samedi, janvier 22, 2005

Contre une politique de "champions nationaux"

Le capitalisme repose sur deux principes :

_ la compétition, principe qui est à peu près compris par nos gouvernants, et encore, ils ne voient souvent qu'une lutte à mort

_ l'avantage comparatif, qui est totaement ignoré de nos gouvernants, sauf, de temps en temps, au niveau international, où il est confondu malencontreusement avec la compétition

Ricardo, au XIXème siècle, comme quoi ce n'est pas une découverte récente, expliquait très simplement en quoi consiste l'avantage comparatif :

Imaginons qu'il n'y ait que deux produits, les chapeaux et les chaussures, et que deux producteurs, Pierre et Paul.

Pierre est deux fois plus productif que Paul dans les souliers et trois plus productif que Paul dans les chapeaux. Il a intérêt à laisser Paul faire les souliers et à se consacrer aux chapeaux.
Ou encore, comme disait un économiste, dont j'ai oublié le nom : "Même si je tape deux fois plus vite à la machine que ma secrétaire, j'ai tout de même intérêt à embaucher une secrétaire car je suis dix fois meilleur économiste qu'elle et donc je dois y consacrer tout mon temps."

Ce principe d'une économie d'échanges garantit que chacun y trouve sa place, dans le travail où il est le moins mauvais.

Or, la constitution de "champions nationaux" contredit ce principe. En effet, cela consiste à fausser artificiellement la compétition et le mécanisme de l'avantage comparatif ne peut plus jouer : l'argent utilisé au profit des "champions nationaux" l'est au détriment des activités moins "prestigieuses" (cette notion de prestige n'a aucun sens économique) sur lesquels le principe de l'avantage comparatif joue à plein.

On s'étonne de la faiblesse des PME françaises, la raison n'est pas à en chercher ailleurs que dans la faveur dont bénéficient les grands groupes.

A contrario, le Japon tente de préserver un tissu de PME en gardant la concurrence la plus saine possible ; en effet, plus une activité est fragile, plus les pratiques de concurrence déloyale sont mortelles.

Bref, envisager l'économie de marché comme la loi de la jungle où le plus fort,le "champion national", met à mort les autres prouve une méconnaissance totale de ses mécanismes. Il en résulte des décisions désastreuses.

Que cette erreur soit fort répandue dans tous les pays n'enlève rien à sa nocivité.

L'économie de marché repose sur le contrat (entre client et fournisseur, entre employeur et employé), toute action en faveur de l'éconmie devrait contribuer à rendre ces relations contractuelles plus claires et non en des interventions, forcément brouillonnes, dans l'espoir vain d'orienter l'économie dans tel ou tel sens.

C'est en ce sens que je disais précédemment que le capitalisme souffre plus de l'oubli de ses principes que de ses contradictions.

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