jeudi, janvier 05, 2006

Ach ! Les transferts de teknologie, grosse malheur !

On parle beaucoup des transferts de technologie d'Airbus vers la Chine. Je pense qu'il est approprié de rappeler une anecdote d'un temps où le transfert de technologie a été plus brutal.

En 1945, la France était dans le camp des vainqueurs, en vertu d'un miracle gaullien comme il en arrive peu dans l'histoire. Les Allemands, tout nazis et vaincus qu'ils se trouvaient, étaient en avance dans de nombreux domaines : propulsion à réaction, ailes en flèches, sous-marins, engins téléguidés, fusées, etc. S'est donc déroulée, en Allemagne ce printemps là, une sorte de championnat du monde de transferts de technologie avec comme seuls participants l'URSS, les USA, la Grande-Bretagne et la France ; plateau certes restreint mais de grande qualité. Bien entendu, tous les coups étaient permis et les négociations avec les "transférés" réduites au strict minimum : "Bonjour, veuillez me suivre."; puisque, tant qu'à faire, autant prendre les bonhommes en même temps que le matériel.

Si l'URSS et les USA furent les grands vainqueurs, la France n'a pas mal tiré son épingle du jeu en "invitant" Willy Messerschmidt, quelques uns de ses ingénieurs et leurs archives.

Récit d'un ingénieur français partageant son bureau avec un Allemand :

J'étais assis en face d'un Allemand ; on arrivait le matin, on se disait bonjour. Il fallait que je me recule, à tous les coups quand il se baissait, je recevais un coup de tête dans le menton. Après m'avoir dit bonjour, il s'asseyait et ne me disait plus un mot. Il avait une rame de papier vierge. A midi, les feuilles étaient couvertes de calculs, mais je n'ai jamais compris ce qu'il faisait. J'ai regardé ses papiers et ça me paraissait bidon. Là dedans, il devait nous raconter beaucoup d'histoires. On sentait qu'il faisait durer le plaisir. [...] Plus tard, je suis directement allé voir leurs engins qu'on avait récupérés, je trouvais une drôle d'allure à leurs boulons avec des fils qui dépassaient. J'ai pris un technicien, nous avons déroulé cinquante mètres de fils, branché sur les boulons et mis du jus. Nous avons été probablement les premiers en France à faire sauter des boulons explosifs. Ensuite, nous les avons copiés.

En lisant ce témoignage, on en oublierait presque que ATAR, nom du réacteur à succès de la SNECMA, toujours en service 60 ans après sa conception, signifie ATelier Aéronautique de Rickenbach (ville située sur le lac de Constance, pas particulièrement en France), conçu par le Groupe O, O comme le professeur Oestrich (nom pas particulièrement français non plus).

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