mercredi, novembre 24, 2021

Peste & cholera (P. Deville)

A notre époque maudite, où les psychopathies des charlatans diplômés de médecine à la Delfraissy, Dab, Deray, Lacombe, Pialoux, sans oublier Véran ... nous explosent au visage, ça fait du bien de lire ce roman biographique sur Alexandre Yersin (pas très roman, plutôt biographie). Un vrai médecin et un vrai chercheur, lui, pas un hurluberlu à l'ego comme une montgolfière.

L'épopée des pasteuriens les Roux, Calmette, Simond, Yersin est extraordinaire.

Yersin, coopté par le vieux Pasteur lui-même, qui fait une découverte majeure sur la tuberculose à 27 ans et s'en va parce que les voyages l'attirent.

Yersin, médecin de marine, parce qu'il ne tient pas en place.

Yersin qui explore l'Indochine parce qu'il n'y a pas que la médecine dans la vie.

Yersin, qui se retrouve avec la lance d'un bandit plantée dans la poitrine et qui donne les instructions médicales qui lui sauvent la vie avant de s'évanouir.

Yersin, qui débarque en pleine peste à Hong-Kong, que les Anglais n'aident pas parce qu'ils préfèrent les Japonais. La course parce que tout le monde sent bien que c'est la dernière chance d'atteindre la gloire en isolant le bacille de la peste.

Yersin qui découvre en trois jours le fameux bacille sur un cadavre volé alors que les Japonais s'acharnent vainement depuis des semaines malgré l'aide officielle. Les Japonais cherchaient dans le sang et les organes, Yersin est allé directement au bubon, mélange de chance et de génie.

Yersin qui teste à Paris tous les animaux qui lui tombent sous la main, avant de mettre au point le serum de cheval (d'où l'expression « remède de cheval » ?)  contre la peste.

Yersin, le premier cycliste d'Indochine, le premier motocycliste, le premier automobiliste (une Léon Serpollet 5 CV), le premier directeur d'hôpital (il faut dire qu'il en est le fondateur). Il s'intéresse à l'avion, mais comme il serait condamné à tourner en rond au-dessus de son unique piste, il abandonne.

Yersin, qui allie sens pratique et expérimentateur génial : il se dit que le caoutchouc a de l'avenir, il plante les premiers hévéas d'Indochine. Les revenus de la sa plantation alimenteront pendant des décennies son hôpital et l'antenne de l'institut Pasteur qu'il ouvre.

La première guerre mondiale réserve la quinine (vous savez, dont l'ignoble hydroxychloroquine est dérivée) aux combattants. Qu'à cela ne tienne, Yersin fait venir un échantillon de la terre la plus productive de Java, en analyse la composition et fait faire des carottages dans un rayon de 100 km autour de chez lui pour trouver une terre similaire. Evidemment, comme il  est Yersin, il réussit et produit de la quinine.

Question caractère, Yersin est un ours. Vie sexuelle inexistante, pour ce qu'on en sait. Certains l'ont soupçonné de turpitudes, comme la pédophilie. Il semble tout bêtement que la bagatelle ne l'intéressait pas.

Sur le fin de sa vie, Yersin se remet au grec et au latin. Il traduit pour son plaisir Virgile, Cicéron, Salluste, Horace, Platon, Démosthène ...

Il meurt à 80 ans, en 1943, au Vietnam.

Le dernier fidèle à l'esprit pasteurien, même s'il ne fait pas officiellement partie de la famille, est Didier Raoult. Son IHU est mille fois plus proche de l'institut des origines que l'antre à petits fonctionnaires qui porte le nom de Pasteur à Paris.

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