guillaume II, Nicolas II ... Ils ont marché comme des somnambules et ont jeté l'Europe dans le précipice. Rien ne les obligeait à transformer un conflit balkanique en suicide européen.

Peut-être que si Mme Caillaux n'avait pas tué Gaston Calmette, tout cela aurait été évité. Avec des si ...

Quand je vois, en 2014, la technocratie bruxelloise jouer avec le feu en Ukraine, en toute inconscience, hors de tout contrôle démocratique, au nom d'une utopie européiste complètement folle, détachée des réalités,  quand je vois le gouvernement français prendre une position anti-russe primaire, j'ai la même impression de voir des somnambules au bord du précipice.

La situation intérieure est aussi délétère qu'en 1914 : certes, Nicolas Sarkozy n'est pas Joseph Caillaux, mais comment prendre de bonnes décisions internationales, dans un climat serein, après un débat honnête, quand on traite un ancien président de la république comme le gouvernement Hollande traite Nicolas Sarkozy ? Et Nicolas Sarkozy lui-même, est-il à la hauteur ?

Je ne crains pas une conflagration guerrière à l'ancienne mais une série de conflits en périphérie sur fond d'une tension géopolitique très dommageable pour l'économie et qui appauvrirait tout le monde (sauf l'oligarchie mondialisée, qui s'en sort toujours).

Je sais bien que la politique à suivre vis-à-vis de la Russie n'est pas facile, à la fois signifier un coup d'arrêt à ses visées expansionnistes et ne pas s'en faire un ennemi irréductible, mais quoi ? C'est pour cela que nous élisons des gens supérieurement intelligents, non ? En tout cas, en ce moment, je temporiserai. Je laisserai la situation refroidir, les opinions publiques et les medias passer à autre chose. Je désamorcerai, quitte à avoir de sérieuses discussions dans quelques mois.

Je crains, par dessus tout, la médiocrité de nos politiciens. Comment faire confiance à un Fabius, à un Hollande, à un Copé ?

Mais rassurez vous : comme d'habitude, ce ne sont pas ceux qui auront pris les mauvaises décisions qui en subiront les conséquences. Paul Doumer a perdu quatre fils à la guerre, cela n'arrivera plus.

Addendum : visiblement, je ne suis pas seul dans mon inquiétude. Cela ne me rassure pas :

In between the Crisis and the Catastrophe - Please Read This



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