jeudi, mai 25, 2006

Le PS est-il idiot, cynique ou démagogue, ou un peu de tout cela à la fois ?

J'ai oublié de vous rapporter l'opinion de Michel Charasse : le PS a pris goût à la distribution des places et au clientélisme et rien ne vaut pour cela les mandats locaux.

Si le PS veut gagner les prochaines municipales, il a intérêt à laisser la droite gagner les présidentielles, en vertu du mouvement habituel de balancier.

C'est pourquoi les socialistes ne vont pas vraiment se battre en 2007, ils vont mettre Mme Royal, qui n'a pas la carrure, comme candidate et ils accuseront les Français de leur inconséquence : "Les Français sont trop rétrogrades pour élire une femme."

Ca n'est que l'opinion de Michel Charasse, le scénario me paraît trop alambiqué, mais, venant des socialistes, qui ont depuis longtemps perdu toute rectitude, on peut s'attendre à tout.

Le PS n'est plus depuis déjà qu'une machine à conquérir (à coup de slogans vides de contenu) et à se distribuer les places.

«L'impôt citoyen» au programme
L'éditorial d'Alexis Brézet

25 mai 2006, (Rubrique Opinions Le Figaro)

Grande nouvelle : les socialistes ont un programme. Entre deux empoignades sur le calendrier des investitures, l'égalité de traitement due aux différents présidentiables ou le meilleur moyen de barrer la route à Ségolène Royal, les éléphants du PS ont trouvé le temps d'accoucher d'un texte. Certes, ce «projet de projet» n'a rien de définitif mais il est, tel quel, d'une lecture fort instructive.

Pour l'essentiel, le document est un décalque de la synthèse péniblement dégagée au congrès du Mans, en novembre 2005. On y reconnaît la même rhétorique incantatoire («retrouver le plein-emploi en divisant par deux le chômage d'ici à 2012» ; «0 enfant pauvre à l'horizon 2020»), le même prurit abrogatif («remplacement» de la loi Fillon sur les retraites, suppression du CNE, renationalisation d'EDF, retour sur la loi Sarkozy qui «précarise» les immigrés) et la même surenchère «sociétale» (vote des étrangers aux élections locales et, bien sûr, «ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe»). L'évolution – car évolution il y a – se situe du côté de la dépense publique, jamais chiffrée mais dont la «dynamique» est désormais programmée sur dix ans.

Passons sur l'empilement des «priorités» budgétaires : la Recherche, dont les moyens doivent augmenter de 10% tous les ans ; l'Education installée «au premier rang des impératifs» ; la Culture, qui sera dotée «de nouveaux moyens financiers». Mais il faudra financer aussi la «réactivation» des emplois-jeunes dans le secteur public, la retraite minimale garantie (à un niveau proche du smic), l'allocation autonomie pour les jeunes, la suppression des mesures d'économie sur l'assurance-maladie et, si elle voit le jour, la fameuse «couverture professionnelle universelle». Sans oublier le programme énergétique (il faut bien penser aux Verts) censé faire passer, d'ici à 2020, la part des énergies renouvelables de 20 à 50% !

Côté recettes, les socialistes, qui ne s'inquiètent de la dette que pour s'engager à annuler celle des pays pauvres, sont plus laconiques. Mais ils ont trouvé un sésame, un abracadabra : «l'impôt citoyen.» Le concept paraît un peu flou (l'impôt citoyen est-il un impôt qui pèse sur les citoyens ? – la liste semblait déjà longue ; serait-ce un impôt réclamé par les citoyens ? – on attend les pancartes) mais l'idée générale qui sous-tend ce projet de fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG n'est que trop claire : il s'agit de faire peser un fardeau toujours plus lourd sur un nombre de contribuables toujours plus réduit (1). Soit exactement l'inverse de ce que préconisent depuis vingt ans tous les experts, droite et gauche confondues, qui se sont penchés sur «l'exception fiscale française».

Dans les quarante pages de ce catalogue de la dépense, on cherchera en vain une allusion à «l'assouplissement» du Code du travail, naguère évoqué par les socialistes, ou à cette «agilité» que Ségolène Royal dit souhaiter pour notre économie. Le smic à 1 500 euros ? La généralisation des 35 heures ? L'entreprise paiera. En route pour 2007, le PS a enclenché la marche arrière. Mais sa guimbarde est «citoyenne», incontestablement.

[(1) : l'effet de ciseaux (ceux qui payent -de façon plus que proportionnelle à leurs revenus- n'ont droit à rien ou presque parce que les prestations sont soumises à plafond de ressources, ceux qui ne payent pas ont droit à tout) a maintes fois été décrit et analysé dans ses conséquences néfastes, cela ne semble guère émouvoir le PS. Visiblement, la justice n'est pas son souci.]

2 commentaires:

  1. Enclencher la marche arrière le PS? Vraiment?

    Répondons point par point à ton post nauséabond qui donne une large place à Michel Charasse, que j'ai vu à plusieurs reprises voter à contre-pied des résolutions du PS. C'est comme si pour démonter l'UMP tu me citerais Boutin. Trop facile.

    Charasse a d'ailleurs voté contre l'interopérabilité dans la loi DADVSI, alors que je rappelle que le PS est clairement pour. Charasse fait partie de cette vieille garde Mitterrandienne qui se fera de toute façon réduire à sa réelle importance. Le fait que tu te bases sur lui pour attaquer le programme du PS (qui n'est pas terminé d'ailleurs) prouve ton manque de recul.

    Et l'UMP n'a pas perdu sa rectitude, ce qui les rend encore plus dangereux si jamais on les reconduit.

    Et après, tu me sors un édito du figaro qui met en charpie le programme du PS. Comme si le Figaro allait faire autre chose! Ils considèrent le PS comme en 1981, une telle ignorance et un aveuglement sur l'histoire récente suffit à ranger ce journal comme le torchon idéologique qu'il est devenu aux mains de Dassault, aux cotés du Point et de l'Huma.

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  2. "Répondons point par point". Je l'attends toujours, camarade, votre réponse.

    Je lis beaucoup d'enflure du propos ("nauséabond", "aveuglement" "torchon", "manque de recul"), mais d'argument, pas le poil d'un.

    Tourner autour du pot, critiquer Charasse et le Figaro, oui ; répondre au point précis de savoir si le "projet de projet" du PS a un début de commencement d'intelligence, non.

    Si j'étais méchant, j'appliquerais le proverbe "Qui ne dit mot consent" et je considérerais que ce silence sur le coeur du débat (la politique envisagée par le PS) vaut acceptation de mon analyse.

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