vendredi, juillet 27, 2018

Donald et Emmanuel : le stratège et l'idéologue

Un échange de SMS avec un collègue (c'est lui qui démarre dans l'ironie et moi qui réponds. Oui, nous parlons assez peu de football) :



Les petits merdeux de technos à la Macron se croient très supérieurs à cause de leurs beaux diplômes. Mais ils n'ont jamais rien fait dans la vie, jamais été en danger, ils ont toujours vécu dans des milieux protégés alors que Trump se battait et en bouffait quatre comme eux à chaque petit déj. Dans sa carrière, Trump a du en rencontrer des paquets de Macron, des jeunes technos en costards qui pètent plus haut que leur cul et en faire son affaire.

Trump est donc, par rapport à Macron, May ou Merkel (qui sont du même moule technocratique), un guerrier qui les domine haut la main (alors que Poutine ou Xi, c'est autre chose).

Ceci étant posé, je me demande depuis longtemps si Trump est juste un excellent tacticien ou un stratège. Comme j'ai tendance à penser que sa stratégie de brouillage des pistes est mûrement réfléchie et ne doit rien au hasard (son utilisation de Twitter est géniale. Si vous vous n'en êtes pas convaincus, réfléchissez y encore), je penche du coté stratège conscient, mais je n'en suis pas sûr.

Or, voilà que je tombe sur cet article :

The Chinese are wary of Donald Trump’s creative destruction

*********
Few Chinese think that Mr Trump’s primary concern is to rebalance the bilateral trade deficit. If it were, they say, he would have aligned with the EU, Japan and Canada against China rather than scooping up America’s allies in his tariff dragnet. They think the US president’s goal is nothing less than remaking the global order.

They think Mr Trump feels he is presiding over the relative decline of his great nation. It is not that the current order does not benefit the US. The problem is that it benefits others more in relative terms. To make things worse the US is investing billions of dollars and a fair amount of blood in supporting the very alliances and international institutions that are constraining America and facilitating China’s rise.

In Chinese eyes, Mr Trump’s response is a form of “creative destruction”. He is systematically destroying the existing institutions — from the World Trade Organization and the North American Free Trade Agreement to Nato and the Iran nuclear deal — as a first step towards renegotiating the world order on terms more favourable to Washington.

Once the order is destroyed, the Chinese elite believes, Mr Trump will move to stage two: renegotiating America’s relationship with other powers. Because the US is still the most powerful country in the world, it will be able to negotiate with other countries from a position of strength if it deals with them one at a time rather than through multilateral institutions that empower the weak at the expense of the strong.

My interlocutors say that Mr Trump is the US first president for more than 40 years to bash China on three fronts simultaneously: trade, military and ideology. They describe him as a master tactician, focusing on one issue at a time, and extracting as many concessions as he can. They speak of the skilful way Mr Trump has treated President Xi Jinping. “Look at how he handled North Korea,” one says. “He got Xi Jinping to agree to UN sanctions [half a dozen] times, creating an economic stranglehold on the country. China almost turned North Korea into a sworn enemy of the country.” But they also see him as a strategist, willing to declare a truce in each area when there are no more concessions to be had, and then start again with a new front.

For the Chinese, even Mr Trump’s sycophantic press conference with Vladimir Putin, the Russian president, in Helsinki had a strategic purpose. They see it as Henry Kissinger in reverse. In 1972, the US nudged China off the Soviet axis in order to put pressure on its real rival, the Soviet Union. Today Mr Trump is reaching out to Russia in order to isolate China

[…]

So which is the real Mr Trump? The reckless reactionary destroying critical alliances, or the “stable genius” who is pressuring China? The answer seems to depend on where you ask the question. Things look different from Beijing than from Brussels.
*********

Donc, les dirigeants chinois (tels que rapportés par le Financial Time dont provient cet article) n'ont aucun doute sur le fait que Trump sait ce qu'il fait. Je me sens d'un coup beaucoup moins seul, j'ai un milliards et des bananes de types derrière moi ! Cet argument d'autorité lève une partie de mes doutes.

Pendant ce temps, nous devons nous contenter comme président d'un adolescent attardé narcissique. Merci les électeurs de Macron. La politique est une farce : les défauts rédhibitoires de Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron étaient parfaitement connus de ceux qui se donnent la peine de réfléchir (10 % des électeurs, d"après Georges Frêche, autour de moi, je n'en ai pas beaucoup, mais j'ai peut-être de mauvaises fréquentations) et cela ne les a pas empêchés d'être élus.




Je suis de plus en plus convaincu que la bourgeoisie française (si peu française : c'est affolant le nombre de gens qui m'entourent dont les enfants font des études ou vivent à l'étranger) est une calamité. De Gaulle disait qu'il n'avait jamais eu qu'un ennemi, l'argent, et que les possédants sont possédés par ce qu'ils possèdent. Bon, je radote, on tourne toujours du même problème : la sécession des élites.

Et c'est là que revient Trump : les vrais changements partent toujours du centre de l'empire (même si les signaux de fragilité viennent de la périphérie). Le coeur de notre histoire, ce sont les frontières : avec des vraies frontières, kaputt bourgeoisie apatride. Forza Donald ! Go, go, go !

Au fond la différence entre les deux est, comme il se doit, politique.

Trump fait, à tort ou à raison, une politique pour son pays et pour son peuple, tout son peuple, ce qui met dans une rage folle l'hyperclasse mondialisée de Washington.

Macron fait une politique pour l'hyperclasse mondialisée, dont il est la créature, au détriment de son pays et de son peuple, dont il ne rate pas une occasion de manifester qu'ils les méprisent et qu'ils ne les considèrent pas vraiment comme siens. C'est pour cette politique anti-nationale que les bourgeois français ont voté (remember De Gaulle (1) ) et ils ne devraient pas tarder, ces cons, à nous faire le sketch ridicule qui a déjà trop servi pour Hollande « Je ne savais pas. J'ai été trompé à l'insu de mon plein gré ». C'est ça, coco ! Et moi, là, y a marqué « pigeon » ?

Campagnol en grande forme, il envoie du steak (comme dirait un pilote de mes amis) :




Bon voilà, j'ai fini ma bière.

Et juste pour le plaisir :




*****************
(1) : De Gaulle à Peyrefitte :

« Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d’avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40, elle était derrière Pétain, car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national. Quel émerveillement ! Pétain était un grand homme. Pas besoin d’austérité ni d’effort ! Pétain avait trouvé l’arrangement. Tout allait se combiner à merveille avec les Allemands. Les bonnes affaires allaient reprendre »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire