samedi, décembre 14, 2019

Compilation : je ne suis pas le seul à me réjouir de la victoire de Johnson

D'abord une friandise :




Mathieu Bock-Côté: « Vive le Brexit ! »

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Les électeurs favorables au maintien dans l’Union européenne étaient jugés plus évolués que leurs adversaires. D’un côté, on trouvait une jeunesse urbaine, civilisée, mondialisée, diversitaire, belle et désirable, se projetant dans le monde et n’ayant pas peur de l’étranger. De l’autre se trouvaient les ploucs, les paumés, les bouseux, les lépreux, les retardataires de l’histoire, les édentés malodorants, les plébéiens haineux, les vieux restes du monde d’hier. Lorsqu’il vote selon les consignes qu’on lui donne, le peuple est démocrate. Lorsqu’il s’entête à faire le contraire, il est populiste.

[…]

Et les commentateurs le répétaient d’ailleurs inlassablement:  au fond d’eux-mêmes les Britanniques regrettaient leur vote. Mille sondages ont cherché à les convaincre que leur volonté souverainiste s’amollissait. N’y a-t-il pas plus grande incivilité, aujourd’hui, que de mal voter ? Il suffirait qu’on leur donne l’occasion de voter à nouveau pour qu’ils puissent se repentir. Un deuxième référendum permettrait d’annuler les résultats du premier, de corriger une faute morale, de renouer avec l’avenir.

Manifestement, les choses étaient un peu plus compliquées et les Britanniques, loin de regretter leur vote de 2016, reprochaient à leurs élites d’avoir tout fait pour entraver sa concrétisation. Les élections de jeudi, de ce point de vue, se sont présentées tout à la fois comme l’expression d’une révolte populaire et un rappel à l’ordre démocratique. Il y a des limites à ne pas respecter la volonté du peuple. À tout le moins, il devrait y en avoir. On devine que le commentariat cherchera encore, néanmoins, à relativiser la victoire pourtant incontestable des conservateurs de Boris Johnson. À moins qu’il n’en vienne à maudire la démocratie.

Pour les thuriféraires de l’idéologie dominante, qui conjugue globalisme et multiculturalisme, le désaccord politique est un scandale moral. Le désir de restaurer l’indépendance nationale n’aurait aucune légitimité. Il relèverait d’un repli sur soi frileux, gênant, honteux, gâteux. Le souverainisme britannique ne serait rien d’autre qu’une manifestation d’irrationalité collective, au mieux, et de haine, au pire. La dissolution progressive des frontières et la construction d’une gouvernance globale seraient le seul avenir possible pour l’humanité.

[…]

Le Brexit vient désavouer fondamentalement la thèse selon laquelle le sens de l’histoire serait pour de bon déterminé et qu’il ne serait pas possible d’en dévier, à moins de faire régresser consciemment l’humanité. Il rappelle que la volonté des peuples peut resurgir dans l’histoire pour infléchir leur destin, pour peu que des hommes et des femmes de bonne volonté rendent possible son expression.
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David Desgouilles : triomphe de Boris Johnson : la défaite de nos médias. Ils nous disaient que le Brexiter ne pouvait pas gagner ...

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On nous avait dit que les Britanniques regrettaient le Brexit.

On nous avait dit qu’ils regrettaient d’avoir pris cette si mauvaise décision, abreuvés de fake news.

On nous avait même dit qu’ils s’en repentaient. Pourtant, aucune image des files de citoyens de Sa Majesté en train de se flageller avec des orties fraîches ne nous avait été proposée.

On nous avait dit que les Britanniques avaient compris que c’était très mal de tricher avec le Sens de l’Histoire.

On nous avait dit que Boris Johnson était au mieux un clown, au pire un sous-Trump.

On nous avait dit – dans la si sérieuse émission C dans l’air – que BoJo pouvait même perdre son siège face à un si sympathique candidat travailliste d’origine pakistanaise.

On nous avait dit que les Britanniques voulaient un autre référendum.

[…]

Et puis, ce matin, patatras.

Les Tories ont triomphé. BoJo le clown a sa majorité. Absolue, la majorité. La plus large depuis quarante ans.

Corbyn a perdu. Les LibDem ont treize sièges. Farage n’en a aucun. Inutile, Farage. Puisque les Tories de Johsnon font le job (M’entends-tu, Christian Jacob ?).

Au nord, dans les fiefs du Labour, le peuple qui votait à gauche mais qui avait plébiscité le Brexit en 2016, a sanctionné Corbyn, après l’avoir vu délibérément tenter d’annuler leur décision souveraine aux Communes. Les Tories ont gagné après avoir mené une campagne qui tournait le dos au thatchérisme, célébrant le retour de l’Etat dans l’économie.

[…]

On aimerait voir la réaction dans la plupart des rédactions françaises ce matin. Au Monde, notre grand quotidien de référence, bien sûr. Autour de Madame Lapix, aussi. Chez Joffrin. J’allais oublier la joyeuse bande du Bien et du Juste de France Inter. Quant à Yves Calvi ce matin sur RTL, il ne s’y attardait pas trop. Il préférait continuer de gloser sur le blocage de notre bon pays par des hordes gauchistes.

La tentation serait de demander des comptes à tous ces gens et les accuser d’avoir menti sciemment. Ce serait une erreur. Car le pire, c’est qu’ils étaient de bonne foi. N’y voyons pas un complot médiatique. Pour la plupart, ils sont tellement prisonniers de leurs schémas mentaux qu’ils croyaient sincèrement aux calembredaines qu’ils débitaient à l’échelle industrielle [c'est pour que vous ne soyez pas prisonniers des débilités des médias qu'il y a des blogs]. Ils dénonçaient les fake news des brexiters, ce n’était pas pour en créer à leur tour ! Imaginez le reporter du service public de radio ou de télévision, formé par l’ESJ de Lille, et qui vit chaque minute sa vie professionnelle au service du Bien contre le Mal (Non, vous n’êtes pas dans un épisode de Goldorak, mais dans une rédaction française).

Imaginez-le, pendant ses week-ends à Londres, tâter le pouls de la Ville-Monde, pourquoi pas participer aux grandes manifestations londoniennes contre la fermeture, contre la xénophobie, contre le populisme. Imaginez-le, ébloui par la marée de drapeaux bleus et étoilés, ignorant tous les vieux cons beaufs qui avaient voté Leave en 2016, inondés par la propagande poutino-trumpienne. Ce reporter, il est sincère, il n’est pas menteur. Il est bon, il n’est pas cynique. Il est idiot, il n’est pas manipulateur.

Pendant deux jours, comme au lendemain de la victoire de Trump, il y aura peut-être une légère remise en question. On invitera un ou deux experts qu’on n’a pas vu depuis quelques mois, lesquels avaient été plus lucides que les autres. En 2016, on avait ainsi troqué Nicole Bacharan, la femme qui disait que Trump ne pouvait pas gagner, ni les élections présidentielles, ni même la primaire républicaine, par Laure Mandeville du Figaro, qui avait été une des seules à avoir des yeux.

Très vite, tout était rentré dans l’ordre. On a pardonné à Nicole. Elle est revenue. Deux jours de remise en question ? Peut-être trois ? Ou pas du tout ? Faites vos jeux !
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La victoire de Boris Johnson

Un point de vue américain :

Boris Triumphant. The British election was a thunderous rejection of the Labour Left.

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Now that Brexit will happen, and Johnson has a majority that leaves him with no excuses if he fails, the UK is the site of arguably the most important political experiment in the world. The question is whether there is a responsible, mainstream conservative answer to the populist pressures unleashed across the West in recent years. The answer will reveal itself in the fate of the country under Boris Johnson in the coming years.
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