Une erreur de jugement de Simon Leys. Et une belle !
Il fallait bien que cela finisse par arriver. Ainsi, personne n'est parfait, même pas Simon Leys. Ca tombe bien, car Dieu seul est parfait.
Dans sa correspondance avec Pierre Boncenne, Simon Leys rapporte avoir ri en lisant qu'il y avait inscrit sur une tombe «Propriétaire».
Il n'y a vraiment pas de quoi se moquer. C'est idiot de sa part.
Cela me rappelle le dialogue de Jean Gabin avec le policier qui l'interroge dans La Horse :
Policier : Profession ?
Gabin : Propriétaire.
Policier : C'est pas une profession, ça, propriétaire.
Gabin : Pour moi, ça l'est.
Et cela m'a rappelé aussi autre chose : un jugement excessif et méprisant de Jean-François Revel, ami de Leys, sur Saint-Exupéry.
On retrouve, peut-être dans des moments d'étourderie, chez ces deux hommes remarquables, Leys et Revel, le mépris des penseurs pour les faiseurs. Ils sont toujours guettés par le danger de donner aux mots et aux idées plus de valeur qu'ils n'en ont.
Entre un propriétaire normand et un aviateur ouvreur de lignes qui marchent d'un coté et deux philosophes assis de l'autre, je ne suis pas sûr de préférer les seconds.
Peut-être est-ce là, de ma part, la vieille défiance du scientifique pour le littéraire, toujours soupçonné de se payer de mots.
Cela ne m'empêche pas d'admirer Revel et Leys, mais à leur juste place.
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