Lazare Pytkowicz, quatorze ans, est pris avec sa famille dans la rafle du Vel d'Hiv. Il s'évade, avec l'autorisation de ses parents (à l'époque, on respectait l'autorité parentale !).
Recueilli par des Français, il demande et obtient de participer à la Résistance. Courrier, plusieurs fois arrêté, plusieurs fois évadé, il fait ce qu'en d'autres temps on appelait « une belle guerre ».
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Sain et sauf à la Libération, en 1945 il attendra les siens en vain à l’hôtel Lutétia. Aucun ne reviendra. Pris en charge par ceux qui l’avaient caché en 1942, il est renvoyé au lycée pour y reprendre ses études. C’est là qu’un jour de novembre 1945, il voit le pion rentrer dans la classe, pour lui dire qu’il est convoqué chez le proviseur. Dans le bureau duquel, interrogatif il se rend pour tomber sur un général en uniforme, qui lui débite la formule sacramentelle et lui accroche sur la poitrine la Croix de la Libération, il a 17 ans.
Écoutons le raconter simplement, comment retournant dans sa classe, il met la médaille dans sa poche pour éviter que les copains ne se foutent de lui. On a alors la gorge nouée et l’envie d’embrasser ce frère. Parce que son histoire nous dit que le 16 juillet 1942, la France ce n’était pas Pétain, Laval, Bousquet ou Brasillach.
La France c’était Lazare Pytkowicz.
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Addendum (après les propos de ce salaud de Macron - salaud car ses propos, comme ceux de Chirac et de Hollande avant lui, sont une insulte à nos morts les plus misérables, ceux qui ont connu la solitude, la torture, la prison, les camps) :
Commentaire pris chez de Castlenau :
Oui, Lazare c’était la France, comme l’étaient Charles de Gaulle, le visage de Jean Moulin décrit par André Malraux, le Conseil National de la résistance et tant d’autres, anonymes ou non, étrangers même comme le groupe Manouchian. Faire du discours de Jacques Chirac une vérité historique qui vient servir celui, flou, de l’actuel président est une argutie pénible à constater. Doit-on oublier le manifeste de Brazzaville, le travail de René Cassin ou l’ordonnance du 9 août 1944 ?
Plus iconoclaste, Eric Verhaeghe :
Vel’ d’Hiv et Sécurité Sociale, les deux mamelles de l’État Français
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Lorsque l’Assemblée Nationale de l’époque transfère, le 10 juillet 1940, les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain (en dehors de toute procédure constitutionnelle, rappelons-le), commence l’ère sombre du régime de Vichy. Il n’est pas de mots assez cruels aujourd’hui pour en dénoncer les forfaits… mais avec une amnésie stupéfiante sur certains sujets. L’héritage technocratique de Vichy dans la France contemporaine continue en effet d’être jalousement préservé par ceux qui se montrent les plus critiques vis-à-vis de ce régime. Et cette mansuétude discrète soulève quand même quelques questions.
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Il est donc de bon ton aujourd’hui d’expliquer que « la France » a fait le Vel d’Hiv, sans jamais citer (comme le Président Macron est parvenu à le faire) le rôle de l’Allemagne dans l’obsession antisémite de Vichy. Tout se passe d’ailleurs comme si la France était la cause unique de la Shoah et comme si c’étaient des soldats français qui avaient liquidé en masse des Juifs sur le front de l’Est.
Si autant de Français ont accepté l’ordre de Vichy, il y avait bien une raison. Celle-ci tient d’abord à la politique sociale du régime qui a visé à « protéger » le pays. Je vous protège, en échange, vous me laissez liquider les Juifs, les Francs-Maçons, les homosexuels [non, légende], et autres groupes jugés indésirables par les technocrates au pouvoir.
En étatisant la protection sociale, Pétain n’agissait donc pas par hasard. Il mettait en place un système qui a fait des émules par la suite, et donc la logique n’a pas changé. Elle permettait de susciter une adhésion massive au régime, quel qu’il soit. C’était au fond une vision et une version heureuse de la servitude par la mise en oeuvre du Big Mother appelé la sécurité sociale.
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Un mois avant la rafle du Vel d'Hiv, des Français se couvraient de gloire à Bir Hakeim. Ceux-là ont plus de titres à se réclamer de la France qu'un gouvernement de traitres.
Et une sucrerie pour la route :