samedi, décembre 20, 2014

Zemmour et la télé : je ne comprends pas

Je ne comprends pas Eric Zemmour : qu'il s'installe en Suisse, en Belgique ou en Grande-Bretagne et qu'il crée sa chaine You Tube payante à 5 € par mois.

Si un lecteur sur vingt s'abonne, cela lui fait du 100 000 € par mois, avec moins d'impôts qu'en France et aucune censure. Avec ça, on fait vivre une famille dans l'aisance.

Il acquerra un coté Victor Hugo (un enfoiré, mais c'est une autre histoire) qui ne devrait pas lui déplaire. Je le verrais bien déclamer sur une chaine brouillée style Les Français parlent aux Français :

Ultima verba

... Quand même grandirait l'abjection publique
A ce point d'adorer l'exécrable trompeur ;
Quand même l'Angleterre et même l'Amérique
Diraient à l'exilé : - Va-t'en ! nous avons peur !
Quand même nous serions comme la feuille morte,
Quand, pour plaire à César, on nous renîrait tous ;
Quand le proscrit devrait s'enfuir de porte en porte,
Aux hommes déchiré comme un haillon aux clous ;

Quand le désert, où Dieu contre l'homme proteste,
Bannirait les bannis, chasserait les chassés ;
Quand même, infâme aussi, lâche comme le reste,
Le tombeau jetterait dehors les trépassés ;

Je ne fléchirai pas ! Sans plainte dans la bouche,
Calme, le deuil au coeur, dédaignant le troupeau,
Je vous embrasserai dans mon exil farouche,
Patrie, ô mon autel ! Liberté, mon drapeau !

Mes nobles compagnons, je garde votre culte ;
Bannis, la République est là qui nous unit.
J'attacherai la gloire à tout ce qu'on insulte ;
Je jetterai l'opprobre à tout ce qu'on bénit!

Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre,
La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non !
Tandis que tes valets te montreront ton Louvre,
Moi, je te montrerai, César, ton cabanon.

Devant les trahisons et les têtes courbées,
Je croiserai les bras, indigné, mais serein.
Sombre fidélité pour les choses tombées,
Sois ma force et ma joie et mon pilier d'airain !

Oui, tant qu'il sera là, qu'on cède ou qu'on persiste,
O France ! France aimée et qu'on pleure toujours,
Je ne reverrai pas ta terre douce et triste,
Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !

Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente,
France ! hors le devoir, hélas ! j'oublierai tout.
Parmi les éprouvés je planterai ma tente :
Je resterai proscrit, voulant rester debout.

J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme,
Sans chercher à savoir et sans considérer
Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme,
Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.

Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !


Après, il ne lui restera plus à notre Riton national qu'à attendre le retour d'exil triomphal et la mise au Panthéon ! Cela ne peut pas ne pas le faire rêver.

Je vois bien Philippe Bilger prononcer l'éloge funèbre : «Entre ici, Eric Zemmour, avec ton cortège de chroniqueurs assassinés d'une censure en plein coeur ...».

Nota : il y a des gauchistes qui ne sont pas encore rendus totalement fous par le politiquement correct : Jean-François Kahn : «Eric Zemmour est victime d'une fatwa médiatique»

Addendum :

Bien sûr, il y a de l'ironie dans mon propos.

Mais aussi une vraie question. Philippe Nemo explique très bien que la parole publique, indispensable à la démocratie, est la parole qu'on ne peut pas ignorer, de notoriété publique, la parole que tout le monde sait que tout le monde connaît.

Or, l'instrument privilégié, presque unique, de cette parole publique, est la télévision.

A contrario, internet est très faible de ce point de vue : à part quelques videos et quelques tweets débiles, il n'y a pas grand'chose de ce qui se passe sur internet qui soit devenu de notoriété publique. Rien de ce qui se dit sur internet n'intègre le débat public (à part les tweets).

C'est pourquoi Philippe Nemo est très pessimiste sur la possibilité de combattre la régression intellectuelle de la France tant que la télévision sera sous contrôle de la bien pensance (et ce contrôle est garanti par les lois Pleven, Gayssot, Taubira et compagnie).

Mais je me demande si internet ne devient pas de notoriété publique. D'où mon audacieuse suggestion à Eric Zemmour.


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