mardi, juin 23, 2015

La passion italienne

La France connaît, de 1494 , date de la descente de Charles VIII en Italie, à 1589, date de la mort d’Henri III, dernier fils de Catherine de Médicis, une poussée de passion italienne.

 Montaigne moque ces Français qui comptent les pas de la Santa Rotonda :

«Or, à cet apprentissage [idéal, selon Montaigne], tout ce qui se presente à nos yeux sert de livre suffisant [à notre écolier] : la malice d’un page, la sottise d’un valet, un propos de table, ce sont autant de nouvelles matieres. A cette cause, le commerce des hommes y est merveilleusement propre, et la visite des pays estrangers, non pour en rapporter seulement, à la mode de nostre noblesse Françoise, combien de pas a Santa Rotonda [Sainte Marie des martyrs], ou la richesse des calessons de la Signora Livia, ou, comme d’autres, combien le visage de Neron, de quelque vieille ruyne de là, est plus long ou plus large que celuy de quelque pareille medaille, mais pour en raporter principalement les humeurs de ces nations et leurs façons, et pour frotter et limer nostre cervelle contre celle d’autruy.»

C'est bien beau de critiquer. Pourtant, Montaigne lui-même s'intéressa de fort près, si ce n'est aux caleçons de la Signora Livia, aux Italiennes.

Deux reines de France importantes furent d'origine italienne, Catherine de Médicis et Marie de Médicis, élégamment surnommée «la grosse banquière» par son époux, Henri IV.

De même que la découverte de l’Amérique a détourné l’Espagne de poursuivre la Reconquista au Maghreb, ce qui aurait changé bien des choses, l’Italie a sans doute détourné la France de la colonisation de l’Amérique du nord.

Même dans les regrets, elle s'exprime :


Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Bien sûr, cette passion italienne renaîtra quelques fois de ses cendres, -Stendhal, es-tu là ?

Elle vit toujours.



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