mercredi, décembre 20, 2006

Etre de droite : un tabou de l'éducation nationale

Je suis en train de lire Qui a eu un jour cette idée folle de casser l'école ?, de Fanny Capel, qui trainait depuis quelques temps au pied de mon lit (le livre, pas Fanny). Il ne se distingue guère de la littérature du même type par JP Brighelli, M. Le Bris ou R. Boutonnet.

Or, à part dans les livres de M. Le Bris, vient toujours, plutôt au début qu'à la fin, une protestation d'authenticité de gauche par l'auteur.

A croire que la politique a quelque chose à voir avec la pédagogie, à croire que seuls les profs de gauche peuvent râler contre l'EN, à croire que si la même critique était portée par des profs de droite, ou soupçonnés de l'être, elle serait moins légitime. D'où l'impérieuse nécessité de protester de son gauchisme.

On retrouve chez ses personnes pourtant de bonne volonté l'un des maux les plus graves de notre école publique : le sectarisme. Plus sectaire qu'un prof, ça existe, c'est deux profs ; et plus sectaire que deux profs, ça existe aussi, c'est une salle des profs.

J'ai un fantasme, être invité un jour dans une salle des profs pour pouvoir y déclarer benoitement après les présentations d'usage : "Je suis libéral et je vote Sarkozy". J'en savoure d'avance l'effet. J'ai déjà essayé lors de réunions privées avec un effet assez réjouissant, alors j'aimerais bien recommencer à plus grande échelle.

Si, comme je le pense, le problème fondamental de l'instruction en France est d'être un système étatique, les meilleures volontés du monde ne suffiront pas à améliorer la situation tant qu'elles se refuseront à dépolitiser l'école, c'est-à-dire à la désétatiser, comme on exorcise un possédé.

Je constate, en parcourant un site comme Sauver les lettres, que, les refuzniks du pédagogisme non seulement n'ont pas compris où était le problème, mais ils entrent dans la même logique que leurs adversaires : dans un système centralisé, on peut tout changer en changeant la tête.

Les pédagogistes ont aujourd'hui le pouvoir, les anti-pédagogistes veulent le leur prendre. Ils changeraient tout, tout sauf la centralisation elle-même.

Ils affaiblissent mortellement leur position : si la question ne revient qu'à changer la couleur de l'équipe dirigeante, ce n'est que querelle de clochers sans importance.

Les anti-pédagogistes auraient un moyen de se rendre compte que chaque fois qu'ils hurlent contre la libéralisation de l'école, ils se tirent une balle dans le pied : c'est que le principal moteur du débat sur l'école, l'aiguillon, est la concurrence de fait créée par des entreprises privées comme Complétudes, Acadomia et cie. C'est donc que la concurrence et la liberté ne sont pas si mauvaises pour faire bouger l'école (1).

Mais leur cerveau reptilien gauchiste sera-t-il vaincu par leur cerveau hominien amoureux du savoir ? J'en doute : l'école n'est pas un espace de liberté, il y est malaisé de se débrarrasser d'un carcan idéologique. Il ne s'agit même pas de passer de la gauche à la droite, ce qui serait le miroir de l'erreur initiale, il s'agit juste de se rappeller que la liberté est nécessaire à l'enseignement et qu'il n'y a pas de liberté en situation de monopole.

C'est dommage, car la cause est fondamentalement juste et sympathique.

(si vous parcourez le site de Sauvez les lettres, vous vous paierez de bonnes tranches de rire : après bien des contorsions, ils finissent toujours par dire que ce que fait ou préconise un homme de droite est mauvais, le plus souvent "Le constat est bon, mais la solution est mauvaise (ou ne va pas assez loin)". C'est tellement systématique que ça finit par engendrer un effet comique. Tout cela n'est pas très sérieux).

(1) : je pense que l'école de Jules Ferry souffrait du même défaut fondamental, mais tant que la tête faisait les bons choix, ça ne se voyait pas ; quand les mauvais choix ont commencé à être faits, il n'y avait pas de contrepoids, de contre-pouvoir.

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