MACRON CHEZ TRUMP : VALEURS PARTAGÉES, VALEURS BAFOUÉES
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Il y a quelques années, pour se faire une idée point trop partiale des événements, il suffisait de croiser Le Monde et Le Figaro, les plus méfiants jetant à la rigueur un coup d’œil sur L’Huma et Présent.
Aujourd’hui, la grande presse française vante de manière unanime la réussite de la visite de Macron aux États-Unis, la chaleur de l’accueil et l’importance de l’événement. Et, naturellement, il ne faut rien en croire. L’actuel président étant soutenu par la quasi-totalité des médias, ce qui n’était sans doute arrivé à aucun chef d’État depuis Napoléon III, ces dithyrambes étaient prévisibles.
Il fallait donc se tourner vers la presse américaine pour en savoir un peu plus. Et là, surprise, le New York Times, grand journal de référence s’il en est, ne parle pas de cette visite, sauf un dessin très méchant pour Macron le deuxième jour, les dépêches de Reuters, très factuelles, n’étant reproduites que sur le site. Le reste de la presse anglo-saxonne a été fort discrète. Pour la plupart des Américains, dût notre fierté nationale en souffrir, cette visite aura été un non-événement.
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Pendant des années, les journalistes ont fait partie, avec les politiciens, sondage après sondage, des professions les moins respectées.
Depuis quelques temps, on est monté d'un cran : c'est une des professions, toujours avec politicien, les plus détestées.
Et c'est parfaitement justifié : comme le démontre Ingrid Riocreux, la mission véritable des journalistes n'est pas de nous informer mais d'être les grands prêtres de la morale qui justifie l'existence de l'hyperclasse mondiale. Ils sont la police politique qui protège les idées qui nous tuent. Idées mortelles qui sont mises en application sans faiblir par les politiciens. Il est donc tout à fait logique, dans l'ordre des choses, de les détester à mort de manière égale.
Mais, me direz vous, les gens regardent BFM TV, LCI, CNN et compagnie.
Ce paradoxe nous mine. Je rencontre souvent des gens qui me disent « Je n'en crois pas un mot ». D'où ma réaction, « Alors, pourquoi regardes-tu ? ». En général, la réponse est assez vaseuse, du genre « Pour être informé ». Oui, mais quel sens ça a d'être informé par des informations qu'on ne croit pas ? La vraie réponse que je n'entends jamais parce qu'elle est trop difficile à avouer est « Parce que c'est plus fort que moi. Si je ne m'abrutissais pas avec les infos, où il se passe toujours quelque chose, je serais obligé de contempler le vide de ma vie où il ne se passe rien ». C'est le divertissement pascalien dans toute sa splendeur. Ressentir la vie contemplative comme vide est une aberration, mais on ne va pas refaire ces gens.
Bref, la majorité est accro à des infos qu'elle ne croit pas. D'où le complotisme : plutôt que l'indifférence, on prend le contrepied des infos, comme si l'inverse du mensonge était la vérité alors cela peut être un autre mensonge.
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