samedi, juillet 27, 2019

Pêle-mêle : Péan, Paoli, Bock

Pierre Péan: « La transparence absolue c’est la dictature absolue »

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Avec le culte de l’immédiateté et les chaînes d’information continue, on a l’impression d’en savoir plus, d’être informés en permanence sur tout ce qui se passe. Mais pour être réellement informé, il faudrait que chaque citoyen soit un rédacteur en chef très pointu, qui puisse faire le tri dans tout ce qui sort. Dans cette masse effrayante d’informations, la manipulation est plus facile, et finalement le citoyen est, me semble-t-il, moins bien informé qu’il y a 25 ans.
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Je suis aussi persuadé que les gens sont plus bêtes, le naufrage scolaire et l'abrutissement par les écrans sont passés par là.


Paul-François Paoli: « La gauche est devenue le camp du conformisme, le conservatisme celui de la transgression »

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Un mouvement intellectuel conservateur de fond traverse l’Europe et l’Occident. Je l’explique par l’inquiétude que suscite la révolution anthropologique en cours. Selon Jérôme Fourquet, l’auteur de L’Archipel français, « deux tiers des moins de 65 ans sont favorables à la PMA sans père ; en 30 ou 40 ans, un invariant anthropologique majeur - la référence au père - a été chamboulé. Et dans ces conditions le GPA suivra, n’en doutons pas ». Je suis convaincu que la violence de la jeunesse d’origine immigrée en France n’est pas due à l’exclusion sociale, comme nous le rabâchent ces belles âmes qui prônent le «vivre ensemble» pour mieux rester entre elles, mais par un sentiment d’étrangeté profond à l’endroit d’une société où certaines normes anthropologiques ont été bouleversées [ce qu'ils disent avec leurs mots, quand ils disent que la France est un pays décadent, vieux, femelle, bon à prendre]. D’où le recours à un islam identitaire et normatif.

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Je suis allé en décembre 1989 à Berlin et c’était incroyablement excitant. Mais ce que la réunion des deux Allemagnes a démontré c’est la supériorité du sentiment d’identité sur les valeurs idéologiques. Les Allemands, libéraux à l’Ouest, prétendument socialistes à l’Est, étaient restés Allemands. Ce ne sont pas les valeurs, fussent-elles républicaines, qui fondent la nation contrairement à ce que l’on croit en France c’est le sentiment de ressemblance. Stendhal disait: « La vraie patrie est celle où l’on rencontre le plus de gens qui vous ressemblent ». Si le sentiment de ressemblance se dilue comme c’est le cas aujourd’hui dans une société française « archipélisée » et communautarisée, la référence à la nation devient purement rhétorique.

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La bourgeoisie en France n’est pas conservatrice elle est libérale, voire libertaire. Nonobstant, cette victoire intellectuelle [du conservatisme] ne pénètre guère un monde politique indifférent aux idées. L’échec de Bellamy l’a montré. Il ne suffit pas d’avoir raison sur le plan rhétorique pour l’emporter. Il faut aussi mordre sur les classes populaires.

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Il n’y a pas d’entre soi ou de chez soi sans frontières. Et les nantis qui se répandent en discours pseudo-généreux sur l’abolition des frontières le savent très bien quand il s’agit de se retrouver entre eux. À cet égard il me semble que le discours de l’Église catholique est irresponsable. « Les hommes sont comme les hérissons, plus on les rapproche, plus ils se piquent » disait Schopenhauer. Ici encore il ne s’agit pas d’idéologie mais d’anthropologie.

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J’ai parcouru le quartier des Champs-Élysées la nuit du 19 juillet. Des milliers de jeunes nés en France revendiquaient haut et fort leur identité en brandissant de manière agressive le drapeau du pays de leur coeur, l’Algérie. Le droit du sol, dogme sacré saint de notre République, a donc échoué les concernant. Le sentiment d’identité est une chose, la nationalité administrative en est une autre.
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La solution à nos maux, c'est la politique au grand jour.

Le technocratisme, à la Renzi, à la Hollande, à la Merkel, à la May, à la Macron (et à la Fillon, s'il avait été élu) est une saloperie : c'est un choix politique dissimulé sous la manipulation de faire croire que le gouvernant serait neutre, qu'il ne prendrait pas parti, se contentant d'appliquer des choix techniques, seuls raisonnables, qui s'imposent à lui, There si no alternative, que ne peuvent rejeter que les fous, les démagogues et les imbéciles.

Ceci est un mensonge pur et simple (bien aidé par les médias connivents) : Renzi, Hollande, Merkel, May, Macron font des choix politiques. Il est d'autres choix politiques possibles, tout aussi rationnels, voire plus. C'est l'essence même de la politique, il y a toujours le choix.

J’ai entendu vendredi matin au café des propos venant de bons bourgeois parisiens, à propos du Brexit. Ils étaient d’une grande pauvreté intellectuelle, par conformisme et par manque de recul, incapables d’envisager que la personnalité d’un dirigeant ne soit pas celle d’un terne technocrate et qu'interrompre la politique suivie depuis 40 ans n’est pas forcément suicidaire.

Je ne sais pas si Alexandre (dit Boris) Johnson fera un Brexit bénéfique pour la Grande-Bretagne. Mais considérer que son excentricité est un handicap certain et que le Brexit est assurément mauvais, parce qu’il change des habitudes établies, témoigne d’une intelligence ... comment dire ? ...  Ne disons pas, vous m’avez compris.

Mais, vous, vous êtes (je l’espère) un peu plus intelligents.

Pour le meilleur (et peut-être pour le pire), Johnson fait la politique au grand jour que j'appelle de mes voeux. Contrairement à May ou à Macron, il ne fait pas dans l’orderly management of decline.

Mathieu Bock-Côté: « Boris Johnson, clown ou homme d’État? »


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Ce qui distingue les leaders qu’on dit populistes, aujourd’hui, c’est qu’à la différence des hommes politiques ordinaires, qui ne sont souvent que des fonctionnaires élus, ils ne prétendent pas seulement gérer le mieux possible la société existante, mais faire l’histoire ou, du moins, peser lourdement sur son cours. Devant le sentiment d’une impuissance du politique, ils prétendent souvent incarner le volontarisme résolu, derrière lequel certains veulent voir une personnalité autoritaire. À tout le moins, leur personnalité n’entre pas exactement dans les catégories de la classe politique officielle. Ils n’acceptent pas la soumission du politique à la rationalité technocratique : ils mobilisent explicitement les affects et les passions. Pour cela, on les accuse souvent de démagogie. Pourtant, on ne met pas un peuple en mouvement en lui tenant un discours exclusivement comptable. Lorsqu’il s’agit de passer d’un régime à un autre, ou d’accomplir de grandes actions, qui exigent de grands efforts, il faut mobiliser les régions de l’âme humaine que la politique gestionnaire avait laissé s’atrophier. Churchill n’aurait pas dit autre chose.
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(Je remarque les commentaires très violents des lecteurs du Figaro sur Johnson et sur Trump -et sur les Gilets jaunes sous d'autres articles :  quand leur petit monde bourgeois confortable est remis en cause, leur férocité est sans limites.)

Et comme ce qui se passe au parlement britannique est intéressant parce qu'il a le pouvoir, contrairement au parlement français :

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