mardi, décembre 21, 2004

Oh oui, Fais moi mal ! (séance de sado-masochisme économique)

Ceci est extrait d'une lettre d'un lecteur des Echos :

On peut s'étonner que le benchmarking, cette technique d'études comparatives très pratiquée en management industriel, soit si peu utilisée par nos instances officielles pour des comparaisons chiffrées concernant les mesures des « performances » inter-étatiques (dépense, fiscalité, emploi...). Pour le domaine sensible du chômage, le rapport de la commission Camdessus illustre parfaitement ces manques méthodologiques. On regrettera en effet ici que la mesure du poids des causes du chômage, ainsi que le chiffrage exact des incontournables remèdes nécessaires, soient tous deux absents des conclusions. Les techniques numériques citées auraient permis d'obtenir ces informations, tout en ancrant les conclusions dans la plus objective des réalités chiffrées.

Poussant plus avant la question, j'ai entrepris l'étude comparée de nos principaux voisins (ensemble : FR, GB, ITA, ALL) + zone euro + USA sur le thème de l'emploi pour l'actuelle décennie. Ce benchmarking s'est avéré très concluant. Ici le modèle établit le dosage précis des médications à appliquer. Par exemple : sur quels axes devrions-nous progresser, et de combien, pour gagner deux points de chômage ? Notons que ce gain dont nous allons voir le prix ne représente que 40 % de notre handicap par rapport aux meilleurs du lot (USA, GB). Le processus rigoureux de calcul établit que cette amélioration nécessiterait l'ensemble des mesures, étalées sur 15 à 16 ans, qui suit :


1. Baisser la dépense publique d'environ 8 points de PIB, soit 15 % de réduction relative (idem pour le train de vie de l'Etat et la fonction publique !). Le rythme proposé serait une réduction de 0,5 point de PIB par an pendant 16 ans.


2. Augmenter le temps de travail de 8 % (soit retour progressif au 38 heures !).


3. Gagner de 3 à 4 % de taux d'emploi (reculer l'âge de la retraite effective de 3 à 4 ans, intégrer plus précocement nos jeunes dans les entreprises...).


4. Pour clore cette liste, baisser aussi dans le même mouvement nos coûts salariaux d'environ 12 %. Ce gain, progressif lui aussi, serait rendu possible en majeure partie par les progrès précédents. Au final, ces quatre médecines feraient passer notre potentiel de croissance de 1,8 % à 2,1 % par an, en moyenne décennale, ce qui aiderait aussi au bonus visé. Ces réajustements « herculéens », nécessaires et rigoureusement calculables seraient politiquement incorrects, voire suicidaires, chez nous. Et telle est bien toute notre impasse, car tel est le prix exact à payer, pour rattraper une partie de notre retard, et tenter de modérer la dette que nous mijotons pour notre descendance depuis plus de vingt ans.

Pascal Lamy, ex-commissaire européen, pense que, dans l'Union européenne, « il y a des petits pays comme la Suède, la Finlande, le Danemark, l'Irlande, où la conscience se répand assez vite que les comportements non coopératifs peuvent faire naufrager l'esquif. Il en va tout autrement dans les grands paquebots comme la France et l'Allemagne. Pour réagir plus vite, ces deux pays doivent réorganiser leurs pouvoirs en profondeur ».

1 commentaire:

  1. Ce message était un provocateur. Une idée plus juste de ce que je pense est dans le tout premier message du blog "Ebauche d'un projet politique"

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