mercredi, janvier 04, 2006

Education Nationale : la querelle des méthodes continue

Les syndicats constructivistes et leur âme damnée parentale, la FCPE, ont sorti un bijou de désinformation : un appel à "plus de sérieux" ; comme si débattre des méthodes de lecture n'était pas sérieux !

Bien sûr, ils reprennent leur veil oxymore, à savoir la "polémique actuelle dépassée" (soit elle est dépassée, soit elle est actuelle). Pendant qu'ils y sont, ils taxent au passage leurs adversaires de passéistes, ça ne mange pas de pain même si ça ne fait pas avancer le débat ; d'ailleurs, on peut incidemment se poser la question de savoir en quoi, par contraposée, "moderniste" serait un si prodigieux compliment.

Enfin, au détour d'une phrase, ils arrivent à l'essentiel, à savoir l'efficacité des méthodes de lecture, en indiquant que 11 % des élèves, formés à la bonne vieille méthode alphabétique, qui déchiffrent ne comprennent pas ce qu'ils déchiffrent. Admettons cette statistique et remarquons au passage qu'ils s'abstiennent bien d'évaluer l'efficacité de la soi-disant abandonnée méthode globale. Regardons de plus près ce 11 %.

Est-ce à dire que 89 % des élèves "alphabétisés" qui déchiffrent comprennent ce qu'ils lisent ? Dans ce cas, les auteurs de cet appel se montrent les meilleurs défenseurs de la méthode alphabétique ! En effet, la méthode alphabétique est tellement simple que en gros 90 % des élèves déchiffrent ; d'où je conclus que 80 % des élèves formés par la méthode alphabétique comprennent ce qu'ils lisent (90 % x 89 % = 80 %). Ce qui est un chiffre plus élevé que les statistiques officielles de l'EN qui, elles, sont obtenues à partir d'élèves formés par des méthodes globales plus ou moins déguisées ; semi-globale, naturelle (!!! Y-a-t-il dans l'enseignement qq chose de naturel ?), à hypothèses.

Mais, allons, je suis hérétique à m'attacher ainsi aux basses questions de résultats. Vous avez bien compris qu'il s'agit d'une querelle idéologique qu'aucune réalité ne pourra déranger (c'est le propre des idéologies) : les "constructivistes" se voient comme les bons, les gentils, les généreux, les égalitaires, ceux qui permettent, ô merveille, à l'élève, pardon l'apprenant, de se construire lui-même, de découvrir le monde par lui-même, de se détacher du savoir bourgeois et hiérarchisé, tandis que les "passéistes" sont les méchants, les bourgeois, les autoritaires, les pères fouettards.

Au fond, le drame est que, face à tant de bonne conscience, à moins d'une solution politique, il n'est qu'une réponse possible : la stratégie individuelle ; la fuite vers le privé, vers la "bonne" école, vers les cours particuliers, l'achat de bons vieux livres de classe de pépé.

Les "constructivistes" ne doivent cependant pas désespérer, qu'ils se rappellent de l'URSS : une fois, les fortes têtes et ceux qui se souvenaient de l'ancien temps éliminés, la contestation a, presque, disparu d'elle-même, faute de combattants. Les "constructivistes" sont aux commandes de l'EN. A 35 ans, je fais partie de la dernière génération qui a appris à lire avec le b-a ba et le respect de l'instituteur ; encore quelques années de patience et les vestiges des anciennes méthodes devraient tomber dans l'oubli, faute d'instituteurs et de parents d'élèves les connaissant.

1 commentaire:

  1. merci pour cette mise au point!
    hélas ils ne sont pas seulement à l'éducation nationale, allez voir sur le site edf ecoeurant de propagande d'état et de dévelopement durable citoyen!
    Mais combien de temps allons nous suporter ça?
    à croire que nous sommes déjà tous morts!
    ils règneront, mais sur des ruines et ce n'est pas une consolation!

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