jeudi, novembre 09, 2006

Airbus : Gribouille à la rescousse. Sauve qui peut !


Dans les dépêches d'agences, on lit de ces choses :

Le premier ministre, Dominique de Villepin, a annoncé hier à l'Assemblée nationale qu'il se déplaçait mardi à Toulouse chez Airbus « pour trouver des solutions » aux difficultés de l'avionneur européen. Il a assuré que le gouvernement ne laisserait « tomber ni Airbus ni les salariés ». Cela n'empêche pas le groupe PS au Sénat d'exiger des comptes. Il a annoncé hier qu'il demandait la création d'une commission d'enquête sur « les raisons des retards de production et de livraison du groupe Airbus ».

Il ne pouvait rien arriver de pire à Airbus. J'imagine ça d'ici, DDV, hyper-compétent en matière d'industrialisation (il est énarque donc hyper-compétent en tout) « trouvant des solutions ».

Vous remarquerez ce vocabulaire délicieusement modeste, DDV ne cherche pas des solutions, il en trouve.

J'attends avec impatience une démonstration de riveteuse par notre grand con de premier ministre.

Et le PS va émettre son avis d'expert sur « les raisons des retards de production et de livraison du groupe Airbus ».

Les socialistes ne sont pas foutus d'assembler un programme électoral qui tienne la route et ils voudraient assembler un avion. Mon prochain voyage, je prends le bateau (pas le train, on y est à la merci de staliniens).

Airbus se languit, se meurt peut-être, du mélange empoisonné de politique et d'industrie. Et dans leur grande sagesse, nos politiciens de tous bords feignent de croire, ou -pire- croient vraiment, que more of the same résoudra les difficultés dont ils sont la source.

On en revient à deux citations que j'ai hélas trop d'occasions d'utiliser à propos des maux de la France :

Bossuet : « Le Ciel se rit des prières qu'on Lui fait pour écarter de soi des maux dont on persiste à vouloir les causes. »

Einstein : « Il ne faut pas espérer résoudre des problèmes avec ceux qui les ont créés. »

Deux citations d'évidence, me direz-vous ? Hé bien, ça me prouve que vous n'êtes pas énarque !

Un énarque n'envisage pas qu'il puisse être la source d'un problème. Jamais nous ne verrons DDV ou JC déclarer : « Excusez nous, les gars, on a merdé, on s'est mêlé d'un truc auquel on connaissait que dalle et on a foutu un boxon pas possible. Promis, craché, juré, on n'y touche plus. »

Pourquoi est-ce impossible ? Parce que si ils ne s'occupaient que des domaines où ils sont compétents, ils ne s'occuperaient plus de grand'chose et, horreur, angoisse, flatulence du Très-Haut, perdraient du pouvoir.

Si EADS et Airbus s'en sortent, ce que j'espère de tout coeur, ça sera malgré les politiciens, et non pas grâce à eux.

JL Crémieux-Brilhac écrit, dans Les Français de l'an 40, à propos de l'industrie d'avant-guerre, que « le pays mit une espèce de fureur d'irrationalité à ne pas tirer le meilleur parti de ses ressources limitées. »

Je ne puis m'empêcher d'appliquer ce propos à la France de 2006 : nos ressources limitées en hommes, nous les gaspillons en chomage ; nos ressources limitées en finances, nous les dissipons en inefficacité étatique. Mais, c'est aussi net dans des cas particuliers comme celui d'Airbus : quelle était la rationalité de perturber la fermeture nécessaire de la Sogerma ? Quelle était l'urgence de provoquer une guerre interne pour le simple bonheur de donner satisfaction aux ambitions personnelles d'un ex-conseiller de Chirac ?

Espérons qu'EADS et Airbus reposent sur des bases suffisamment solides pour laisser passer la tempête, ce gaspillage et ces perturbations. Pour l'instant, je n'ai guère de raisons d'être optimiste.

Les raisons d'être optimiste viendront, si elles viennent, dans un an ou deux : organisation basée sur les compétences et non sur la nationalité, A 380 qui se vend, programmes A400M et A350 se déroulant bien.

Rassurons nous tout de même. Les hommes d'Airbus ont su commercialiser, concevoir et produire de très bons avions. Le coup de patte ne doit pas être totalement perdu.

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