FFF
G. Martinet est un ami de JP Vernant, auteur de La traversée des frontières dont je vous ai fait le compte-rendu.
Livre autobiographique dans la même tonalité bien agréable.
Communiste, résistant, démissionnaire du PC, co-fondateur du PSU, co-fondateur du Nouvel Observateur, disciple de Mendès-France, rallié au PS de Mitterrand (sans illusion sur le bonhomme), ambassadeur en Italie, prof à l'ENA, Martinet a bien vécu le siècle dernier.
Politiquement, il fait un parallèle entre christianisme et communisme, considérant, d'expérience, que le communisme a beaucoup emprunté plus ou moins inconsciemment à la religion. Il fait la remarque évidente que, en Europe, l'implantation du communisme était la plus forte là où la tradition du catholicisme était la plus implantée.
D'après lui, la gauche française n'a, dans sa majorité, pas tiré les conséquences de la chute du mur de Berlin : la planification et l'étatisation sont inefficaces, n'améliorent pas la situation des plus démunis.
En conclusion, il émet une mise en garde très forte contre les utopies, soit de rupture avec le capitalisme, soit d'imposition de la démocratie universelle, qui entravent le travail sur le monde tel qu'il est et qui limitent les progrès plutôt que de les favoriser.
Notamment, ayant vécu le Front Populaire, la Libération, Mai 68 et Mai 81, il est sceptique sur ces "journées" historiques, grande tradition française, qui ont trop souvent l'allure d'un soufflé : belles et joyeuses dans la chaleur de l'action, mais vite retombées sans, en réalité, avoir changé grand-chose en profondeur.
Il considère, je l'approuve sans réserves, que le monde actuel est à la fois suffisamment gros d'inégalités et rempli de possibilités pour que son amélioration soit un défi passionnant pour les prochaines générations, sans qu'il y ait besoin de se projeter dans une vision utopique.
Enfin, puisque Martinet était un ami du regretté François Furet, je vous rappelle "Le passé d'une illusion : essai sur l'idée communiste au XXème siècle" qui est, à mon avis, dans un style différent et dans des circonstances autres, un ouvrage quasi de la même qualité que "L'étrange défaite" de Marc Bloch, ce qui n'est pas un mince compliment.
lundi, janvier 03, 2005
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