Le 5 septembre 1914, Charles Péguy est tué à l'ennemi, dans un champ de betteraves de Villeroy. La grande tombe et le monument existent toujours. Il est facile de s'y rendre en venant de Paris.
Cette mort a été tellement célébrée et récupérée, pas toujours dans des conditions d'honnêteté et de respect parfaites, qu'il est inutile d'insister.
Il est juste et conforme à nos temps de grande misère intellectuelle et morale que la commémoration officielle du 7 septembre ne comporte que des personnalités politiques mineures (mais un évêque viendra). Quand on voit qui et comment elle commémore, on peut juger notre époque, au moins du coté de la classe dirigeante. Car les humbles ont rendu à Péguy l'hommage qu'il mérite :
Une messe était célébrée ce soir à Ste Clotilde.
Il est de bon ton d'écrire que Péguy reste très actuel. Certes. Ce sont des mots qui ne coutent rien : nos contemporains seraient horrifiés s'ils lisaient vraiment Péguy, non parce qu'il écrit le mot «race», qui n'effraie que les imbéciles nominalistes, mais parce que ses écrits sont subversifs. Ils condamnent notre époque avec des bruits de tonnerre et des éclairs d'épouvante.
Comme Chesterton, il insiste sur la maladie spirituelle de nos temps de malheurs, malheurs non pas physiques, malheurs de l'âme.
Péguy n'est pas une grenouille de bénitier, un écrivain de bondieuseries. Comme non-marié à l'église, il est exclu des sacrements. Mais il a écrit l'extraordinaire Mystère de la charité de Jeanne d'Arc.
Quelques citations de Péguy (empruntées à Maxime Tandonnet) :
- Dans le monde moderne, c’est l’ingratitude qui est rituelle; c’est elle qui est devenue comme un devoir, une obligation, presque une fidélité.
- Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir. Et les lâches sont des gens qui regorgent d’explication.
- Ceux qui se taisent, les seuls dont la parole compte.
- On n’a pas le droit de trahir les traîtres mêmes. On n’a jamais le droit de trahir. Les traîtres, il faut les combattre, pas les trahir.
- On ne remplace personne. On ne remplace rien. Tout est irréversible.
-Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique.
vendredi, septembre 05, 2014
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