La tragi-comédie autour du CPE est navrante :
> Le gouvernement présente une mesurette, un demi-quart de mesure, comme l'arme absolu pour régler un problème : le chomage. Il nous avait déjà fait le même genre de coup sur les retraites. L'immobilisme mime le volontarisme mais c'est Guignol, du bruit, des cris, peu d'effets.
> Les opposants sont tout aussi ridicules avec leurs histoires de précarité, comme si la précarité des jeunes n'existaient pas déjà. Mais il est vrai que les manifestants ne sont pas vraiment concernés par le CPE : il ne me semble pas que les diplomés du supérieur et les fonctionnaires soient les premiers touchés par la précarité !
Que des agents publics, ultra-protégés et privilégiés, manifestent au nom de la lutte contre la précarité frise l'indécence. Je suis naïf : je devrais avoir compris depuis longtemps que des gens qui défendent régulièrement leurs privilèges au prétexte de la "défense des services publics" ne mettent pas la décence au premier rang de leurs préoccupations.
Ce qui m'agace le plus dans ces histoirs est le refus, net, sans bavures, de penser, de prendre du recul, de réfléchir.
On agite un mot, précarité, et voilà des centaines de milliers de couillons dans la rue.
La précarité, ou l'incertitude, pour prendre un mot moins connoté, fait partie de la vie. C'est un problème éminemment individuel et l'envisager de manière macroscopique, en gros et de loin, est le meilleur moyen de raconter n'importe quoi. La question n'est pas de se débarrasser de la précarité, vaine ambition, mais de gérer les risques.
C'est de cela qu'il faudrait débattre.
Mais je pense que c'est justement cette discussion qu'on cherche à étouffer sous les slogans nominalistes (1). Il est aisé de constater que ceux qui braillent le plus fort ne sont pas les plus exposés au risque, c'est suspect.
Par ordre croissant d'exposition au risque économique, nous avons :
> les fonctionnaires et assimilés (risque nul)
> les employés de grands groupes
> les employés de PMEs
> Les chomeurs (risque important que le chomage dure)
Ou en prenant par formations :
> les bien diplomés (risque quasi-nul)
> les mal diplomés
> les sans-formation
Est il totalement idiot d'envisager que le risque professionnel nul des uns, qui est un excès (1), se fait au détriment des autres, exposés à un risque maximal ?
La gestion du risque devrait avoir une large part individuelle car c'est la liberté de chacun d'estimer et d'assurer ses risques. Vous le prendriez mal si l'Etat vous imposait votre assureur pour votre maison et votre voiture.
Cependant, c'est bien ce qu'il fait pour votre santé, votre emploi et votre veillesse, qui me semblent pourtant plus importants que maison et voiture ; avec en plus cette aberration qu'il a créé une catégorie toute particulière qui ne court aucun risque de perte d'emploi.
Tant que l'Etat se croira plus sage que les hommes et voudra se substituer, engendrant au passage gabegie, gaspillage et allocation des ressources peu judicieuse, on aboutira à des échecs.
(1) : je donne un nom à quelque chose ("précarité", "libéralisme") et je crois avoir analysé le problème.
(2) : pour que quelqu'un ait un risque professionnel nul en laissant simplement juge l'utilité, il faudrait que cette personne soit assurée dès dans son entrée dans la vie active qu'elle aura toujours une utilité qui lui assure un salaire, certitude surhumaine. La sécurité de l'emploi est donc garantie en forçant le cours des choses : tel qui gagnait son salaire quand on l'a embauché travaille maintenant moins que ce qu'il est payé, cette différence entre ce qu'il coûte et ce qu'il produit, il faut bien que quelqu'un la paye, généralement, ce payeur est affublé d'un nom charmant créé exprès pour lui, délicate attention, on appelle cela un contribuable.
Le cas inverse peut se présenter : un qui travaille plus que ce qu'il est payé. Mais comme le salaire au mérite n'existe pas, l'ajustement, si il se fait, se fera non pas par une hausse de salaire mais par une baisse de travail.
Quand on ne récompense pas le mérite et qu'on ne punit pas la paresse, il est mal venu de s'étonner de rencontrer des problèmes d'efficacité. Mais ce que je dis est bassement humain, je ne doute pas que de savants professeurs sauront me tourner en ridicule en m'expliquant avec force mesures, chiffres, équations, tableaux et théories à quel point je divague.
J'ai en tête la fonction publique, mais aussi les bien diplomés dans certains grands groupes.
jeudi, mars 09, 2006
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Bonsoir,
RépondreSupprimerVous dites : "Cependant, c'est bien ce qu'il fait pour votre santé, votre emploi et votre veillesse".
On peut tout-à-fait se passer de la Sécu et des CNAM et contracter une assurance privée (à condition d'être en bonne santé, sinon vaut mieux rester à la Sécu) ; la route est longue pour y parvenir puisque tout autour de vous essaye de vous mettre les bâtons dans les roues (le Trésor public, les méchants qui font rien qu'à exiger votre numéro de Sécu, les pharmaciens qui exigent la carte vitale, etc.)
Et normalement, à ce jeu-là, au moins trois personnes se frottent les mains : l'assureur qui vous a fait contracter votre assurance maladie bien sûr, mais aussi votre patron, et enfin vous-mêmes, puisque la CGS, la CRDS et autres impôts de maladie et de veuvage passent directement dans vos poches respectives.
Mais chuuuuuut, faut pas le dire ! Vous imaginez le trou de la Sécu si les biens-portants arrêtaient de cotiser ?
Votre histoire m'intéresse, à titre de curiosité.
RépondreSupprimerConnaîtriez vous un site internet ou qq chose de ce genre expliquant comment se désaffilier de la sécu ?
Non, la secu est obligatoire. Il y a eu pas mal d'articles la dessus il y a qqs annees, regardes ds les archives du Monde.
RépondreSupprimerAh ben oui c'est sûr, je vais regarder les articles parus dans un journal intellectuel de gauche pour voir si, effectivement, le peuple peut se désinscrire en masse de la Sécu ! Je suis persuadé que le point de vue exposé n'y sera pas biaisé ;)
RépondreSupprimerhttp://www.finmonopolesecu.conscience-politique.org/
L'absurdité de la lutte, je l'ai vue en face dimanche, Place de la Sorbonne. 20 étudiants du RED (rassemblement des étudiants de droite) criaient sur 100 étudiants anti CPE: "Gauchistes au dépôt!" Entre ces deux groupes sympathiques, des centaines de CRS (j'ai compté une cinquantaine de cars). Sympathiques eux aussi.
RépondreSupprimerhttp://crisedanslesmedias.hautetfort.com/