samedi, mars 18, 2006

Un pays de fonctionnaires et de retraités

Le point de vue d'Eric Le Boucher est intéressant car il recoupe ce que dit depuis longtemps Paul Fabra, à savoir que l'économie avec un Etat omniprésent et déficitaire est une économie de guerre qui sacrifie les jeunes et met les vieux au rencart.

Un pays de fonctionnaires et de retraités

Le CPE est une initiative qui va dans ce sens [assouplir l'embauche], mais pressée, tarabiscotée et ne s'appliquant qu'aux jeunes, elle leur donne le sentiment qu'on leur réserve, une fois de plus, la précarité.

Pouvait-il en être autrement ? Si, forcément complexes, les réformes doivent être replacées dans une vision d'ensemble et expliquées, forcément douloureuses, elles doivent être menées par des équipes crédibles. Or les jeunes ne peuvent que mal prendre une initiative de ce pouvoir qui les sacrifie depuis toujours. Comment juger autrement un gouvernement qui découvre leur problème de chômage à la treizième heure ? Comment accorder crédit à un gouvernement qui accumule, comme ses prédécesseurs, une dette record laquelle pèsera sur leurs épaules ? Qui défend une politique agricole vieillie aux dépens de l'Europe de la recherche ? Qui craint le progrès, l'avenir et les sciences au point d'inscrire la précaution, et son principe, au fronton de la Constitution ? Qui ne s'inquiète pas de voir 300 000 Français, non qualifiés ou très qualifiés, partir à Londres parce qu'il n'y est pas interdit d'y réussir ? [je connais le cas d'une jeune qui n'a que le bac qui a trouvé logment et emploi en une semaine à Londres]

Une moitié des départements français vit principalement des revenus de redistribution, selon une étude que Le Monde publiera lundi 20 mars (daté 21) dans le cadre de sa coopération avec La République des idées (pour aboutir à un colloque sur "La nouvelle critique sociale", organisé à Grenoble du 12 au 14 mai) : "La France, pays des fonctionnaires, des retraités et des RTT." Où est l'avenir ? Les jeunes ont mille fois raison de se révolter.

Eric Le Boucher

Article paru dans l'édition Le Monde du 19.03.06

Je suis navré que notre vie intellectuelle soit avancée, comme on dit qu'un fromage est avancé, au point que je doive rappeler cette évidence : les jeunes, dans une société quelconque, ne peuvent se faire une place, monter dans l'ascenceur social, que si les statuts ne sont pas figés.

C'est pourquoi, qu'ils le veuillent ou non, les défenseurs des "avantages acquis" et des statuts associés sont nécessairement des freins à l'épanouissement professionnel des jeunes.

Il donc aussi étrange de voir défiler cote-à-cote fonctionnaires et étudiants que d'imaginer en végétarien battant le record mondial d'ingestion de steak tartare.

Cela dit bien la naïveté ou l'ignorance des jeunes protestataires : qu'ils défilent contre le CPE ne me choque pas, celui-ci est inutilement discriminatoire, mais qu'ils acceptent les syndicats de la fonction publique dans leurs défilés prouve à mes yeux leur manque d'analyse globale.

Ils défilent avec ceux qui leur font payer par la précarité leur propre sécurité, les bourreaux et les jeunes victimes sous la même banderole.

Cela peut s'expliquer : 76 % des jeunes victimes aimeraient bien devenir bourreaux, mais c'est lâcher la proie pour l'ombre : les abrités actuels ont la sécurité et, en attendant peut-être vainement d'entrer dans l'abri, les jeunes ont la précarité.

7 commentaires:

  1. "Les jeunes ont mille fois raison de se révolter."
    Sauf que les jeunes en question sont loin de comprendre ni le contexte, ni les implications de ce qu'ils font. Ils sont paumés, comme tous ces bobos prompts à manifester au premier changement.
    Ce n'est ni la précarité, ni le libéralisme, ni le capitalisme que tous ces gens rejettent. C'est le changement de leurs petites habitudes mesquines.
    Je suis aigri par la France.

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  2. "Les jeunes ont mille fois raison de se révolter" ... pour les raisons que j'ai dites.

    Mais, si ce sont les raisons que vous dites qui sont la motivation de la contestation (ce qui n'est, hélas, pas impossible, voire probable), il y a fort à regretter.

    Ne soyez pas aigri, relisez la fin des Mémoires de guerre de De Gaulle je cite de mémoire) :

    "Puisque tout recommence toujours, ce que j'ai fait sera, tôt ou tard, une source d'ardeurs nouvelles après que j'aurai disparu."

    Je ne crois pas en un sauveur, ce que je veux vous dire, c'est qu'on a toujours tort, à long terme (nous serons peut-être morts), de désespérer de la France et des Français.

    Suffisamment de guerres et de désastres l'ont prouvé : il y a au fond de certains Français, qui ne sont pas toujours ceux q'on croit, un patriotisme, et donc un sens du sacrifice personnel, qui ne demande qu'à être réveillé.

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  3. Oh, je ne désespère pas de la France sur le long terme, mais, voyez-vous, il se trouve que je suis mortel, et que la grandeur de la France dépendant des français du moment, je n'entrevois que peu d'espoir pour les années qui viennent.
    J'envisage de plus en plus de fuir ce pays qui hait la réussite et le travail, pour des contrées plus accueillantes (EU, Australie, Grande Bretagne, ou Suisse, ma foi, le choix n'est pas fait.)

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  4. Pensez aussi à la Nouvelle-Zélande : pays libéral, peu peuplé, à la nature magnifique et encore sauvage et paradis de l'aviation privée (l'aministration néo-zélandaise doit être particulièrement idiote : elle n'a pas le génie, contrairement à la nôtre, d'emmerder les pilotes à chacune de leurs actions, sans que leur niveau de sécurité soit plus mauvais que le nôtre).

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  5. DoMP; il y a une autre raison de ne pas désespérer : les expériences des pays étrangers montrent que les réformes(je ne parle pas des blagues comme le CPE) ont été mises en oeuvre très vite(entre 6 mois et trois ans) et ont produit des effets positifs appréciables dans les dix ans.

    C'est un peu long à l'échelle humaine mais tout de même passablement rapide à l'échelle sociale, économique et politique.

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  6. Certes, mais ces réformes nécessitent un peuple qui soit derrrière un leader de qualité. Je ne vois ni l'un, ni l'autre en France aujourd'hui.
    Je me surprends parfois à espérer un Sarkozy président, libéré de l'emprise chiraquienne, qui se lance dans des réformes à la Thatcher.
    Puis je me réveille...

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  7. L'as tu vu cet article alors? (on est le 22!)

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