lundi, août 19, 2019

La bourgeoisie française de l'entre-deux-guerres vue par un journaliste américain.

Il paraît que je suis trop sévère avec la bourgeoisie française. Je vous soumets donc (comme argument d'autorité !) le point de vue d'un Américain.

L'extrait est un peu plus étendu, il permet de se remémorer une partie de la lourde responsabilité des Américains et des Anglais dans la seconde guerre mondiale.

Pour vous permettre de rentrer dans l'extrait : le bas de la page 131 et le haut de la page 132 explique que, pour une nation, chercher la protection dans la subordination est une fausse bonne idée, que les nations sont naturellement égoïstes et ne peuvent compter que sur elles-mêmes quand l'essentiel est en jeu (d'où la note de bas de page 132 sur de Gaulle).

Extrait de The collpase of the third republic

Nota : Shirer n'aime vraiment pas Pétain, car, contrairement à nos pétainistes contemporains, qui ne sont que des anti-gaullistes obsessionnels déguisés (voir ici, par exemple), il n'ignore pas que Pétain, par les différents postes qu'il a occupés et par son magistère moral et intellectuel tout au long des années 20 et 30, est le principal responsable militaire de la défaite de 1940.

Alors, le voir prendre le pouvoir à l'issue d'une défaite dans laquelle il a joué un rôle majeur, ça gratte un peu.

Il faudrait une bonne psychanalyse de l'anti-gaullisme contemporain. Venant de pieds-noirs, c'est idiot mais compréhensible. Mais de catholiques traditionalistes fervents ? C'est au moins le signe d'une légère déficience de la comprenette politique (ils devraient relire Richelieu, catholique sans doute aucun).

Je rappelle que le catholique pratiquant, dans la paire Pétain-De Gaulle, c'était le général, pas le maréchal.

Les histoires pétainistes de « don de sa personne à la France » ne sont que du bourrage de mou pour gogos disposés à se laisser gruger (au moment où il fait cette déclaration, le 17 juin 1940, il parie sur la victoire de l'Allemagne, qui ne paraît pas à ce moment irréaliste. Son don ne lui coûte donc rien. C'est comme nos modernes politiciens qui répètent « j'assume » : concrètement, ça veut dire qu'ils restent en poste continuent à se goberger).

Je parle de psychanalyse car, en raison, il n'y a plus de débat depuis longtemps : Pétain a parié sur la victoire de l'Allemagne, De Gaulle sur sa défaite, on sait sans ambiguïté qui a eu tort, qui a eu raison. François Delpla a montré comment Pétain avait été mené par le bout du nez par Hitler.

En revanche, en psychologie, c'est une autre histoire. Et les réactions face à Trump me paraissent éclairantes : on condamne non pas celui-ci qui divise le groupe, mais celui qui constate une division existante que tous s'efforçaient, avec de plus en plus de difficultés, de nier.

La souffrance et la peur du conflit se transforment en haine pour celui qui le met en lumière : on déteste à mort le messager parce qu'on ne supporte pas le message. Sans De Gaulle, il y aurait eu des Résistants, mais on en veut à mort celui qui a posé un choix clair, qui a tué l'espoir de concilier l'inconciliable, qui a dit qu'on était soit couché soit debout mais qu'on ne pouvait être les deux en même temps.

J'ai tout de même du mal à comprendre qu'il reste aujourd'hui des pétainistes. Péguy disait qu'il faut avoir le courage de voir ce que l'on voit. A l'évidence, certains manquent de ce courage.

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