Une idée partant d'un mauvais principe ne peut se révéler bonne en pratique.
Les droits-créances, les "droits à" (travail, logement, voiture avec chauffeur etc.), sont des créances que certains individus auraient, grâce à la loi, sur la société, représentée par l'Etat. Or, l'Etat est une entitée abstraite, on cache sous ce terme d'autres individus, essentiellement les contribuables. Les droits-créances sont donc un camouflage pour dissimuler une extorsion étatique.
Ils sont par conception communistes, c'est pourquoi il est tout à fait logique qu'ils aient été introduits dans la Constitution française en 1946, au moment où le Parti (celui qui a une majuscule et pas d'attribut) était au plus haut.
A l'opposé, les droits-libertés, ou droits négatifs, les droits "de ne pas" (être opprimé, détenu sans jugement, etc.) n'ayant besoin pour fonctionner que de l'abstention de mauvaises actions délimitent sans violence de principe les frontières entre les hommes.
Voilà pour les principes.
Examinons la pratique.
Marie Noëlle Lienemann est une socialiste à la française de la plus belle espèce. C'est-à-dire, elle est sectaire par orgueil : Marie-Noëlle Lienemann étant une amie du peuple autoproclamée, tout contradicteur de Marie-Noëlle Lienemann est un ennemi du peuple, à faire taire par tous les moyens. Elle est bête par dogmatisme : le dogme étant parfait, nul besoin de réfléchir, il suffit de proférer les slogans de la secte. Bref, une Ségolène Royal bis, en moins médiatiquement avisée.
Que nous dit cette dame du "droit au logement" ? Texto :" Il suffit de voter une loi puis on déroulera l'action publique."
La vérité sort-elle de la bouche des socialistes comme de celle des enfants ? On en viendrait presque à le croire.
Passons vite sur le "Il suffit de voter une loi", il est si bête qu'il ne nécessite pas de commentaire.
Plus intéressant, le "puis on déroulera l'action publique." Il évoque irrésistiblement l'invention d'un ingénieur de génie civil fou, le croisement d'un rouleau compresseur et d'une niveleuse.
Et c'est bien de cela qu'il s'agit : à l'aide d'une loi pour tous, c'est-à-dire indaptée à chacun, des centaines, plus probablement des milliers, de fonctionnaires et de politiciens se mêleront de savoir qui a droit à un logement et, par soustraction, qui n'y a pas droit.
Les propriétaires, affolés qu'on puisse leur imposer des locataires insolvables, et probablement asociaux, préféreront garder leurs locataires actuels ou rendre leurs logement inhabitables. On baptisera cela "effet pervers", on mettra en cause la mauvaise volonté des propriétaires voire leur incivisme et leurs coeurs de pierre.
Les investisseurs privés se méfieront encore plus de l'investissement locatif, surtout bas de gamme. Le "droit au logement", bien loin de régler les problèmes, les aggravera.
D'autre part, la population des "mal logés", donc demandant à bénéficier de ce nouveau droit, va tout d'un coup connaître une augmentation aussi mystérieuse que fulgurante.
Alors, bien entendu, selon une habitude bien française, on se tournera vers l'Etat. Mais que fera l'Etat, aux ressources limitées quoiqu'on en dise, pour éviter l'afflux de demandes ? Il construira des cages à lapin (il sait faire), si possible au milieu de nulle part, pour être bien certain que ceux qui occupent ces logements ne songeront quà les fuir. Quel progrès !
Voilà ce qui se passe quand une idée idiote rencontre une campagne électorale.
Au fait, que ferai-je pour lutter contre la crise du logement ? L'Etat est comme un constructeur de chemin de fer abusant de champignons hallucinogènes : il met des obstacles sur les voies puis invente des subventions, des aides et des droits pour aider à franchir les obstacles : supprimons les obstacles (permis de construire, impots, taxes, etc.). Cela ne fera pas un monde parfait, seulement meilleur.
Et pour verser dans l'anti-chiraquisme primaire :
Pour le droit au sérieux opposable
NB : si la campagne électorale se maintient à ce niveau, je fais la grève des commentaires : inutile d'user mon clavier à contredire des fadaises pareilles. Je l'ai fait pour le "droit au logement" parce qu'en ce début d'année, je suis encore patient et de bonne humeur, mais ça ne va pas durer.
Addendum du 9/01/2007 : je me suis renseigné sur l'expérience écossaise de droit au logement :
> le nombre de SDF déclarés a très fortement augmenté jusqu'à atteindre 1 % de la population. Il se peut que le droit au logement ait amené au jour des SDF ignorés, mais il est tout aussi sûr qu'il a créé des vocations de SDF.
> on s'aperçoit que les SDF souffrent d'autres problèmes que de celui du logement : alcoolisme, toxicomanie, désinsertion et que d'avoir un logement contribue moins à résoudre ces autres problèmes qu'on l'espérait. Bref, on redécouvre l'eau chaude : l'Etat ne peut pas faire la vie des gens à leur place.
> il semble qu'on ait pas encore mis les résultats plutôt maigres en rapport avec les coûts.
Rien qu'on n'aurait pu anticipé : comme je disais en tête de ce message : un principe mauvais ne peut donner un bon résultat en pratique.
Lettre d'un locataire à son propriétaire
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Je pense qu'à ce sujet, un petit tour chez Maïtre Eolas s'impose.
RépondreSupprimerJe viens d'y aller :
RépondreSupprimerhttp://maitre.eolas.free.fr/journal/index.php?2007/01/03/505-le-droit-au-logement-opposable-ou-de-l-art-de-prendre-l-electeur-non-juriste-pour-un-benet
Et, hélas, trois fois hélas, c'est encore pire que ce que je pensais.
Citoyens à l'âme sensible, n'allez pas à ce lien.
Si la liberté est toujours une idée neuve en france, la démagogie, elle, y est parfaitement connue.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe viens de lire avec intérêt le lien donné, et, effectivement il est à déconseiller pour les âmes sensibles.
Un petit tour websique sur les blogues et autres commentateurs un peu lucides - c'est à dire ceux qui se doutent au minimum que les logements ne poussent pas en une nuit sous le sabot d'un cheval ... - confirme qu'on nous prend pour des c$#s - je pense aux éditos de De Kerdel, de FOG, de Leboucher, Gouchau, etc.