vendredi, septembre 28, 2018

Bonne nouvelle italienne

Suivant les mots mêmes de l'ennemi (le journal Les Echos) :

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En Italie, le populisme vient de marquer un point contre la finance. Après un bras de fer interne au gouvernement, opposant le ministre des Finances, Giovanni Tria, qui souhaitait maintenir le projet de budget avec un déficit inférieur à 2% du PIB, et les leaders de la coalition victorieuse des élections, le Mouvement 5 étoiles et la Ligue, désireux de tenir leurs promesses de campagne quitte à faire s'envoler le déficit, les seconds l'ont emporté. L'annonce d'un projet de déficit de 2,4% en 2019 a fait l'effet d'une douche froide pour les marchés, provoquant une brusque remontée des taux ce vendredi mation, à 3,23%, et une chute de 4% de la bourse de Milan à l'ouverture. Les relations de l'Italie avec la Commission européenne vont forcément se tendre, et les agences de notation ne vont pas tarder à revoir leurs notations. Le plus redoutable pour l'avenir est le fait que le ministre des Finances,Giovanni Tria, qui avait la confiance des milieux financiers, ait été battu dès son premier combat: son rôle de garde-fou s'en trouve forcément très relativisé. Dans la coalition, il y a désormais un inquiétant partage des tâches entre Matteo Salvini, le leader de la Ligue chargé de mener une politique de démolition de la politique européenne en matière de circulation des personnes, et Luigi di Maio, le patron du Mouvement 5 étoiles, engagé lui dans la mise en place de dispendieuses mesures sociales, creusant fatalement le déficit et la dette au-delà des limites permises par Bruxelles. 

Un grand écart par rapport aux règles communautaires qui pourrait rapidement transformer l'euro-zone en cocotte minute.
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 Tout ce qui inquiète les Echos est bon pour la France ... à long terme (ce long terme où nous serons peut-être tous morts mais auquel nous aurons légué quelque chose).

En attendant, si les Italiens vont au bout de leur logique, ça va turbuler fort.

Rappelons la logique italienne :

> l'Euro est la prison des peuples et l'instrument d'asservissement au bénéfice de l'Allemagne (vrai). Les politiques austéritaires, conséquences naturelles de l'Euro, étouffent les pays du sud de l'Europe (vrai).

> il faut mettre les Allemands devant leurs responsabilités, en creusant un déficit maousse costaud. Soit la BCE le monétise, soit l'Italie sort de l'Euro, le faisant éclater au passage, et fait banqueroute (seule cette dernière solution est viable à long terme).

Le gouvernement italien aura-t-il le courage de suivre sa logique jusqu'au bout ? J'en doute. Mais peut-être Salvini se couchera-t-il moins vite que Tsipras, ce traitre au peuple grec.

Note aux commentateurs : ne me resortez pas les conneries habituelles « Ah si les Italiens (ou les Grecs, ou les Français) étaient des Allemands, nous pourrions "réformer" à coups de schlague sans faire éclater l'Euro ». La politique économique sadique-punitive qui préserve les intérêts de la bourgeoisie mondialisée européiste, ça va cinq minutes. Quand on s'intéresse à l'avenir de son pays au lieu de se préoccuper exclusivement de ses intérêts de classe, on comprend que l'éclatement de l'Euro est un impératif patriotique.


Compléments :

LA COMÉDIA ITALIENNE RECOMMENCE

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Je prétends que la position de Macron est stratégiquement intenable ; il recherche l’alliance des pays du Nord contre l’Italie alors qu’il devrait s’allier aux pays du sud contre Merkel. La France a voulu l’entrée des pays méditerranéens dans la construction européenne pour faire contre poids à l’Allemagne et il fallait rester sur cette ligne. La culture et la politique allemande sont suicidaires. 

L’euro est intenable sans transferts massifs.
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Italie : le « budget du peuple » contre le budget de l’Europe

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Fleurissent en effet des dizaines de chroniques intitulées : « Et si Trump avait raison ? » Ce n’est bien sûr pas évident pour ceux qui se rassurent en régurgitant des manuels scolaires d’économie ou les chroniques des hebdomadaires mainstream. Or, aucun pays ne peut s’en sortir s’il ne défend pas ses industries, ses fermes et ses travailleurs. Ce que Friedrich List appelle « le principe national d’économie politique » et la « théorie des forces productives ». Tout le monde parle de Ricardo (qui fut un spéculateur), et personne de List (son contemporain) qui réussit la mise en œuvre de véritables politiques économiques et industrielles (aux Etats-Unis, puis en Allemagne).

La question qui se pose désormais est : et si Conte avait raison ?
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Nota : Trump propose de racheter la dette italienne ! C'est directement contribuer à l'explosion de l'Euro, donc de l'UE. Ce n'est sans doute qu'un effet d'annonce mais c'est pour des idées comme cela que j'apprécie Trump : c'est un briseur des chaines du politiquement correct.

Est-ce une évolution stratégique américaine ?

Je rappelle que, depuis 70 ans, la stratégie américaine vis-à-vis de l'Europe est limpide : oui à une Europe unie mais qui fonctionne mal et qui reste soumise à Washington sur l'essentiel (aujourd'hui, la Russie, la Chine et l'Iran), de manière à ne pas devenir une concurrente  stratégique de l'Amérique. Ce programme pleinement réalisé a donné cette saloperie d'UE à la Monnet (payé par la CIA, qui n'a pas distribué son argent en l'air pour des prunes).

L'UE n'a jamais été aussi dysfonctionnelle et soumise à Washington. Je ne vois pas l'intérêt des Etats-Unis à faire éclater l'UE. Cet éclatement que je souhaite de tout mon coeur ne peut qu'aboutir à revitaliser l'Europe en réveillant le génie qui a toujours été le sien : la  puissance et l'innovation par l'émulation entre nations.

Nous vivons des temps intéressants.

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