Après Matzneff et les Bisounours, Debray et les Biounours.
Régis Debray argue que la France est sortie de l’histoire parce que l’histoire, « c’est là où passe la mort et où on sort les armes ».
Les propos de Debray sont inaudibles de nos jours. Je sais, j'ai fait le test. Pourtant, à l'issue de la guerre de 14, Jünger écrivait encore : « La guerre, notre mère». Et à ceux qui disent qu'il n'y a pas pire que la guerre, je réponds qu'il y a pire : la défaite et la servitude.
Debray et Madame H : la France est sortie de l’Histoire et ce ne sont pas les attentats du 13 novembre qui l’y feront reprendre sa place
Bien sûr, c'est moi qui souligne.
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La France est sortie de l’histoire selon Régis Debray, et ce ne sont pas avec les récents attentats meurtriers du 13 novembre 2015 qui ont frappé notre pays dans la chair de sa jeunesse que Madame H revient pour autant frapper à notre porte.
Fin de l'Histoire
Publié le 7 Décembre 2015 par Isabelle Marchandier
[…] Pourtant les armes, la France les a sorties, pourrait-on lui rétorquer. La France ne cesse d’intervenir militairement : en Afghanistan jusqu’à l’an dernier, en Libye, au Mali, au Niger, en République Centre Africaine, au Nigeria face à Boko Haram, sans compter les derniers bombardements sur l’Etat islamique… La France mène la guerre à l’extérieur et à l’intérieur contre les terroristes islamistes de Daech. Mais voilà, les tirs de kalachnikov du 13 novembre 2015 et les 5000 munitions tirées par le RAID et la BRI lors de l’assaut à Saint Denis contre le commando terroriste ne résonnent pas aux oreilles de Régis Debray, comme le bruit et la fureur de l’Histoire.
Certes, avec ces dernières attaques terroristes, l’histoire nous a rattrapé avec violence, reconnait-il au micro de Taddeï, mais pourtant elle nous a quand même quitté. C’est sur ce constat paradoxal que Debray déroule sa vision d’un pays qui se déclare en guerre et qui pourtant n’est pas en mesure de la mener parce que « malgré les belles tirades rhétoriques, on n'a pas les moyens mentaux et psychologiques pour aller affronter Daesh »
La faute à qui ?
Comme Philippe Muray et sa diatribe contre l’Empire du Bien, Debray tempête vers la fin de son essai, contre ce pays qui est passé sous « la coupe du Bien » rappelant, avec une pointe de cynisme, que « si la guerre est un fléau, la paix n’est pas la panacée, s’il y a des dommages de guerre, il y a aussi des dommages de paix » : moralisation de l’histoire vouée à la repentance et au politiquement correct, suppression du service militaire, pourtant pourvoyeur de discipline, d’éducation et de mixité sociale, éclipse du héros pour laisser place à la victime. Nombreux sont les maux de la Paix. Et le prochain sur la liste des mauvaises moeurs à éliminer: le scoutisme,« la tendre férocité du Bien trouvera bientôt dans le chant de marche, le feu de camp et le chef de patrouille de sérieux motifs d’inquiétude. » avertit notre intellectuel va-t-en guerre.
Pour Debray, la guerre fait partie de l’histoire-évènement et préserve la santé éthique d’un peuple. Devant le péril de la mort, les corps avachis se redresseraient, les consciences ramollies se réveilleraient, les affectes les plus nobles se manifesteraient et la nation toute entière, obligée de se confronter à son destin, se rehausserait. « L’histoire c’est là où la mort passe » explique-t-il au micro de Taddeï, c’est lorsque le peuple se sacrifie pour un dessein qui le dépasse et qu’il le fait parce qu’il est habité par un « sentiment de l’histoire », c’est-à-dire « par cette obligation d’honorer la dette contractée envers ses ancêtres et de s’élever à leur hauteur ».Or, en France ce sentiment de l’histoire a été étouffé par l’antimilitarisme européiste et transnational mais également par le dogme de la réussite individuelle qui a rendu inconcevable tout affrontement physique.
Il suffit de voir la réaction des jeunes parisiens à la suite des attentats pour se rendre compte de ce « mal d’histoire » pointé du doigt par l’intellectuel. A la place d’une levée en masse clamant une résistance guerrière et du retour à la circonscription nationale que notre intellectuel, résistant dans l’âme, attendait, on a vu apparaitre sur Facebook des invitations à participer à des soirées de cuite nationale et de partouzes géantes comme si toutes ces provocations libérales libertaires étaient la meilleure façon de résister face aux terroristes de Daesh dont la mort, comme le rappelle Debray au micro d’Europe 1 est « une espérance alors que pour nous c’est un désespoir ».
Blasphème lancé au dogme du pacifisme européen pour les uns, injure jetée à la mémoire des Poilus pour les autres… cet éloge de la guerre - horresco referens- risque d’en indigner plus d’un ! Mais Régis Debray n’est pas du genre à s’excuser pour ses idées malpensantes réfractaires au conformisme ambiant.
Pourtant aussi loin que va sa critique contre ce pacifisme cotonneux, il ne s’aventure pas dans son essai jusqu’à critiquer la perversion du vocabulaire militaire par un « sociétalisme » devenu exacerbé depuis le tournant sociétal des années 80. Aujourd’hui, si lutte il y a, elle ne peut être que sociale. On lutte contre les fermetures d’usines, l’homophobie, le racisme, le fascisme, le réchauffement climatique, la corrida, l’abattage des animaux. Quant au patriotisme, il ne peut être qu’économique et surtout pas national puisqu’il rappellerait « les heures les plus sombres de notre histoire… » Debray passe donc l’éponge sur les ravages de ce que le sociologue Jean-Pierre le Goff appelle « l’hégémonie du gauchisme culturel » héritée des années Mitterrand en préférant incriminer l’individualisme triomphant des années Giscard. A croire que son admiration pour l’homme au chapeau lui aurait fait perdre son sens de la critique …
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