mardi, mars 21, 2023

L'aigle et le léopard (Eric Branca)

Un livre sur les liaisons dangereuses entre l'Angleterre et le IIIème Reich.

Royal Heilnesses !

En 2015, le Sun titrait Royal Heilnesses ! à cause de cette video de 1933 de la jeune Elizabeth faisant le salut nazi à l'instigation de son enculé d'oncle :

C'est injuste, car si le très fugace roi Edouard VIII et sa salope d'Américaine étaient d'authentique traitres au service des nazis, ce ne fut pas le cas des parents de la reine Elizabeth, qui ont soutenu, malgré leurs doutes initiaux, de plus en plus fermement Churchill.

Branca se sert de cet épisode pour rappeler que la famille royale actuelle est bien plus allemande qu'anglaise, ce sont, de leur vrai nom, des Saxe-Cobourg-Gotha. 2022 est la première année depuis longtemps que le souverain en exercice, Charles, et son successeur désigné, William, sont tous deux mariés à des Anglaises et non, au moins un des deux, à des Allemandes (ou à des Allemands : le prince Philip, père de Charles, était un Teuton).

Bien sûr, ce n'est que l'introduction du l'ouvrage : l'auteur est conscient que le famille royale a peu de pouvoir.

On mesure toutefois la vaste finesse du prince Harry de se pointer à un bal masqué déguisé en SS (la consanguinité, ça attaque le cerveau). On remarquera que son frère n'a pas protesté.

Une politique très mal avisée

Dans l'entre-deux-guerres, l'Angleterre fut fidèle à sa politique traditionnelle « Pas de puissance dominante sur le continent ».

Mais, au-delà de sympathies idéologiques avec les nazis fort déplaisantes, beaucoup de dirigeants britanniques commirent  une énorme erreur de calcul : la puissance  qu'ils craignaient était la France.

Certes, les colonies faussaient l'évaluation du rapport de forces et envenimaient les relations franco-britanniques, mais tout de même !

Les gouvernements allemands ont poussé à cette faute avec beaucoup de talent.

De 1918 à 1936, la politique britannique fut de favoriser l'Allemagne aux dépens de la France (aussi sous l'influence maléfique des Etats-Unis).

De 1936 à 1938, quelque chose comme « Damned ! On est peut-être en train de faire une grosse connerie ! ».

Et, à partir de 1938, bien trop tard, une politique pro-française.

Quelques Britanniques (Eden, Churchill) ont avoué après la guerre, plus ou moins à demi-mots, la responsabilité britannique dans son déclenchement (ce que les Américains n'ont pas fait).

Pétain et Weygand n'ont pas tort de pointer la duplicité britannique, mais elle ne justifie pas leur politique d'abandon. C'est de Gaulle, passant l'éponge (à peu près), qui avait raison. Son intelligence volait des kilomètres au dessus des deux badernes.

La primauté des intérêts financiers

Montaigu Norman (francophobe rabique : « Il y a quatre sortes de brebis galeuses : les Français, les juifs, les Ecossais et les experts-comptables » et ce n'était pas tout à fait de l'humour anglais), gouverneur de la Banque d'Angleterre et Hjalmar Schacht (le financier de génie sans qui l'aventure hitlérienne aurait été impossible), gouverneur de la Reichsbank, se mirent d'accord pour écrouler le Mark, tuer le Franc français et les réparations de guerre, quitte à plonger les Allemands, notamment la classe moyenne, dans la misère.

Ce n'est pas sans rappeler ce que font la FED et la BCE depuis 15 ans.

S'il y avait eu une justice, ces deux-là auraient été les deux premiers condamnés à mort à Nuremberg, parce qu'ils sont les premiers fauteurs de guerre dans l'ordre chronologique.

Eric Branca conseille ce livre dont je vous ai fait la recension La montée d'Hitler, hasards, complaisances, complicités ... .

Oswald Mosley est le très riche et très aristocrate fondateur de la British Union of Fascists. Mais, avant cela, tout jeune député et ministre travailliste (les fascistes viennent de la gauche), il proposa en 1930 le Memorandum Mosley, qui, par certains côtés, préfigurait l'Etat-providence. Celui-ci fut rejeté comme portant atteinte aux intérêts commerciaux et financiers du commerce international, notamment avec l'Allemagne.

Le racisme aristocratique en partage

Houston Stewart Chamberlain (très lointain rapport avec Neville Chamberlain) était un des rares hommes vivants qu'Hitler admirait. Anglais naturalisé Boche (il a passé la première guerre mondiale en Bochie), il fut l'un des théoriciens du racisme exterminateur moderne.

Des tranches entières de l'aristocratie britanniques sont conquises.

On connait les sœurs Mitford (5 sur les 6 furent plus ou moins, plutôt plus que moins, nazies. Leur seul frère mourut en Birmanie, où il avait demandé à être envoyé, pour ne pas avoir à combattre les Allemands. Leur père, Lord Redesdale disait : « Je suis normal, ma femme est normale, mais mes filles sont toutes plus folles les unes que les autres. »).

La Grande-Bretagne fut la nation qui s'est le plus déplacée pour la grande fête publicitaire nazie des Jeux Olympiques de 1936. Notamment, la haute société était très représentée : pas moins de 20 000 VIP (!!!!), au point que l'ambassadeur britannique en Allemagne s'alarma auprès de son gouvernement : « Mayfair (le Neuilly londonien) déménage à Berlin et beaucoup parlent alors qu'ils feraient mieux de se taire».

Le pompeux crétin sur le trône

Edward VIII, roi de janvier à décembre 1936, était un pompeux crétin (vous avez sans doute remarqué que l'intelligence n'est pas le point fort de la famille royale britannique), sympathisant nazi.

Son père, le roi George V, horrifié par ses dépenses pharaoniques, l'avait fait mettre sur écoutes, et découvrit à cette occasion l'étendue de ses sympathies nazies.

Si sa volonté de se marier avec une divorcée fut la cause réelle et sérieuse de son abdication, les gens qui savaient furent bien contents de débarrasser l'Angleterre de ce dangereux imbécile. Les inspecteurs de Scotland Yard avaient les oreilles écorchées par le langage ordurier employé par l'Américaine pour parler à celui qui était tout de même le roi.

Il était vaniteux, dépensier, creux, bête, méchant, joueur, alcoolique, paresseux, écrasé par sa pouffiasse (il était une sorte de Harry en plus nocif). Un proche de la famille royale a résumé : « il n'avait pas d'âme ». C'est à l'honneur du système britannique d'avoir réussi à éjecter du trône ce danger public.

Devenu duc de Windsor, il ne trouva rien de mieux que de s'afficher avec Hitler :


La position du bulldog couché

Vers 1935, on peut définir trois types de politiciens britanniques vis-à-vis de l'Allemagne :

1) l'establishement pro-nazi.

2) l'establishment « équilibre des puissances », complètement manœuvré par la force et par le vice d'Hitler.

3) les churchilliens, à l'effectif très réduit, puisqu'il fut souvent de un (deux, si on compte Clementine).

En 1935, eut lieu une catastrophe diplomatique comme il y en a peu dans l'histoire : la Grande-Bretagne signa un traité naval avec l'Allemagne, en cachette de l'Italie et de la France. 

Le contenu du traité importait peu face à la défiance entre alliés qu'installait cette duplicité britannique, c'était tout le système d'alliance contre l'Allemagne qui volait en éclats, si ce n'était dans les textes, au moins dans les têtes. Avec le recul, on peine à expliquer une bourde pareille. Paraît-il qu'Hitler eut du mal à contenir sa joie. On le comprend.

Lord Holy Fox

Halifax est de ces personnages historiques (Voltaire, Weygand, ...) pour qui j'éprouve une aversion au-delà du raisonnable.

Aristocrate hautain, qui se croyait plus intelligent que tout le monde,  il prit de funestes initiatives dans le dos de ses collègues (c'était un serpent) qui outrepassaient son mandat de ministre des affaires étrangères. Et toujours dans le sens de concessions à Hitler.

Evidemment, manœuvrer ce genre de vaniteux par la flatterie, ce fut l'enfance de l'art pour les nazis. Göring lui organisa des chasses grandioses.

Il était aussi l'ami du roi George VI.

En mai et juin 1940, il conspirait dans le sens d'une paix avec Hitler (c'est très probablement pour cela qu'Halifax a laissé Churchill devenir Premier Ministre quand Chamberlain lui a proposé le poste le 9 mai 1940 au soir : d'abord, laisser échouer et décrédibiliser l'option jusqu'au boutiste, puis avoir les mains libres pour négocier la paix avec Hitler. Sauf que Churchill a duré plus longtemps que prévu par Halifax).

Mais, à manœuvrier, manœuvrier et demi, Churchill coinça Halifax.

D'abord, il fit voter le 22 mai 1940 la Defence Regulation 18B qui lui permettait d'emprisonner qui il voulait. Il fit aussitôt arrêter les fascistes de Mosley, qui n'avaient aucune importance en eux-mêmes. Mais le message fut reçu 5 sur 5 dans la haute société à laquelle Mosley appartenait : les soutiens de Halifax se firent soudain moins fermes, plus distants.

Ensuite, Churchill eut deux habiletés :

1) il se ménagea l'appui de Chamberlain, déjà très malade, qui restait le chef du parti conservateur (le pouvoir de Churchill était très fragile) et qui avait été si souvent trompé par Hitler qu'il n'était plus prêt à faire des concessions. Il sut ne pas le brusquer, et même le flatter.

2) il temporisa, il évita la confrontation avec Halifax et le laissa s'enfermer dans ses erreurs.

Première erreur en mai : Halifax choisit comme intermédiaires de paix les Italiens. Or, ceux-ci étaient déjà décidés à entrer en guerre contre la France (ce que Churchill, lui, devina). Mauvaise pioche. Comme Halifax a menti au Cabinet, en parlant d'initiative italienne, ça tourna court sans rattrapage possible.

Deuxième erreur en juin : Halifax passe par les Suédois mais une bonne âme dévoile tout à la presse dès le début et il est obligé de se désolidariser piteusement. Et là, il commet la boulette de cette année 1940 très chargée (celle de Gamelin est hors concours) : il propose au Cabinet de céder Gibraltar aux Espagnols pour les encourager à jouer les intermédiaires.

Dans les poubelles de l'histoire, Halifax. Mais Churchill a senti le vent du boulet. Dès qu'il le put, à l'automne 1940 (après la mort de Chamberlain, Churchill devint enfin le chef du parti conservateur), il expédia Halifax aux Etats-Unis.

La dupe

Mieux que ses services de renseignements, qui n'y croyaient guère, Churchill a compris qu'Hitler brulait de se retourner contre l'URSS. Il voulait encourager cette décision qu'il estimait, à raison, avantageuse pour son pays.

Dans le plus pur style d'intoxication anglaise (je ne parle pas que de la cuisine), il s'est servi d'appeasers retournés pour faire passer des signaux de faiblesse.

Le voyage rocambolesque de Rudolf Hesss en mais 1941 l'a embarrassé : Hess avait l'espoir fou de négocier la paix dans le dos de Churchill avant l'attaque de l'URSS et son échec instantané a prouvé que le Premier Ministre était fermement installé à son poste.

Mais, bon, tout est bien qui finit bien : le 22 juin 1941, s'est produite l'attaque que vous savez. Le jour même, Churchill prononça, en soutien de l'URSS, un de ses plus grands discours. Et six mois plus tard, c'était l'échec allemand devant Moscou.

« Collaboration », ça se dit aussi en anglais

La proposition d'Hitler aux Anglais, la co-direction du monde, était bien plus séduisante que sa proposition aux Français, l'asservissement.

Sans Churchill, il se serait facilement trouvé un gouvernement pour discuter avec Hitler. L'occupation des iles anglo-normandes a prouvé que les Anglais n'étaient pas intrinsèquement plus Résistants que les autres.

Je note avec amusement (mais sans surprise, après le délire covidiste) que la plupart des appeasers sont devenus des churchilliens farouches et sincères, à commencer par son secrétaire, Sir John Colville, et par le roi George VI, tant il est vrai qu'il ne faut pas chercher loin les raisons des opinions des hommes. Le conformisme et le suivisme suffisent à les expliquer dans 90 % des cas.

2 commentaires:

  1. Je ne sais d'où la "salope d'Américaine", la Duchesse de Windsor, tirait ses revenus. J'espère que ce n'était pas de la poche des contribuables, fussent-ils britanniques. Car après son veuvage, elle a englouti des fortunes auprès des couturiers et bijoutiers parisiens.

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    1. Si, si, bien sûr, c'était le con-tribuable anglais qui payait.

      Ce qui caractérise beaucoup ce couple (et un peu cette famille) c'est que ce sont des gens puants, odieux.

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