Dans un commentaire, je m'affligeais des scores électoraux des communistes en France et du traitement différent du communisme et du nazisme, alors qu'à mes yeux, ils se valent dans l'horreur.
François Delpla me répond :
"quelque chose est malgré tout de bon aloi et imprégné de valeurs positives (générosité, humanisme, refus des humiliations, goût pour la liberté, souci des humbles etc.) chez ceux [les communistes d'aujourd'hui] que vous citez et qui, je vous l'accorde, ne brillent pas toujours par la cohérence et le réalisme"
Je trouve ce propos choquant et usé jusqu'à la corde. La "théorie" communiste serait généreuse, seule la "pratique" pêcherait, c'est oublier un peu vite que :
> la "théorie" est d'une grande violence (dictature du prolétariat, désignation d'un ennemi, le bourgeois, quête d'un "homme nouveau" avec ce que cela suppose de violence et de contrainte) Sa supposée générosité est toute relative ! Le terrain est glissant. Après tout, le nazisme était très généreux, en "théorie", pour le peuple allemand, non ?
> le marxisme s'est toujours réclamé de la praxis. Il est donc particulièrement malhonnête d'opposer la théorie et la pratique communistes, surtout que, partout et toujours, la prise de pouvoir des communistes a tourné au drame.
Je crois que la faveur dont jouit encore le communisme dans l'électorat français vient du manque de travail de mémoire, bloqué par l'intelligentsia qui n'a jamais complètement renié le marxisme de sa jeunesse.
Des survivants du goulag parcoureraient les collèges et les lycées pour témoigner comme le font les survivants des camps nazis, les choses changeraient, mais justement ça ne se fait pas.
Nos intellectuels et semi-intellectuels, notamment ceux de l'éducation nationale, font au fond encore leur la phrase stupide de Sartre : "Tout anti-communiste est un salaud."
Ca ne serait pas grave si la persistance d'une vision marxiste simpliste dans la politique française (patron méchant, ouvrier gentil, Etat bon) n'empêchait pas le débat clair, franc, mais complexe que j'appelle de mes voeux.
dimanche, avril 30, 2006
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François Delpla me répond :
RépondreSupprimer"quelque chose est malgré tout de bon aloi et imprégné de valeurs positives (générosité, humanisme, refus des humiliations, goût pour la liberté, souci des humbles etc.) chez ceux [les communistes d'aujourd'hui] que vous citez et qui, je vous l'accorde, ne brillent pas toujours par la cohérence et le réalisme"
Ah non, ça, c'est malhonnête. En principe je commence mes phrases par des majuscules. Bien sûr, le lecteur peut se reporter en quelques clics à la vraie phrase. Donc la malhonnêteté, elle est surtout vis-à-vis de vous. Vous tronquez pour vous rassurer.
Le propos était strictement limité à l'électorat et aux partis français actuels. Vous voyez sérieusement les seconds en train de préparer la dictature du prolétariat et le goulag, même théoriquement, et le premier voter pour eux à cause de ça ?
Le communisme, c'est Jaurès tout aussi bien : de son temps on ne distinguait pas. Staline aurait usé le mot, interdirait de lui donner un autre sens que celui de sa théorie et de sa pratique ? Eh bien la persistance d'un certain électorat a au moins cette vertu : vous faire comprendre qu'il vous faudrait une dictature pour imposer votre censure de toute référence à cette tradition.
Sans les communistes, en France, pays des patrons de choc, il n'y aurait peut-être toujours pas de congés payés ni de sécurité sociale : y avez-vous jamais seulement réfléchi ?
Oui, la question du nazisme est simple : tout à jeter. Celle du communisme est complexe. Voilà tout.
En quoi suis-je malhonnête, où ai-je tordu le sens de votre phrase ?
RépondreSupprimerMoi aussi, mon propos est limité à l'électorat français actuel :
> soit le communisme est un vague mot empreint de nostalgie (hypothèse non négligeable)
> soit c'est une doctrine précise et elle est condamnable
"Oui, la question du nazisme est simple : tout à jeter. Celle du communisme est complexe. Voilà tout."
Je suis en désaccord : le nazisme aussi est moralement complexe, même si, c'est vrai, tout est à jeter. Mais dans le communisme aussi tout est à jeter à mes yeux.
Cela ne veut pas dire que je méconnaisse les qualités de certains communistes (j'applique sans rechigner ce que disait P. Salin du libéralisme : compréhensif avec les hommes, intolérant avec les idées fausses), cela veut dire qu'on est en 2006 et qu'on a suffisamment de recul sur le communisme, à mon avis en tout cas, pour pouvoir dire qu'il est à jeter.
J'avais oublié deux précisions :
RépondreSupprimer> il semble me souvenir qu'en 1936, les communistes étaient opposés aux congés payés (suivant l'idée qu'il ne fallait âs améliorer le capitalisme mais le détruire)
> kla sécurité sociale est tellement l'oeuvre des communistes qu'il s'est trouvé des pays sans communistes pour en avoir une
"Si le FN se disait fasciste il retomberait à 1% et ajouterai-je, s'il se disait nazi, à 0,1 %, et il est obligé de la jouer plus fine, alors que les partis et groupes se réclamant ouvertement du communisme font 10. Ca signifie quoi ? Une conspiration de méchants dans les médias, l'intelligentsia, etc ? Ou bien que quelque chose est malgré tout de bon aloi"
RépondreSupprimeravec ce contexte on voit mieux que je ne dis pas, moi, que le communisme est généreux ou de bon aloi, mais seulement les motivations des électeurs français actuels qui votent pour des candidats s'en réclamant (peut-être parce qu'ils détestent davantage les autres ?).
Par ailleurs, il faut tenir compte de l'ensemble des contributions : intervenant contre moi et non contre Gil, vous avez l'air d'avaliser les siens propos, qui pour le coup me font la leçon comme à un gamin pris en faute et ignorant le ba ba du Livre noir.
Je cause de la France, du caractère rétrograde et anti-ouvrier bien connu de son patronat par rapport à la moyenne européenne, notamment dans les années 20-40, ce qui fait qu'il n'y a pas eu trop des communistes pour pousser en mêlée afin d'arracher des droits élémentaires.
Quant au fait qu'il auraient été contre les cp en 36, il y a du vrai, mais pas sur les cp, et vous allez rire (si vous êtes beau joueur) : c'est des nationalisations qu'ils ne voulaient pas (au moment de l'élaboration du programme du front pop, en 35), les trouvant réformistes !
"caractère rétrograde et anti-ouvrier bien connu de son patronat par rapport à la moyenne européenne, notamment dans les années 20-40"
RépondreSupprimerLà-dessus, je suis d'accord.
"caractère rétrograde et anti-ouvrier bien connu de son patronat par rapport à la moyenne européenne, notamment dans les années 20-40"
RépondreSupprimerLà-dessus, je suis d'accord.
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A la bonne heure ! Mais cela suffit à montrer, en miroir, que la question du communisme est complexe, par opposition à la question nazie, simplissime. Même si d'aucuns ont pu obéir à Hitler pour les meilleures raisons subjectives du monde. L'objectif, c'est le cas de le dire, était un, et abominable. La mouvance de la Troisième Internationale charriait toutes sortes de choses, il y avait malgré la théorie beaucoup moins d'unité et de discipline.
C'est d'ailleurs l'un des défauts de la chose. Staline n'était pas que le bourreau de ses peuples, il était aussi un guide erratique pour les staliniens des autres contrées, capable de les réduire à démontrer avec la même assurance le blanc un jour et le noir le lendemain.
Bon, je n'ai pas envie de me relancer dans cette polémique, je viens de répondre aussi, dans le post sur le général Doumenc, aux propos de F.Delpla sur le communisme (de répondre une 2° fois), désolé que j'étais par cet argument effectivement "usé jusqu'à la corde", et plus encore par l'argument de la séparation "mystique" entre la doctrine et ses effets.
RépondreSupprimerCe communisme, achevons-le.
B. à v.
gil
Et vive les salauds !!! (au sens sartrien)
RépondreSupprimerg.
Je détourne un peu le sujet:
RépondreSupprimerA titre personnel, si j'avais à choisir, je prendrais le nazisme plutôt que le communisme.
Si les conséquences sont les mêmes, le nazisme a l'énorme avantage qu'il génère face à lui une foule d'intellectuels et d'opposants en tous genres. Le communisme n'a pas cette qualité.
il n'y a qu'un malheur, c'est que le choix n'a jamais existé, sinon à la rigueur en Allemagne, vu que le nazisme, c'est vraiment dans un seul pays, et une seule époque historique, c'est un appel de la défaite de 1918 et rien d'autre !
RépondreSupprimerd'autre part, vous n'avez jamais entendu parler des dissidents ?
Bien vu, Hérodote. C'est mème tout le contraire pour le communisme: il les attire à lui (les intellectuels et les opposants) comme des mouches à m... sur une énorme bouse de vache. Ce qui fait d'ailleurs que les conséquences mèmes en sont différentes et plus nocives.
RépondreSupprimerPar rapport au communisme, le nazisme à une franchise et une fraicheur indubitables...
M.Delpla: vous en connaissez beaucoup, des dissidents, en Occident ? La dissidence est un phénomène interne, de gens qui ne peuvent QUE voir ce qu'est le communisme, et ce qu'il ne peut QU'ètre (car si tous les Russes n'étaient pas dissidents, tous voyaient: cf. le sublime "Et le vent reprend ses tours", de V.Bukovskij).
et les dissidents, vous devriez les lire, d'ailleurs.
g.