samedi, février 25, 2017

L’esprit paysan

L’esprit paysan français, vis-à-vis de l’Etat et du marché, a toujours été double.

D’une part, on demande à l’Etat protection et subventions. Les lois Méline ne datent pas d’hier.

D’autre part, une volonté farouche d’indépendance, toute demande d’aide vécue comme une déchéance.

Si la première tendance a écrasé la paysannerie française depuis la guerre (d'ailleurs, il n'y a plus de paysans mais des agriculteurs, transformés en semi-fonctionnaires mendiants)n, le désastre de cette politique conduit à une renaissance de la deuxième

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Certains, d’ailleurs, refusent toute aide, de peur de se faire broyer par cette machine devenue folle. Gérard Legruel, éleveur d’agneaux prés-salés à Créances dans la Manche et maraîcher de légumes anciens, met ainsi en garde la jeune femme qui va reprendre sa ferme. « Ne leur demande rien, ne leur dois rien. Parce que ce qu’ils te donnent d’une main, ils te le reprennent de l’autre. » Et cet ancien agriculteur productiviste, qui a tout lâché du jour au lendemain pour changer d’orientation, de lui lancer : « Soit tu es capable de gagner ta vie avec tes produits sans avoir besoin de leur aide, soit tu es morte. Car si tu as besoin d’eux, ils vont te pousser à t’endetter, à acheter des machines, à rénover tes bâtiments … Ils vont te faire augmenter tes rendements. Et tu vas crever, faire crever ta terre, et tu n’oseras plus regarder tes clients dans les yeux. »
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